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CRITIQUES DE CONCERTS 24 avril 2024

Concert Bartók du Philharmonia Orchestra sous la direction d’Esa-Pekka Salonen à l’Auditorium de Dijon.

DĂ©ferlante de noirceur
© Kasskara / DG

Nouveau concert d’exception pour l’Auditorium de Dijon qui accueillait le Philharmonia Orchestra et Salonen dans le cadre d’un cycle Bartók. Après un Concerto pour orchestre un rien univoque, un Château de Barbe-Bleue éblouissant de noirceur et de tension, défendu par un John Tomlinson et une Michelle De Young d’une totale ferveur.
 

Auditorium, Dijon
Le 09/11/2011
Yannick MILLON
 



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  • Au fil des saisons, Esa-Pekka Salonen apparaĂ®t comme l’une des personnalitĂ©s majeures du grand circuit musical. On peut gloser sur son Sacre du printemps Ă  l’exubĂ©rance très amĂ©ricaine, sur ses Sibelius monochromes, sur sa TurangalĂ®la un peu lourde, toujours est-il que le sĂ©millant quinquagĂ©naire rĂ©ussit depuis son arrivĂ©e Ă  Londres presque tout ce qu’il touche.

    Tristan à Lucerne, Gurre-Lieder au disque, Wozzeck au Théâtre des Champs-Élysées, autant d’expériences musicales à marquer d’une pierre blanche. Ce soir encore, le patron du Philharmonia fait feu de tout bois dans le programme Bartók de l’Auditorium de Dijon, qui consacre cette saison un cycle complet au compositeur hongrois.

    Le Concerto pour orchestre d’abord, où le chef finlandais fait montre d’une intime connaissance des rouages dramatiques d’un ouvrage qu’on peut concevoir plus souriant et coloré, plus ironique aussi, et se démarque en tout point de l’interprétation de Daniele Gatti avec le Concertgebouw d’Amsterdam entendue dans la même salle.

    Largeur étale des épisodes lents où les contrebasses ronronnent à loisir – Andante non troppo initial, mais aussi celui du troisième mouvement –, le discours se construit en grand, en arche, avec points de repère et mises en exergue très préparées qui ne manquent aucune occasion de faire briller un Philharmonia Orchestra réglé au millimètre.

    L’Intermezzo interrotto, un rien collet-monté – la parodie chostakovienne, plus grotesque que sarcastique –, le Finale, d’une agitation aussi épatante de virtuosité que d’une relative froideur, y laissent quelques plumes, mais certains alliages de timbre font déjà merveille – les irisations très justement élégiaques du mouvement lent.

    Autant de promesses largement tenues après l’entracte dans une version de concert anthologique du Château de Barbe-Bleue, qui happe littéralement par une noirceur et une puissance semblant sourdre des profondeurs les plus maléfiques des cachots du conte de Perrault.

    D’un immobilisme instillant la juste dose d’angoisse au lever de rideau – agrémenté du prologue du barde en français –, le geste demeurera large d’un bout à l’autre, très legato et sostenuto à l’approche du terme de la partition, d’une qualité de conduite du son, dense, charnu, d’une force dramatique irrépressible, par delà des pianissimi parfois sur-nuancés – le Jardin, le Lac de larmes.

    Une approche suffocante – la conclusion, semblant s’enfoncer dans les plus épaisses ténèbres – renforcée par des épisodes dramatiques portés à leur acmé – les dissonances de la Porte I – et un sens de la grandeur absolument électrisant – la Porte V, d’une puissance inouïe, chef dirigeant côté public, cuivres au balcon emplissant tout l’espace sonore.

    John Tomlinson, d’une présence écrasante, aux limites de l’expressionnisme, d’un timbre charbonneux et d’une diction captivant d’emblée, poussé dans ses derniers retranchements par une usure réelle, et Michelle De Young, d’un magnétisme ambigu, d’une réelle splendeur du timbre et d’un contre-ut chauffé à blanc, habitent la narration orchestrale jusque dans un jeu de scène aussi minimal que prenant.

    À l’issue du concert, Salonen, qui découvrait l’Auditorium de Dijon, avouait ne pouvoir se livrer à pareille déferlante musicale sans dommage collatéral qu’au KKL de Lucerne, conçu par les mêmes acousticiens d’ARTEC. Ce n’est donc pas demain que l’on pourra réentendre dans nos frontières ce Barbe-Bleue de théâtre brut sans la moindre saturation.




    Auditorium, Dijon
    Le 09/11/2011
    Yannick MILLON

    Concert Bartók du Philharmonia Orchestra sous la direction d’Esa-Pekka Salonen à l’Auditorium de Dijon.
    BĂ©la BartĂłk (1881-1945)
    Concerto pour orchestre Sz. 116 (1943)
    A kékszakállú herceg vára, opéra en un acte BB 62 (1911)
    Livret de Béla Balázs
    John Tomlinson (Barbe-Bleue)
    Michelle De Young (Judith)
    Philharmonia Orchestra
    direction : Esa-Pekka Salonen

     


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