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CRITIQUES DE CONCERTS 12 octobre 2024

Nouvelle production de Carmen de Bizet dans une mise en scène d’Olivier Py et sous la direction de Stefano Montanari à l’Opéra de Lyon.

Une Carmen de bastringue ?
© Bertrand Stofleth

Alors qu'Olivier Py tente d'affranchir de ses conventions l'ouvrage emblématique de l'opéra français, la partie musicale de la nouvelle Carmen lyonnaise présente une grande disparité entre des excellents chœurs et le néant total de la direction d'orchestre. En somme, une production inégale qui ne vaut sans doute pas les remous qu'elle a suscités.
 

Opéra national, Lyon
Le 05/07/2012
Benjamin GRENARD
 



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  • Les dernières dĂ©cennies auront vu le règne presque sans partage des metteurs en scène sur le monde de l'opĂ©ra. Si la disparition progressive de grandes voix y a certainement Ă©tĂ© pour quelque chose, occultant une bonne part de l'intĂ©rĂŞt musical de l'opĂ©ra, le renouveau de la mise en scène n'aura pas Ă©tĂ© une mauvaise chose, bouleversant les attentes d'un certain public dont la comprĂ©hension des Ĺ“uvres a souvent tendance Ă  rester bien sommaire.

    Toujours est-il que l'on comprend mal l'extrême focalisation sur la mise en scène d'Olivier Py – que l'on peut aimer ou pas, mais dont on ne peut nier le grand professionnalisme – et les remous qu'elle a provoqués, quand l'interprétation musicale souffre de la plus grande disparité, allant du plus excellent au plus médiocre.

    Trop souvent occulté, et pourtant réussite la plus incontestable de la soirée, le travail des chœurs mené par Alan Woodbridge se démarque par une exigence musicale totale et une clarté impeccable. Dans le même esprit, on insistera sur le rendu tout aussi professionnel de la Maîtrise de l'Opéra, car rares sont les chœurs d'enfants aussi justes et à l'image sonore aussi soignée, un travail de fond mené par la très sérieuse Karine Locatelli.

    Du côté des solistes, le trio de tête manque manifestement de grandes voix. À côté du pâle Escamillo de Giorgio Caoduro, le Don José de Yonghoon Lee affiche de nombreuses errances. On craint le pire au I, où la voix paraît complètement déstructurée. Aigus poussifs, sonorité parfois barytonnante, aigreur du timbre, émission hasardeuse et continuellement changeante nient toute cohérence à la vocalité. Cependant, la situation s'améliore sensiblement par la suite, et si la voix paraît toujours forcée et raide, les aigus ne manquent au moins pas de vaillance.

    Josè Maria Lo Monaco est celle qui s'en tire le mieux avec un matériau vocal plus appréciable, à défaut d'être exceptionnel. Elle séduit également par son efficacité théâtrale si bien que le rôle-titre est plutôt bien campé, la chanteuse n'hésitant pas à s'engager dans une lecture sulfureuse où Olivier Py lui en demande tout de même beaucoup. Reste que le plateau demeure bien moyen pour une scène de l'envergure de celle de Lyon, même si l'engagement de chacun n'est cependant pas à blâmer.

    © Bertrand Stofleth

    On ne peut malheureusement en dire autant de la direction musicale, qui reste le gros point noir de la production. Stefano Montanari cultive tous les tics des baroqueux poussés dans leur expression la plus vilaine, et ici complètement hors de propos : pupitre de vents mastoc, cordes sans chair, rarement l'Orchestre de l'Opéra de Lyon aura sonné de manière aussi inconsistante. Jamais une once de sensualité ni d'ailleurs de tragédie ne vient donner un quelconque intérêt musical à la matière orchestrale.

    Le chef italien ne se préoccupe absolument pas de phrasé, pas plus qu'il n'est sensible aux atmosphères, dans une lecture horizontale et insipide qui a le seul avantage d'avancer pour écourter ce ratage orchestral, sans respiration aucune.

    Reste la mise en scène qui fait actuellement grand bruit. Si Olivier Py a pris le parti d'épurer l'ouvrage de toute sa couche hispanisante, c'est pour mieux révéler l'universalité du personnage de Carmen, qui, à certains égards, tient du mythe.

    La transposition dans l'univers du cabaret sert donc tout autant à brouiller les habitudes de lecture qu'à orienter le spectateur précisément vers l'essentiel et la substance même de l'argument. Or, cette démarche radicale, nous semble être bien menée, sans jamais forcer le texte.

    Le metteur en scène joue de beaucoup d’habileté – l'évocation des fumées de cigarettes au I –, dans une transposition qui a en outre l'avantage de fortement sexualiser le propos. Entre la rigueur de la loi et ces lieux débridés qui impriment un ton de fausse liberté, Carmen apparaît comme un être encore plus libre et marginal.

    De surcroît, les décors mobiles sont gérés avec habileté et la direction d'acteurs, menée avec précision, témoigne de la fluidité qu'est capable d'obtenir Olivier Py, s'accommodant avec naturel de toutes les contraintes de structures musicales parfois répétitives.

    L’ensemble compose un spectacle hétérogène comme seule la complexité d'un opéra peut en produire. Entre les chœurs et cette mise en scène stimulantes, la déception des solistes et le ratage complet de la direction d'orchestre, on se dit que cette Carmen ne valait sans doute pas un tel battage médiatique.




    Opéra national, Lyon
    Le 05/07/2012
    Benjamin GRENARD

    Nouvelle production de Carmen de Bizet dans une mise en scène d’Olivier Py et sous la direction de Stefano Montanari à l’Opéra de Lyon.
    Georges Bizet (1838-1875)
    Carmen, opéra en trois actes (1875)
    Livret de Henry Meilhac & Ludovic Halévy d'après la nouvelle de Prosper Mérimée

    Chœurs, Maîtrise et Orchestre de l'Opéra de Lyon
    direction : Stefano Montanari
    mise en scène : Olivier Py
    décors et costumes : Pierre-André Weitz
    Ă©clairages : Bertrand Killy
    préparation des chœurs : Alan Woodbridge

    Avec :
    Josè Maria Lo Monaco (Carmen), Yonghoon Lee (Don José), Giorgio Caoduro (Escamillo), Nathalie Manfrino (Micaëla), Vincent Pavesi (Zuniga), Angélique Noldus (Mercedes), Elena Galitskaya (Frasquita), Christophe Gay (Le Dancaïre), Carl Ghazarossian (Remendado), Pierre Doyen (Moralès), Cédric Cazottes (Lilas Pastia), Joël Lancelot (Un guide), Alexandra Guérinot (Une marchande d'oranges), Kwang Soun Kim (Un bohémien).

     


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