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CRITIQUES DE CONCERTS 18 avril 2024

Concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Myung-Whun Chung, avec la participation du pianiste Evgeni Kissin à la salle Pleyel, Paris.

Maître Kissin

En jouant deux grands concertos le même soir, celui de Scriabine avant l’entracte, puis le mi mineur de Chopin, Evgeni Kissin, qui fête ses quarante ans, renoue avec une tradition des maîtres de jadis. La maturité approchant, le grand pianiste russe affiche une sérénité qui ne l’empêche pas de nous entraîner dans les tourments du romantisme.
 

Salle Pleyel, Paris
Le 09/03/2012
GĂ©rard MANNONI
 



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  • Il ne salue plus comme un automate mal remontĂ© et il sait sourire avec naturel quand des admiratrices lui donnent des bouquets de fleurs ou dĂ©versent des pĂ©tales de rose sous ses pieds. Ă€ quarante ans, Kissin est plus jamais une star, mais a gagnĂ© en humanitĂ©, en capacitĂ© Ă  communiquer autrement qu’avec son piano magique. Tout, d’ailleurs, dans son jeu, a encore gagnĂ© en libertĂ©, en gĂ©nĂ©rositĂ©, sans rien perdre de cette limpiditĂ© de toucher qui fait paraĂ®tre les structures les plus complexes comme des Ă©vidences.

    Le Concerto pour piano en fa# mineur de Scriabine est une œuvre curieuse qui, malgré ses incontestables beautés dont une atmosphère baignant dans d’étranges lumières irisées, n’a guère tenté les pianistes occidentaux. Quelques courageux, comme Gerhard Oppitz ou Garrick Ohlsson l’ont enregistré, mais ce sont très majoritairement des virtuoses russes qui ont assuré sa vie au concert comme au disque.

    Sans doute faut-il une sensibilité spéciale pour pénétrer les secrets d’un langage pianistique où s’exprime une personnalité encore en devenir et qui aura toujours du mal à trouver sa place aux côtés des grands romantiques qui précèdent et des grands postromantiques qui suivent.

    Composé en 1896 et créé en 1897, ce concerto n’a certes pas la force ni la fougue de ceux de Rachmaninov ses quasi contemporains. Il est d’une belle écriture pianistique fort virtuose qui s’insère dans un tissu orchestral raffiné, d’une orchestration pas toujours très imaginative, mais sachant créer un climat subtilement sensible, avec des couleurs aux multiples nuances.

    Malgré une direction parfois un peu trop énergique de Myung-Whun Chung, Kissin semble totalement chez lui dans cet univers d’un romantisme tempéré où le piano peut se déployer avec éclat mais sans agressivité. Et l’on se dit que, comme pour certaines œuvres de l’école française et souvent de l’école allemande, il faut être né dans cette culture et l’avoir côtoyée dès le berceau pour être efficacement porteur du message de partitions de ce type.

    Beaucoup plus universel est le langage du Concerto en mi mineur de Chopin, l’un des plus joués partout et par tous. Alors, l’attention est davantage attirée par les splendeurs que Kissin tire de son instrument avec des pages dont tant d’interprétations vivent dans notre mémoire.

    La technique, sa clarté, sa fluidité, l’impact d’un toucher désormais dénué de toute sécheresse, l’imagination présidant à l’accentuation, la volonté de s’investir dans un vrai jeu commun avec l’orchestre, l’élan général communiqué aux mouvements rapides, la capacité de rêverie donnant à l’Adagio son caractère de semi improvisation, tout contribue à nous faire entendre la partition comme pour la première fois.

    Kissin sait y mettre comme personne jeunesse, fraîcheur, profondeur, gaîté et angoisse, avec ces contradictions permanentes si caractéristiques de la sensibilité de Chopin. Même si ici encore on aimerait que l’orchestre se laisse aller à plus d’onctuosité, modère la dynamique de certains ses emportements, une osmose parvient à se créer et à engendrer un climat émotionnel d’exception.

    Le succès public est évidemment considérable, remercié de deux bis, un Scriabine d’abord, puis Chopin avec un Deuxième Scherzo d’anthologie.




    Salle Pleyel, Paris
    Le 09/03/2012
    GĂ©rard MANNONI

    Concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Myung-Whun Chung, avec la participation du pianiste Evgeni Kissin à la salle Pleyel, Paris.
    Alexandre Scriabine (1872-1915)
    Concerto pour piano et orchestre en fa# mineur op. 20
    Frédéric Chopin (1810-1849)
    Concerto pour piano et orchestre n° 1 en mi mineur op. 11
    Evgeni Kissin, piano
    Orchestre philharmonique de Radio France
    direction : Myung-Whun Chung

     


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