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CRITIQUES DE CONCERTS |
12 octobre 2024 |
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Récital Schubert du pianiste András Schiff au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Voyage d’hiver en couleurs
Dix mois après un concert marathon consacré aux six Partitas pour clavier de Bach, le pianiste hongrois András Schiff reprend le chemin de l’Avenue Montaigne pour un autre copieux programme de deux heures consacré aux Klavierstücke, Impromptus et Moments musicaux de Schubert. Merveilleux voyage dans un univers moins ardu, plus coloré. Immense triomphe.
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András Schiff a toujours été le pianiste des programmes sans concession et des intégrales – il a donné à Pleyel dans les années 1970 celles des sonates de Schubert et du Clavier bien tempéré. Pour son retour attendu à Paris en avril dernier après quelques années d’éloignement, il avait donné en un concert dans le même théâtre les six Partitas pour clavier de Bach, soit la matière de deux concerts !
Les deux cahiers d’Impromptus, plus les Moments musicaux et les Klavierstücke, pas moins de deux heures de musique, constituent un autre voyage, moins ardu, plus coloré, et le public fidèle n’a pas boudé les deux bis, Mélodie hongroise et Grazer Galop, qui ont couronné ce programme.
Les secrets de Schiff ? Probablement une fidélité intransigeante au texte, une immense concentration dont le public se nourrit pour se recueillir lui-même et le refus de l’effet sonore. Pas de concession non plus au confort auditif du public, Schiff observant toutes les reprises indiquées par le compositeur, ce qui n’est pas le cas de tous ses collègues, même et surtout certains qui se sont fait une réputation grâce à Schubert.
Jouant sur un Bösendorfer qui n’est pas l’instrument le plus séduisant mais le plus adapté au compositeur viennois, il se refuse la brillance d’un Steinway et même tout recours inutile à la pédale. Aussi, si l’on pouvait trouver une relative froideur, ou retenue plutôt dans les Six moments musicaux, comment douter que c’est pour préparer l’oreille à la profonde poésie souvent tragique des quatre Impromptus op. 90 contemporains des ultimes sonates ?
Après un court entracte, même opposition entre deux œuvres posthumes. Les trois Klavierstücke forment un ensemble plus contrasté que le second cahier des quatre Impromptus op. 142 qui s’organisent quasiment comme une sonate à part entière. La manière de Schiff n’appartient qu’à lui. Il a l’art de prendre ses auditeurs par la main, de les mener dans ses propres termes dans un voyage dont ils ressortent purifiés. Du très, très grand piano !
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 01/02/2011 Olivier BRUNEL |
| Récital Schubert du pianiste András Schiff au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Franz Schubert (1797-1828)
Six moments musicaux D. 780
Quatre Impromptus D. 899
Trois KlavierstĂĽcke D. 946
Quatre Impromptus D. 935
András Schiff, piano | |
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