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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 octobre 2024 |
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Création française de la cantate Faust de Schnittke par l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Vladimir Fedoseyev à la salle Pleyel, Paris.
Faust, mythe inépuisé
Beau début de saison pour le Philharmonique de Radio France avec un invité prestigieux, le chef octogénaire Vladimir Fedoseyev, et, trente ans après sa création mondiale, la cantate Faust du compositeur russe Arthur Schnittke. Très belle œuvre d’une grande originalité, elle bénéficie de la meilleure distribution possible pour sa création française.
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La légende de Faust a toujours eu la cote auprès des compositeurs. De Schumann et Gounod à Dusapin et Fénelon en passant par Berlioz, elle a été servie et resservie. Il était temps que soit créée en France la vision du compositeur russe Alfred Schnittke, quasiment trente ans après sa création à Vienne sous la direction de Guennadi Rojdestvenski.
Il est intéressant de noter que le programme signale qu’elle est contemporaine de celle du Saint François d’Assise de Messiaen et de la mort de Georges Balanchine. L’Orchestre philharmonique de Radio France en grande forme a, pour cet événement, bien fait les choses en invitant le chef russe Vladimir Fedoseyev, 80 ans, et en réunissant une distribution prestigieuse pour les quatre rôles comportant un contre-ténor pour incarner Méphisto.
La masse orchestrale est impressionnante, avec orgue, piano et célesta en plus de la masse instrumentale digne des grandes symphonies de Mahler, tout autant que l’effectif choral. C’est dans les parties chorales que réside l’audace de l’écriture qui autrement est globalement postromantique pour l’orchestre et plutôt viennoise (Seconde École il va sans dire) pour les parties vocales solistes, chantées en allemand.
Les interventions chorales, de parfum et couleur slaves, font véritablement avancer l’action qui relate, Schnittke ayant composé sa cantate après avoir lu le Doktor Faustus de Thomas Mann, la dernière nuit de Faust puis sa mort en établissant un parallèle évident dans la narration avec la dernière nuit du Christ.
Le rôle le plus important est dévolu au ténor narrateur, un fort ténor de caractère dont la partie semble écrite par Berg, magnifiquement défendue par l’Américain Erin Caves. Plus expressionniste, la partie de Faust, chantée avec une grande sérénité par la basse allemande Michael Volle. Le contralto roumain Liliana Nikiteanu et le contre-ténor italien Marco Lazzara sont un peu desservis par l’acoustique et leurs voix un peu englouties dans la masse instrumentale.
Une œuvre très forte et convaincante au demeurant, au grand polymorphisme stylistique réservant des surprises, comme sa dernière partie très enlevée utilisant des rythmes de danses latines (à la Bernstein) et charriant un fort message spirituel.
La Symphonie Pathétique de Tchaïkovski, à qui l’on ne renie pas son rang de chef-d’œuvre, ramenait ensuite un rien platement l’auditeur à des préoccupations plus répertorielles. Vladimir Fedoseyev y porte le Philhar’, plutôt par intermittence que sur la longueur de l’œuvre, vers les sommets de romantisme tragique qui en font sa force et son unité.
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Salle Pleyel, Paris Le 21/09/2012 Olivier BRUNEL |
| Création française de la cantate Faust de Schnittke par l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Vladimir Fedoseyev à la salle Pleyel, Paris. | Alfred Schnittke (1934-1998)
Faust, cantate « Seid nüchtern und wachet » pour contralto, ténor, et basse, chœur mixte et orchestre
Livret tiré de l’Historia von Dr Johann Fausten publiée par Johann Spies en 1587
Lilana Nikiteanu, contralto
Marco Lazzara, contre-ténor
Erin Caves, ténor
Michael Volle, basse
Chœur de radio France
préparation : Thomas Lang
Piotr Ilitch TchaĂŻkovski (1840-1893)
Symphonie n° 6 en si mineur op. 74 « Pathétique »
Orchestre philharmonique de Radio France
direction : Vladimir Fedoseyev | |
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