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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Retransmission Ă la GĂ©ode du Faust de Gounod en direct du Metropolitan Opera de New York.
Faust en blockbuster
Nouveau miracle que permet la connexion par satellite : 54 pays ont pu assister samedi en direct du Met et en haute définition à la nouvelle production du Faust de Gounod, œuvre qui avait inauguré ce théâtre en 1883. Grâce au contrat passé depuis 2006 entre l’institution new-yorkaise et la Pathé-Gaumont on pourra voir cette saison entre autres Crépuscule des dieux et Manon.
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Après les dédits de Robert Lepage et d’Angela Gheorghiu, il n’en restait pas moins sur le plateau de ce Faust un carré d’as vocal avec Marina Poplavskaya, Jonas Kaufmann, René Pape et Russell Braun. Hélas ! Robert Lepage ne se remplace pas si aisément et on ne pouvait qu’être déçu par ce qu’a fait à sa place Des McAnuff, directeur canadien du Stratford Shakespeare Festival.
Pour ses débuts au Met, le réalisateur de Jésus Christ Superstar à Broadway, récompensé deux fois par un Tony Award, a concocté une mise en scène lisible mais esthétiquement très contestable. Scénographie idéale avec un plateau libéré, un vaste cyclorama à l’arrière et des escaliers et praticables latéraux qui, comme dans la mise en scène récente de Martinoty à l’Opéra de Paris, allègent la circulation sur scène.
Mais les idées de faire de Faust un savant atomique et de la Nuit de Walpurgis une nuit des morts-vivants avec une esthétique de train-fantôme et un ignoble tripatouillage de la fin (Faust revient âgé comme au début pour boire enfin son poison) font long feu et ne réjouissent pas l’œil.
Heureusement, le chant est superlatif et la diction exemplaire chez tous les protagonistes. Jonas Kaufmann, outre une présence scénique qui crève l’écran et un sex appeal qui lui permet de faire de Faust un personnages à facettes multiples et non un macho d’un seul bloc comme c’est aujourd’hui la tendance, a les moyens considérables du rôle-titre auquel il ajoute une savante palette de nuances et couleurs et une confondante facilité à chanter piano.
Avec un rien de froideur slave dans la voix, Marina Poplavskaya est une Marguerite très convaincante dans l’évolution de son personnage et autant à l’aise dans la virtuosité de l’Air des bijoux que dans l’intimisme du Quatuor du jardin (un des plus beaux moments de la soirée) et des airs de la chambre et de la prison dans lesquels elle met plus d’émotion que toutes ses rivales du moment.
René Papé, phénoménal Méphistophélès, de grande classe vocale autant que scénique et Russell Braun, Valentin très prenant, complètent ce quatuor vocal de rêve. Même soins pour les rôles secondaires avec le Siebel très touchant et vaillant de Michèle Losier et la truculente Dame Marthe de Wendy White. Le Chœur du Metropolitan Opera brille autant par sa diction que sa précision, même dans les ensembles les plus périlleux de la taverne, de la kermesse et du retour des soldats.
Mais la plus grande surprise vient de l’orchestre dirigé avec maîtrise et sang froid par Yannick Nézet-Séguin. L’ascension rapide de ce jeune chef québécois n’a rien de surfait, toutes ses apparitions étant un succès confirmé et le foisonnement de détails tout comme la sûreté d’ensemble et la chaleur de sa conception de Faust, réputé comme étant un opéra de chef aguerri, forcent l’admiration.
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