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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Tristan et Isolde au Festival de Salzbourg
Le Tristan qu'aurait
aimé Bayreuth
Waltraud Meier
À mise en scène identique, une coproduction qui change souvent d'orchestre et de chef peut modifier considérablement un spectacle. Après les Berliner Philharmoniker et Abbado pour Pâques à Salzbourg, l'Orchestre du Maggio Musicale et Mehta à Florence, c'est Maazel qui a pris brillamment la relève du Tristan de Salzbourg.
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Coproduction entre le Festival de Pâques, le Maggio Musicale Fiorentino et Festival d'été de Salzbourg, ce Tristan und Isolde a beaucoup évolué au fil des changements de baguette. Après le désistement d'Abbado cet été, c'est Maazel qui a repris le flambeau avec les Wiener Philharmoniker. Et tout a basculé dans cette légendaire atmosphère sensuelle qui a fait sa réputation. La présence de Waltraud Meier y est pour beaucoup. Elle porte l'oeuvre avec musicalité et fièvre, suscitant l'onirisme souhaité par la mise en scène de Klaus Michaël Grüber, toute de simplicité dans les gestes et les rapports humains.
Sur un navire imaginé par Arroyo et dont seule la carcasse est visible, mais que les lumières de Vinicio Cheli habillent tantôt d'une coque, tantôt rendent fantomatique, Tristan conduit Isolde auprès de son oncle, le roi Marke, pour qu'il l'épouse. Mais Isolde tient à se venger des agissements de Tristan en l'empoisonnant, et mourir avec lui. Sa suivante, Brangäne (Marjana Lipovsek, aux cris incroyables), remplace le poison par un filtre d'amour. Ce sera le drame, en fait un deuxième acte chef-d'oeuvre de passion déchaînée, soudain interrompue par l'arrivée de Marke, incarné avec talent par Matti Salminen, tout de douleur contenue.
Tristan blessé en duel, se retire à Karéol avec son fidèle Kurwenal (Falk Struckmann, au timbre empreint de noblesse), attendant désespérément Isolde. Son agonie – la folie de Tristan – peut être un instant d'intense théâtralité. Ce ne le fut pas avec Jon Fredric West, qui vint sauver le spectacle (après le désistement en dernière heure de Ben Heppner) et imposa un costume rendant sa petite taille ridicule. Plus héroïque que lyrique, il ne put jamais se hisser à l'altitude de son Isolde. Car Isolde est en scène, du début de l'oeuvre à la fin du 2e acte, mène le jeu. Qu'elle chante ou se taise, Waltraud Meier impose son rythme, sa ferveur, sa personnalité radieuse et douloureuse à la fois. Puis elle ne revient que pour la mort de Tristan et mourir à son tour, " se fondant dans le tout infini ". C'est le célèbre " Mild und leise
" dont elle distille la beautĂ© et le mystère, tout enrobĂ©e par les frĂ©missements de l'orchestre survoltĂ© par Maazel. Et dire que Bayreuth vient de dĂ©cider de se passer de cette Isolde lĂ
On n'en croit pas ses oreilles !
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GroĂźes Festspielhaus, Salzburg Le 06/08/2000 Antoine Livio (1931-2001) |
| Tristan et Isolde au Festival de Salzbourg | Tristan et Isolde de Richard Wagner
Wiener Philharmoniker
Direction musicale : Lorin Maazel
Mise en scène : Klaus Michael Grüber
DĂ©cors : Eduardo Arroyo
Costumes : Moidele Bickel
Tristan (Jon Fredric West), Roi Marke (Matti Salminen), Isolde (Waltraud Meier), Brangäne (Marjana Lipovsek), Kurwenal (Falk Struckmann), Melot (Ralf Lukas), un berger et un jeune marin (Charles Workamn), le pilote | |
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