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CRITIQUES DE CONCERTS 20 avril 2024

RĂ©cital de Yuja Wang dans le cadre de Piano**** Ă  la salle Pleyel, Paris.

Le cas Wang
© Aline Paley

Un an tout juste après son récital de décembre 2010, la jeune Chinoise Yuja Wang revient salle Pleyel. Dans une nouvelle démonstration appuyée sur Rachmaninov, Beethoven, Scriabine et Liszt, même admiration pour son invraisemblable virtuosité et même questionnement sur ce qu’elle en fait. Un cas à part dans le monde pianistique d’aujourd’hui.
 

Salle Pleyel, Paris
Le 01/12/2011
GĂ©rard MANNONI
 



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  • Jamais on n’aura eu Ă  s’interroger sur la signification de la technique pianistique autant qu’avec cette jeune gĂ©nĂ©ration de virtuoses, souvent asiatiques. Il y avait dĂ©jĂ  Lang Lang et quelques autres. Il y a aussi Yuja Wang qui ne cesse de fasciner par sa stupĂ©fiante agilitĂ© digitale qui semble repousser les limites mĂ©caniques du piano.

    On regrettait l’année dernière que la jeune virtuose – elle n’a pas encore vingt-quatre ans – cède trop à la tentation de jouer des œuvres au service de cette technique purement magique. Pour ce récital 2011, elle a modéré cette tendance en alternant Rachmaninov, Beethoven, Scriabine et Liszt, dont la Sonate permet aux doigts aussi autre chose qu’une course permanente sur toute l’étendue du clavier.

    Des trois Études-Tableaux de Rachmaninov, rien à critiquer, ni dans l’approche musicale ni, bien sûr, dans le traitement technique. Peut-être, simplement, un certain manque d’imagination là où d’autres comme Andsnes, Berezovski ou Luganski savent, en jouant légèrement moins vite, trouver des couleurs et des climats sonores plus variés et donc plus intéressants.

    Pour la Sonate n° 13 de Beethoven, Yuja Wang montre en revanche que, lorsqu’elle ne se presse pas plus que la musique ne le demande, elle peut vraiment raconter quelque chose dans le domaine des sensations, du sentiment et mettre en exergue ce qu’il y a de nouveau dans l’écriture elle-même.

    Avec la Sonate n° 5 de Scriabine, la pianiste retombe dans le piano à très grande vitesse, avec une délectation si évidente qu’elle parviendrait presque à nous la faire totalement partager. Presque, seulement, car on regrette encore qu’elle ne se laisse pas aller aussi volontiers aux élans plus purement musicaux dont elle se montre par instants capable.

    Comme dans la Sonate en si mineur de Liszt qui occupe la deuxième partie du concert. Là, entre d’enivrantes cataractes d’accords et de traits en tous genres qui sonnent d’ailleurs de manière souvent bouleversante, on est bien obligé de se calmer et de donner vie à ces instants de profonde intériorité, de méditation, où la moindre nuance est perceptible, où il faut mettre partout une intention, sous peine de sombrer dans l’ennui.

    Même si le contraste entre tumultes apocalyptiques et rêve à peine exprimé reste trop marqué, on doit reconnaître que Yuja Wang se révèle capable de maîtriser avec efficacité sa féroce passion de la vitesse pour nous délivrer de vrais moments de pensée lisztienne romantique non déferlante. Et on apprécie vraiment.

    En bis, alors, plus de contraintes. À une exception près, ce sont les rafales supersoniques de plusieurs transcriptions lisztiennes qui font hurler de joie une grande partie du public et laissent pantelante et déboussolée l’autre partie, celle qui aimerait aussi entendre ce que ces doigts magiques pourraient faire avec Jésus que ma joie demeure – comme Lipatti ? – ou quelque petite pièce de Schumann ? – comme Clara Haskil.

    En tout cas, la paraphrase de Marguerite au rouet de Schubert n’atteint jamais un niveau d’émotion comparable à ce que chante Elisabeth Schwarzkopf, même s’il est évident que Liszt cherchait surtout à développer certaines facultés expressives du piano et non de la voix. Mais il était sûrement aussi sensible à la naissance de l’amour dans l’esprit et le corps de Marguerite, qu’à la vitesse que pourraient atteindre les doigts de l’interprète dans les roulements évoquant ceux du rouet.

    Yuja Wang, décidément, pose question. Est-elle l’archétype du piano du XXIe siècle ou une fabuleuse virtuose à qui manquent seulement quelques années de maturité ?




    Salle Pleyel, Paris
    Le 01/12/2011
    GĂ©rard MANNONI

    RĂ©cital de Yuja Wang dans le cadre de Piano**** Ă  la salle Pleyel, Paris.
    Sergei Rachmaninov (1873-1943)
    Études-Tableaux op. 39 n° 4, 5 et 6
    Ludwig van Beethoven (1770-1827)
    Sonate n°13 en mib majeur op. 21 n° 1 « Quasi una Fantasia Â»
    Alexandre Scriabine (1872-1915)
    Sonate n° 5 en fa# majeur op. 53
    Franz Liszt (1811-1886)
    Sonate en si mineur
    Yuja Wang, piano

     


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