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CRITIQUES DE CONCERTS |
09 septembre 2024 |
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Il faudra attendre la saison 2013-2014 pour applaudir à nouveau Juan Diego Flórez dans un rôle scénique à Paris. Après Covent Garden, le Met, la Staatsoper de Vienne, l’Opéra Bastille affichera enfin l’étourdissante Fille du régiment signée par Laurent Pelly avec l’explosif duo Dessay-Flórez qui, partout, a fait délirer le public.
En attendant, l’incomparable ténor belcantiste est, par deux fois, l’invité des Grandes Voix, cette saison, d’abord en récital avec piano à Pleyel, puis pour un concert avec orchestre le 5 mai 2012, au Théâtre des Champs-Élysées. Alternant harmonieusement mélodies, chansons ibériques et opéras, cette première soirée est à tous égards un sans faute absolu, un modèle d’équilibre quant à la diversité des répertoires abordés et des styles vocaux, autant que par la totale perfection d’un interprète touché par la grâce.
Jamais Flórez n’avait semblé aussi rayonnant et épanoui, entretenant même une vraie complicité avec un auditoire enthousiaste, au moment des bis, en partie choisis par les spectateurs. Confrontés au récital avec piano, peu de chanteurs actuels ont la faculté de sélectionner avec une telle pertinence des morceaux convenant idéalement à leur vocalità , tout en variant les compositeurs, les genres et les langues.
Aussi à l’aise et idiomatique dans le baroque italien (Griselda de Bononcini ou Ciampi) que dans l’étourdissant En butte aux fureurs de l’orage, l’air de Médor du Roland de Piccini, le ténor alterne avec bonheur et une confondante sécurité des airs de bravoure et des pages intimistes et délicates, tout en nuances, comme deux des Péchés de vieillesse et la Promessa des Serate musicali de Rossini.
Il achève la première partie avec une spectaculaire rareté de Meyerbeer, l’air d’Adriano Popoli dell’Egitto, extrait d’Il crociato in Egitto. Le même équilibre et la même élégance caractérisent le seconde partie consacrée à l’opéra français, au répertoire ibérique et au Dom Sébastien de Donizetti. Dans un français impeccablement articulé, Flórez nous offre un Ah, lève-toi, soleil ! de Roméo anthologique, chanté dans sa tonalité originale, alla Kraus, l’aubade du Roi d’Ys détaillée avec poésie et un inattendu et festif air de Paris Au mont Ida de la Belle Hélène.
Deux airs de Zarzuela extraits de la Corte del amor (José Padilla) et El ultimo romantico (Soutullo-Vert), comme la canción Amapola permettent à Flórez de s’exprimer dans sa langue maternelle avant de retrouver son répertoire de prédilection et Donizetti, à qui il consacrera aussi les deux derniers de ses quatre généreux bis : Una furtiva lagrima de l’Elisir d’amore, et l’incontournable et jouissif Ah mes amis, quel jour de fête ! de la Fille du régiment, qui demeure son cheval de bataille et dont personne dans la salle ne saurait se passer.
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Salle Pleyel, Paris Le 04/10/2011 Monique BARICHELLA |
| Récital du ténor Juan Diego Flórez, accompagné au piano par Vincenzo Scalera dans le cadre des Grandes Voix à la salle Pleyel, Paris. | Giovanni Bononcini
Per la gloria d'adorarvi (Griselda)
Vincenzo Ciampi
Tre giorni son che Nina (Griselda)
Nicolas Piccini
En butte aux fureurs de l'orage (Roland)
Gioacchino Rossini
L'esule
La promessa
Tiranna spagnola
Giacomo Meyerbeer
Popoli dell'Egitto (Il crociato in Egitto)
Charles Gounod
Ah, lève-toi soleil (Roméo et Juliette)
Edouard Lalo
Vainement ma bien-aimée (Le Roi d'Ys)
Jacques Offenbach
Au mont Ida (La Belle Hélène)
José Padilla
Princesita
Joseph La Calle
Amapola
Reveriano Soutullo & Juan Vert
Bella enamorada (El ultimo romantico)
Gaetano Donizetti
Seul sur la terre (Dom Sebastian)
Juan Diego Flórez, ténor
Vincenzo Scalera, piano | |
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