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CRITIQUES DE CONCERTS |
13 octobre 2024 |
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Concert du Gustav Mahler Jugendorchester sous la direction de Philippe Jordan au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
La beauté, éternellement
C’est dans la joie que l’on sort du concert annuel de l’Orchestre des jeunes Gustav Mahler tant cette formation respire le talent, l’enthousiasme et l’élégance, jusqu’à ce poignant Ewig qui clôt le Chant de la terre, défendu comme l’Adagio de la Dixième Symphonie par un Philippe Jordan très méticuleux et attaché aux détails.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 05/04/2011
Nicole DUAULT
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À la corbeille du Théâtre des Champs-Élysées, deux chefs, Danielle Gatti, patron du National, et Pierre Boulez. Le premier poursuit un cycle Mahler au Châtelet. Le second a naguère dirigé le Gustav Mahler Jugendorchester. Les deux maestros sont attentifs à cette formation foisonnant de talents nouveaux. Le GMJO est une pépinière. Depuis sa fondation voilà vingt-cinq ans par Claudio Abbado, qui en est toujours le directeur artistique, il a nourri à peu près toutes les phalanges européennes.
À leur tête cette fois, Philippe Jordan. Le directeur musical de l’Opéra de Paris, âgé de trente-six ans, a seulement quelques petites années de plus que les musiciens de l’orchestre. Entre lui et ses musiciens d’emblée se crée une connivence. Ce qui suit est un régal, aussi bien la Symphonie n° 10 que le Chant de la terre.
La semaine passée, à Pleyel, Valery Gergiev dirigeait le London Symphony Orchestra dans Mahler : un festival de bonheurs et d’inégalités au gré de l’humeur aussi géniale que cataclysmique du tsar de la musique russe. Cette Symphonie n° 10, inachevée par Mahler et rebricolée plusieurs fois notamment par ses amis, le compositeur Ernest Krenek et le chef Franz Schalk, avant d’être achevée entre autres par Derryck Cooke, laisse des lectures ouvertes et différentes.
Jordan comme Gergiev ont choisi d’interpréter seulement l’Adagio initial entièrement achevé par le compositeur. Là où Gergiev était souverain, Philippe Jordan souligne davantage les détails. Les musiciens Gustav Mahler subliment cette musique transpercée par les épreuves jusqu’à cette fin inondée par la sérénité d’un destin sur lequel on n’a aucune prise.
Dans un orchestre important avec neuf contrebasses, ces jeunes musiciens, dont une majorité de femmes, s’embarquent ensuite à bord du Chant de la terre dans un déchaînement sonore. Le plus souvent interprétée par des contraltos, la partition l’est parfois par des barytons. On se souvient de Fischer-Dieskau, de Skovhus et bien entendu de Thomas Hampson.
Celui-ci l’a donnée jadis lors du Festival Mahler organisé par Stéphane Lissner au Châtelet, et plusieurs fois enregistrée. Fervent mahlérien, le baryton américain apporte sa séduction, sa délicatesse et son raffinement à ces Lieder traduits en allemand à partir d’un recueil de poésies chinoises empreintes de métaphysique et de douleur. Il insuffle au texte une émotion que la salle ressent comme un charme. À ses côtés, le ténor allemand Burkhard Fritz n’a pas la même élégance, mais sa prestation est tout à fait convenable.
Le plus attendu était Philippe Jordan que l’on aime voir se confronter avec d’autres musiciens que ceux de l’Opéra de Paris. Le chef suisse dirige comme toujours avec méticulosité, rigueur et enthousiasme. Le Gustav Mahler Jugendorchester poursuit sa tournée pascale en Europe jusqu’au 20 avril.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 05/04/2011 Nicole DUAULT |
| Concert du Gustav Mahler Jugendorchester sous la direction de Philippe Jordan au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 10 en fa# majeur : Adagio
Das Lied von der Erde
Burkhard Fritz, ténor
Thomas Hampson, baryton
Gustav Mahler Jugendorchester
direction : Philippe Jordan | |
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