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CRITIQUES DE CONCERTS 26 avril 2024

Nouvelle production de l’Affaire Makropoulos de Janáček dans une mise en scène de Christoph Marthaler et sous la direction d’Esa-Pekka Salonen au festival de Salzbourg 2011.

Salzbourg 2011 (7) :
Le Procès Makropoulos

© Walter Meir

Angela Denoke (Emilia Marty)

Production exemplaire pour cette Affaire Makropoulos au formidable travail d’acteurs, qui trouve dans l’univers de Marthaler une résonance évidente avec ses fibres profondes en se déroulant dans une salle d’audience. Les Wiener et Salonen délivrent un accompagnement épuisant de tension, portant Angela Denoke au pinacle des tricentenaires.
 

GroĂźes Festspielhaus, Salzburg
Le 18/08/2011
Yannick MILLON
 



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  • Cette fois, on n’ira pas reprocher Ă  Christoph Marthaler un univers inappropriĂ© Ă  l’intrigue qu’il est censĂ© dĂ©peindre, le trublion suisse ayant choisi, avec le concours de sa fidèle dĂ©coratrice Anna Viebrock, de camper l’intĂ©gralitĂ© de son Affaire Makropoulos dans un tribunal kafkaĂŻen, lieu on ne peut plus adĂ©quat pour assister au dĂ©nouement d’un procès vieux d’un siècle.

    Excellent décor occupant à merveille l’ouverture de scène gigantesque du Großes Festspielhaus, juste assez impersonnel pour rendre la justice des hommes, juste assez accueillant par ses boiseries pour ne pas que les justiciables se sentent condamnés d’avance, et éclairé à la perfection en fonction des états émotionnels traversés.

    Révélateur de l’extraordinaire homme de théâtre qu’est Marthaler, un prologue muet – texte dans le surtitrage –, joué dans un minuscule fumoir, montre une infirmière et une pensionnaire de maison de retraite échanger des considérations sur la durée de la vie, l’affaire Gregor-Prus, avec un humour très à propos, excellent tremplin vers l’action judiciaire.

    Peu enclin au sentiment, le metteur en scène présente une Emilia Marty victime, épuisée, vidée de toute chaleur, traînant sa frêle silhouette insignifiante dans l’univers de petits notables vains vite chavirés par cette présence aussi étrange qu’extraordinaire. Au terme d’une existence de trois siècles, on ne sent plus la moindre hésitation chez cette femme revenue de tout, qui fait sa gym au milieu du palais de justice et ne semble piquée d’intérêt que pour la pantomime pathétique du vieux Maxi.

    À ce constat désabusé, Marthaler ajoute sa griffe reconnaissable entre mille à travers des personnages névrosés, comme cet avocat hystérique au bout de tant d’années de procédure, et aime à s’enferrer dans la répétition – la livraison de fleurs en tâche de fond du II, les interludes scéniques muets entre les actes, le spectacle étant conçu d’un seul tenant –, dénotant ici plus que jamais le caractère mécanique et répétitif d’existences qui ne nous appartiennent pas vraiment.

    Aucune incongruité, aucune laideur visuelle gratuite, les costumes étant ceux qu’on s’imagine des Pragois de la première moitié du siècle dernier, avec même la touche artiste d’une diva excentrique vêtue façon Mondrian, soit un spectacle parfaitement en phase avec son sujet – et applaudi sans réserve le soir de la première –, offrant le contrepoint idéal à une narration orchestrale atomisée.

    © Walter Meir

    FormĂ© Ă  l’univers si riche en ruptures et en morcellement de Janáček par le regrettĂ© Charles Mackerras, le Philharmonique de Vienne fait feu de tout bois dans une partie orchestrale menĂ©e tambour battant, Esa-Pekka Salonen jouant Ă  merveille de l’exaspĂ©ration par la rĂ©pĂ©tition, la frĂ©nĂ©sie du rythme, les grincements de mixtures presque insoutenables dans l’aigu, en ne relâchant Ă  aucun moment la tension, portant ainsi cette partition d’un abord peu aisĂ© Ă  son acmĂ©, volume y compris.

    Et pourtant, jamais le moindre rôle ne sera en difficulté pour se faire entendre, signe d’un cast on ne peut plus rigoureux. Sans faute absolu chez les ténors, Vítek (Peter Hoare) et Janek (Aleš Briscein) acérés juste le nécessaire, Hauk-Šendorf (le vétéran Ryland Davies) aux couinements mélancoliques, et enfin un Albert Gregor (Raymond Very) doté du rayonnement nécessaire grâce à un aigu magnifiquement projeté.

    Prus fielleux Ă  souhait (Johan Reuter), Dr KolenatĂ˝ articulĂ© au cordeau (Jochen Schmeckenbecher), Krista lumineuse et comme hypnotisĂ©e (Jurgita Adamonytė), petit rai de lumière Ă©mergeant entre une tricentenaire trouble et une assistance ultra masculine, et enfin, l’Emilia Marty au rayonnement humain incomparable d’Angela Denoke.

    Avec ses irrĂ©gularitĂ©s, sa diction pas toujours impeccable, ses sons parfois inutilement grossis ou flous, la grande Elina Makropoulos du moment expose un timbre qui donne Ă  lui seul le frisson par une dĂ©chirure indĂ©finissable, en se risquant mĂŞme Ă  d’impalpables aigus, le tout avec une projection naturelle qui est un modèle de prĂ©sence. Janáček est gâtĂ©.




    GroĂźes Festspielhaus, Salzburg
    Le 18/08/2011
    Yannick MILLON

    Nouvelle production de l’Affaire Makropoulos de Janáček dans une mise en scène de Christoph Marthaler et sous la direction d’Esa-Pekka Salonen au festival de Salzbourg 2011.
    Leoš Janáček (1854-1928)
    Več Makropulos, opĂ©ra en trois actes (1927)
    Livret d’après la pièce de Karel Capek

    Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
    Wiener Philharmoniker
    direction : Esa-Pekka Salonen
    mise en scène : Christoph Marthaler
    décors & costumes : Anna Viebrock
    Ă©clairages : Olaf Winter
    préparation des chœurs : Jörn H. Andresen

    Avec :
    Angela Denoke (Emilia Marty), Raymond Very (Albert Gregor), Peter Hoare (VĂ­tek), Jurgita Adamonytė (Krista), Johan Reuter (Jaroslav Prus), Aleš Briscein (Janek), Jochen Schmeckenbecher (Dr. KolenatĂ˝), Linda Ormiston (Eine schottische Hausangestellte), Peter Lobert (Ein Zivildienstleistender), Ryland Davies (Hauk-Ĺ endorf).

     


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