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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Récital du ténor Joseph Calleja et du baryton Ludovic Tézier dans le cadre des Grandes Voix au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Deux grandes voix
La série des Grandes Voix portait particulièrement bien son nom pour ce récital au TCE réunissant l’un des ténors les plus prisés du moment et le grand baryton français de l’heure. Grands moments d’émotion pour fanatiques lyriques, avec le retour des bis en cours de concert, une pratique qu’on pensait irrémédiablement tombée en désuétude.
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La coutume des bis en cours de récital ou de spectacle serait-elle en train de s’installer à nouveau dans les mœurs lyriques ? Toujours est-il qu’après avoir obtenu que Joseph Calleja bisse E lucevan les stelle, le public réitéra avec Pourquoi me réveiller ? version baryton chantée par Ludovic Tézier.
Et comme troisième bis, en fin de concert, avec un O sole moi du ténor (dont on se serait passé) et une sérénade de Don Giovanni du baryton, les deux, ensemble, nous gratifieront d’un duo fait des versions ténor et baryton de l’air de Werther. Délire dans la salle, comme on s’en doute.
Ludovic Tézier avait fait annoncer qu’il était « légèrement malade ». Il faudrait souhaiter à bien des barytons en pleine santé d’avoir la moitié des moyens de Tézier souffrant. Quel timbre et quel art du chant, qu’il s’agisse de Verdi, de Puccini, de Massenet ou de Bizet !
Diction parfaite, musicalité, intelligence du texte et même dorénavant véritable jeu expressif du visage, ce qui n’était naguère pas toujours le cas. On ne saurait dire ce qui est le plus marquant. Peut-être le Cortegianni, vil razza… de Rigoletto, ou les Stances de Werther. Mais les Verdi (Ballo in maschera et Don Carlo) furent tout aussi flamboyants, sans parler du duo des Pêcheurs de perles avec Calleja, mémorable.
Joseph Calleja a lui aussi considérablement gagné en assurance depuis le récital qu’il avait donné en 2007 avec Patricia Ciofi pour partenaire. La voix est encore plus puissante, capable de davantage de couleurs, avec toujours cette aisance, cette solidité d’un timbre naturellement rayonnant et chaleureux sur toute la tessiture. Une voix toujours agréable à entendre, sans jamais donner l’impression d’effort, y compris dans l’aigu.
Doit-on pour autant se hasarder à des comparaisons avec ses plus grands collègues du moment ? Solide et bien bâti, il n’a certes pas le charme romantique de Kaufmann ni d’Alagna, pas plus, pour l’instant, que la sensualité ou l’intellectualité du premier ni la richesse harmonique ou le rayonnement vocal prenant et immédiat du second.
Il chante cependant piano à la perfection, comme il l’a prouvé dans un E lucevan le stelle d’un vrai raffinement, et sa diction française est irréprochable. N’est-ce pas déjà magnifique et assez rare pour se ranger dans l’élite de l’élite ? Très probablement.
L’Orchestre national d’Île-de-France assurait un contexte symphonique très soigné sous la direction de Frédéric Chaslin.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 07/11/2011 Gérard MANNONI |
| Récital du ténor Joseph Calleja et du baryton Ludovic Tézier dans le cadre des Grandes Voix au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Verdi, Puccini, Gounod, Massenet, Bizet
Joseph Calleja, ténor
Ludovic TĂ©zier, baryton
Orchestre national d'ĂŽle-de-France
direction : Frédéric Chaslin | |
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