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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction de Franz Welser-Möst au festival de Salzbourg 2011.
Salzbourg 2011 (9) :
Entre Ă©pure et surcharge
Nouveau programme authentiquement viennois pour cet ultime concert symphonique des Wiener cet été à Salzbourg. D’une belle rectitude évitant toute faute de goût dans Schubert revu par Mahler, Franz Welser-Möst privilégie la ligne d’horizon et des tempi étales dans une Symphonie lyrique de Zemlinsky trop uniment chargée.
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On pourra discuter de l’intérêt de présenter au public d’aujourd’hui les transcriptions pour orchestre à cordes des grands quatuors du répertoire, pratique largement tombée en désuétude, notre époque ne manquant pas plus d’excellentes formations chambristes que les orchestres de répertoire original.
Il est vrai toutefois que donner à Salzbourg le quatuor la Jeune fille et la mort de Schubert dans l’arrangement de Mahler est une occasion rêvée pour la Philharmonie de Vienne d’exposer la glorieuse sonorité d’ensemble de ses cordes, ses violons aux harmoniques si riches, ses contrebasses légères comme la plume, à peine un discret soutien de la ligne grave.
Franz Welser-Möst joue une certaine épure, attaques nettes, pulsation bien marquée, aucune concession à la Gemütlichkeit, cet art viennois de jouer confortable, et exalte ainsi la forme sonate sans la moindre faute de goût, avec une vitesse d’archet et un contrôle rigoureux du vibrato qui dénotent la plus belle exigence.
S’il se tient à cette option dans les trois mouvements rapides, on s’étonne d’un Andante con moto où il présente le célèbre thème du mouvement lent appelé à connaître cinq variations avec une réelle lenteur, magnifiquement habitée, et un sfumato, un tenuto à l’ancienne extraordinaires d’expressivité, mais à contre-courant de ses options globales.
Et ce d’autant que les variations retrouvent la vivacité ambiante, tout juste arrondie par une souplesse des lignes qui fait merveille – ces violoncelles de la variation II, au sourire baigné de larmes. Reste qu’on se croirait en pleine Valse triste plutôt que dans la douleur rentrée de Schubert.
Pièce de résistance du concert, la Symphonie lyrique de Zemlinsky, que le chef autrichien semble concevoir comme un interminable écho amplifié de l’Adieu du Chant de la terre, avec sa battue immobile, toujours large et lente, son reflux profond et comme douloureux. On cherchera donc en vain des angles dans cette pâte sonore profuse jusqu’à la saturation.
Ce qu’on gagne en sentiment d’éternité et d’infini, on le perd en contrastes, en variété des climats, en modernité aussi, avec cet espèce de ruban postromantique adhésif duquel on a le plus grand mal à se décoller. Non sans s’être demandé si cette lecture tiendrait la distance sans les timbres des Wiener, on parvient ponctuellement à émerger de la torpeur, émerveillé ici par les gargouillis de la clarinette, là par l’opalescence des flûtes, et par des cordes toujours ensorcelantes, tandis qu’on cherche en vain une attaque franche, tout en admirant la très belle densité lissée de l’ensemble.
Une densité qui opère au détriment des voix, trop souvent absorbées, englouties dans la touffeur orchestrale, et où le baryton somptueux de texte, d’intelligence du phrasé de Michael Volle déclame les poèmes de Rabindranath Tagore avec plus d’éloquence que le soprano middle of the road d’une Christine Schäfer qu’on avait imaginée idéale, et qui ne parvient pas à se frayer un chemin entre le trop d’une voix qu’elle n’a pas et le pas assez d’une retenue qui est sienne partout ailleurs.
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GroĂźes Festspielhaus, Salzburg Le 27/08/2011 Yannick MILLON |
| Concert de l’Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction de Franz Welser-Möst au festival de Salzbourg 2011. | Franz Schubert (1797-1828)
Quatuor à cordes n° 14 en ré mineur D 810, « la Jeune fille et la mort »
Version pour orchestre Ă cordes de Mahler
Alexander von Zemlinsky (1871-1942)
Symphonie lyrique op. 18
Poèmes de Rabindranath Tagore
Christine Schäfer, soprano
Michael Volle, baryton
Wiener Philharmoniker
direction : Franz Welser-Möst | |
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