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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 octobre 2024 |
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Dernière soirée de l’intégrale des sonates pour piano et violon de Beethoven par Renaud Capuçon et Frank Braley au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Brillant point final
Renaud Capuçon et Frank Braley ont achevé avec succès au Théâtre des Champs-Élysées leur intégrale des Sonates pour violon et piano de Beethoven. Le caractère exceptionnel de pareille entreprise, à même d’entrer dans l’histoire de l’interprétation de ce corpus, avait été préalablement enregistré par Virgin Classics, en un coffret désormais disponible.
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Il ne faut pas mésestimer ce que se lancer dans pareille intégrale représente pour des interprètes comme Capuçon et Braley. C’est un peu l’entreprise de tous les dangers. Cela demande d’abord une grande complicité et une énorme préparation.
Pour la complicité, ils l’ont de longue date, ayant souvent eu l’occasion de se produire conjointement dans divers ensembles de musique de chambre. La préparation a dû leur poser plus de problèmes, car chacun mène une abondante carrière individuelle, ce qui ne rend pas les rendez-vous de travail commun réguliers très faciles.
Et puis, ils sont l’un comme l’autre aujourd’hui dans une maturité encore jeune mais totale, avec une renommée qu’ils mettent clairement en jeu avec le risque de pâtir de comparaisons avec les mythiques équipes de leurs aînés, presque toutes devenues légendaires.
Que l’on juge, par ces noms qui font toujours rêver, même ceux qui ne les entendirent jamais en concert : Haskil-Grumiaux, Ferras-Barbizet, Oïstrakh-Oborin, Perlman-Ashkenazy, Kempff-Menuhin, Kraus-Boskowsky, Casadesus-Francescatti… pour ne citer que les plus illustres vrais partenaires.
Réaliser pareille intégrale, c’est donc accepter de jouer dans la même cour que tous ces dieux de l’archet et du clavier. Et pourquoi pas ? Il a été dit dans un précédent article concernant les deux premières séances de cette série que l’intérêt de l’approche de Capuçon et de Braley était de ne chercher à copier personne.
C’est une preuve de sincérité, de talent et d’intelligence, confirmée par cet ultime concert. On peut en effet discuter à l’infini des mérites des géants précités comparés à nos nouveaux aventuriers, dans un style ancienne tribune des critiques de disques, mais ce serait une impasse. On ne joue plus aujourd’hui comme hier. Les sensibilités ont changé, formées à une civilisation quotidienne différente.
L’analyse, justement, du patrimoine, a aussi contribué à permettre aux artistes d’aujourd’hui d’avoir les bases leur permettant d’y voir plus clair en eux-mêmes, mais surtout de comprendre à quel point cette musique est un appel à la liberté, par ses formes si évolutives, par son intense vie intérieure, par son irrésistible dynamisme.
Capuçon et Braley ont joué ce jeu sans restriction et ont pu ainsi nous livrer à leur tour une approche historique de ces pages, totalement fidèle à la manière approfondie, personnelle, dynamique, inventive, inspirée, avec laquelle cette génération d’exceptionnels musiciens sert aujourd’hui la musique de chambre.
Au lieu de rêver sans cesse au passé, aussi glorieux soit-il, sachons aussi reconnaître notre chance d’avoir des instrumentistes de cette trempe capables de relever ce genre de défi. Leurs aînés aussi apportaient quelque chose de nouveau, de différent, comparés à ceux qui, encore, les précédaient.
Une seule conclusion : que tous ceux qui ont manqué ces concerts d’exception se consolent avec le coffret Virgin Classics, même si rien ne remplace le rapport intime public-interprètes du concert.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 09/02/2011 Gérard MANNONI |
| Dernière soirée de l’intégrale des sonates pour piano et violon de Beethoven par Renaud Capuçon et Frank Braley au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Intégrale des Sonates pour violon et piano
Renaud Capuçon, violon
Frank Braley, piano | |
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