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CRITIQUES DE CONCERTS 27 avril 2024

Récital des pianistes Philippe Cassard et François Chaplin, avec la participation de la mezzo-soprano Stéphanie d’Oustrac à l’Auditorium du Musée d’Orsay, Paris.

Une jeunesse Ă  oublier ?

À quatre mains ou à deux pianos, Philippe Cassard et François Chaplin n’ont guère convaincu de l’utilité de puiser dans les fonds de tiroir des ouvrages de jeunesse de Debussy, alors encore sous l’influence de Richard Wagner, lors d’un concert à l’Auditorium du Musée d’Orsay où découvrir aura mal rimé avec plaisir.
 

Auditorium du Musée d'Orsay, Paris
Le 29/03/2012
Claude HELLEU
 



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  • Concert Debussy Ă  l’ombre de Wagner, Ă©tait annoncĂ© celui qu’ont donnĂ© Philippe Cassard, François Chaplin et StĂ©phanie d’Oustrac Ă  l’Auditorium du MusĂ©e d’Orsay. Les Ĺ“uvres choisies datent en effet de 1889 et 1890, Ă©poque de wagnĂ©risme du jeune Claude Debussy qui s’est rendu en pèlerinage Ă  Bayreuth les deux Ă©tĂ©s prĂ©cĂ©dents – Ĺ“uvres peu ou pas connues, fond de tiroir qu’il a semblĂ© bon d’exhumer Ă  l’occasion de la grande exposition que le musĂ©e consacrĂ© Ă  Claude de France.

    Où découvrir ne rime pas toujours avec plaisir. Le programme commence avec une transcription par le futur auteur de Pelléas de l’ouverture du Vaisseau fantôme. Outre qu’une telle pratique n’a plus de nos jours l’intérêt de toucher un public qu’à l’époque la partition orchestrale de Wagner, difficilement jouée, ne pouvait atteindre, l’interprétation donnée par Cassard et Chaplin n’en donne qu’une piètre idée.

    D’une surenchère de grondements aux nombreux décalages entre les deux pianistes, seule une tempête surgit. Sonorités courtes, accords frappés, secs et durs, succession de notes sans histoire, les évocations de Wagner ne passent pas la rampe.

    Nous retrouvons les Français en fin de programme, avec la Première suite d’orchestre pour piano à quatre mains. Plus souvent ensemble, ils l’exécutent vaillamment. Mais leur bel entrain dans la première pièce, Fête, n’a guère de nuances.

    Un Ballet plutôt pesant lui succède. Rêve n’en éveille aucun. Cortège et Bacchanale incite aux excès, et les deux compères s’en donnent à cœur joie, rythmes précis ponctués de coups de tête aussi vigoureux que leur frappe, les rares passages un tantinet virtuoses de la partition escamotés.

    Nous sommes nombreux à penser que cette œuvre, écrite par Debussy dans cette version avant de l’être pour l’orchestre et composée quand il était encore au Conservatoire, peut retourner dans ses tiroirs. Drôle d’impression alors que l’enregistrement récemment paru chez Decca avait retenu l’attention de notre confrère Yannick Millon.

    Auparavant, François Chaplin avait consciencieusement lu les partitions de trois Ĺ“uvres de la mĂŞme Ă©poque, RĂŞverie, Ballade et Valse romantique. « Vous avez tort de faire paraĂ®tre la RĂŞverie… C’était une chose sans importance, faite très vite Â», Ă©crit le compositeur Ă  son Ă©diteur en 1905.

    On ne saurait trop lui donner raison, et on aimerait savoir ce qu’il disait alors des deux autres titres, qui n’ont pas montré plus d’intérêt sous l’expressivité appliquée et la sonorité scrupuleuse de Chaplin, tous caractères mis sur le même plan.

    Les Cinq poèmes de Baudelaire nous valent les meilleurs moments de la soirée. Épaules nues, Stéphanie d’Oustrac prête sa beauté brune à la poésie baudelairienne. Bien que l’articulation de la mezzo-soprano ne permette pas toujours d’en saisir tous les mots, la sensibilité de son phrasé rejoint la sensualité des cinq textes mis en musique par Debussy, là encore pendant sa période wagnérienne.

    Cette présence physique de la chanteuse compense les inégalités d’une voix plus ou moins timbrée selon la tessiture, plus ou moins projetée selon les nuances que Cassard et elle partagent en parfaite entente. Excellent accompagnateur, celui-ci prolonge les évocations des mélodies sans grande diversité. Le Balcon, Harmonies du soir, Le jet d’eau, Recueillement et la Mort des Amants se ressemblent en leurs émerveillements, complaintes aux portées similaires.

    Les bonnes idées ne font pas toujours les plus beaux concerts. La remarquable activité musicale et didactique de Philippe Cassard, l’intelligence de ses écrits et de ses émissions sur France Musique n’ont pas transmis leur intérêt à cette soirée consacrée à des compositions d’un Debussy qui se révèlera quatre ans plus tard dans Prélude à l’après-midi d’un faune.




    Auditorium du Musée d'Orsay, Paris
    Le 29/03/2012
    Claude HELLEU

    Récital des pianistes Philippe Cassard et François Chaplin, avec la participation de la mezzo-soprano Stéphanie d’Oustrac à l’Auditorium du Musée d’Orsay, Paris.
    Richard Wagner (1813-1883)
    Le Vaisseau fantĂ´me, Ouverture,
    Transcription pour deux pianos par Debussy
    Claude Debussy (1862-1918)
    Cinq poèmes de Baudelaire
    Stéphanie d’Oustrac, mezzo-soprano
    RĂŞverie, FL 76, 1890
    Ballade, FL 78, 1890
    Valse romantique, FK 79, 1890
    Première suite pour piano à quatre mains
    François Chaplin & Philippe Cassard, piano

     


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