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CRITIQUES DE CONCERTS 19 mars 2024

RĂ©cital du pianiste Rafał Blechacz dans la sĂ©rie Piano**** Ă  la salle Pleyel, Paris.

Tout en finesse
© Felix Broede

Le Polonais Rafał Blechacz est venu comme chaque annĂ©e dans son rĂ©cital Piano**** dĂ©livrer son message d’une remarquable puretĂ© musicale. Du piano tout en finesse, en intelligence et sans ostentation. Une vraie leçon pour ses collègues de la jeune gĂ©nĂ©ration souvent enclins Ă  se livrer Ă  des dĂ©monstrations plus extĂ©rieures.
 

Salle Pleyel, Paris
Le 12/06/2012
GĂ©rard MANNONI
 



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  • Ă€ quelques jours de son vingt-septième anniversaire, Rafał Blechacz avance Ă  sa manière vers la pleine maturitĂ©, route sur laquelle il a dĂ©jĂ  parcouru la grande majoritĂ© du chemin. Ă€ une Ă©poque oĂą la virtuositĂ© extrĂŞme est si souvent considĂ©rĂ©e comme une valeur première, il apporte un message contradictoire, celui de la musique sans effets inutiles, sincère, sensible, vĂ©cue avec autant d’intĂ©rioritĂ© de subtilitĂ© dans le rapport au clavier.

    Le programme, déjà, est significatif, avec la Troisième Partita en la mineur de Bach, la Septième Sonate de Beethoven, la Suite bergamasque de Debussy et la Troisième Sonate de Chopin, seule concession à un étourdissant déploiement d’habileté digitale, quand même.

    La qualité du toucher de Blechacz est un mélange de précision ferme et de fluidité. Même dans les moments où la dynamique est la plus vibrante, toute dureté, toute violence sont exclues. Il y a toujours comme un coussin de velours entre les doigts et le clavier, qui n’étouffe pas le son mais le rend humain, soyeux, plein de lumière.

    D’où ce Bach coloré, quasiment sensuel, où tout ce qui est recherche théorique dans l’écriture devient moyen d’expression. Partition importante dans le travail de Beethoven sur cette forme, précédent juste la Pathétique, la Sonate n° 7 en ré majeur op. 10 n° 3 n’est ni la plus connue ni la plus souvent jouée.

    Page très fine, émouvante en bien des endroits, notamment son ample Largo, elle est d’humeur variable, avec des moments d’une grande nostalgie et d’autres d’une légèreté aux rythmes quasi paysans. Toucher toujours miraculeux, Blechacz se glisse dans ce propos avec une habileté diabolique, maniant drame et séduction avec la même aisance, utilisant en particulier l’architecture complexe du mouvement lent pour nous émouvoir, comme il le fera lors dans la Sonate en si mineur de Chopin.

    C’est pourtant avec la Suite bergamasque de Debussy que l’art du pianiste atteint ce soir ses sommets. Avec des sonorités aussi claires et irisées que pleines de grâce ou de mystère, il sait différencier ces quatre morceaux tout en gardant une unité d’approche mettant à son exacte place l’univers sonore debussyste dans l’histoire de la littérature pour piano. Une alliance entre classicisme et audace, entre référence au passé et large ouverture vers la découverte, dans un monde sonore à la fois sensuel et immatériel.

    De la Sonate en si mineur de Chopin, on attendait beaucoup et, bien sûr, on n’a pas été déçu. Approche sans violence dès le début du premier mouvement, et volonté permanente de laisser parler la poésie, le chant sous toutes ses formes, main droite ou main gauche, et surtout, encore, une manière unique de bâtir le grand Largo méditatif, ténébreux, angoissé avec pudeur.

    Et puis, dans les grands traits qui s’inscrivent en contrastes avec les déchaînements sonores du Finale, une vélocité ahurissante qui conduit le piano aussi près que possible de l’instrument à archet et fait oublier que ce sont de petits marteaux frappant sur des cordes qui produisent ces grandes coulées de lumière. Et pourtant, chaque note reste perceptible !

    La force de l’œuvre est lĂ , mais elle s’appuie davantage sur l’exploitation totale des trouvailles de l’écriture que sur des effets purement techniques. Sorte de lutin dotĂ© d’irrĂ©sistibles pouvoirs, comme une certaine littĂ©rature actuelle aime les Ă©voquer, Rafał Blechacz reste dĂ©cidĂ©ment un cas bien particulier, digne de la plus vive d’admiration.




    Salle Pleyel, Paris
    Le 12/06/2012
    GĂ©rard MANNONI

    RĂ©cital du pianiste Rafał Blechacz dans la sĂ©rie Piano**** Ă  la salle Pleyel, Paris.
    Johann Sebastian Bach (1685-1750)
    Partita n° 3 en la mineur BWV 827
    Ludwig van Beethoven (1770-1827)
    Sonate n° 7 en ré majeur op. 10 n° 3
    Claude Debussy (1862-1918)
    Suite bergamasque
    Frédéric Chopin (1810-1849)
    Sonate n° 3 en si mineur op. 58
    Rafał Blechacz, piano

     


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