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CRITIQUES DE CONCERTS 11 décembre 2024

Reprise de Tosca de Puccini dans la mise en scène de Werner Schroeter, sous la direction de Paolo Carignani à l’Opéra de Paris.

Pour le rĂ´le-titre
© Julien Benhamou

Martina Serafin, Altamusica vous l’a présentée. Allez la voir dans cette reprise de Tosca, sachant que la représentation vaut essentiellement par elle, magnifique et dramatique dans le rôle-titre. Sans la soprano, les scènes se traînent dans une mise en scène usée par le temps et sous la direction neutre de Paolo Carignani.
 

Opéra Bastille, Paris
Le 23/10/2012
Claude HELLEU
 



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  • DiffĂ©rente Ă  chaque acte, Floria Tosca, cĂ©lèbre cantatrice, se rĂ©vèle plus ou moins bouleversante selon les situations imposĂ©es par un destin tragique. Elle nous arrive dans l’église Sant’Andrea della valle, oĂą le peintre qu’elle aime parachève le portrait d’une Madone trop belle Ă  son goĂ»t. Martina Serafin, alias Floria Tosca, ne donne pas encore le meilleur d’elle-mĂŞme face Ă  un Mario Cavaradossi, Marco Berti, bras Ă©cartĂ©s pour lui brailler sa passion et apaiser ses soupçons.

    Certes, du ténor l’organe est impressionnant, mais la puissance n’est pas tout, encore faut-il un certain art pour s’en servir. La gestuelle du couple caricature des élans amoureux sans âme dans une ambiance inexistante malgré les simagrées d’un sacristain stupide, fidèlement interprété par Luciano di Pasquale.

    Ce premier acte devrait s’angoisser dès l’apparition de l’évadé politique, Cesare Angelotti en quête de cachette – Nicolas Testé justement crédible. Or l’Orchestre national de l’Opéra est à mille lieues de créer un tel climat sous la direction placide de Paolo Carignani. Aux légèretés incongrues, presque dansantes qu’il donne à la partition, succède une résignation traînante.

    L’entrée du Baron Scarpia, chef de la police à la poursuite du fugitif, n’y change rien, à mille lieues elle aussi d’une irruption maléfique. Scarpia n’a de noir que son costume. Sergey Murzaev l’interprète consciencieusement, la voix droite et l’articulation précise mais peu expressives.

    Dialogues convenus et bientôt figurants inutiles plus badauds que fidèles, prêtres et enfants de chœur en masse obéissante se succèdent sur la scène. Aucune interprétation ne caractérise les voix justes. Chacun, chacune et tous semblent réciter le rôle appris. L’ennui trahit l’usure de la mise en scène de Werner Schroeter, reprise ce soir pour la énième fois et dont la 95e représentation apparaît vidée de sa flamme.

    Mais la messe n’est pas dite. Quelques heures plus tard, Scarpia attend Tosca et l’aura, ainsi l’a-t-il décidé, tous les moyens seront bons, les meilleurs étant les plus brutaux. Sadisme en demi-teintes, progression nulle d’une détermination cruelle. Jusqu’à l’entrée de la Diva.

    Martina Serafin, Tosca magnifique, déterminée, sûre de son pouvoir. Qui peu à peu s’inquiète, son homme fait prisonnier, sous le chantage impitoyable du chef de la police. Voix somptueuse aux nuances brulantes de l’amoureuse complice d’un Mario mieux inspiré, sorti de sa geôle et décidé à ne pas livrer l’évadé recherché, et de la femme dominatrice face à un Scarpia décidément dépourvu de dimension perverse, monstre toujours aussi peu inquiétant.

    Mais torture, désir, menaces et faux serments obligent le feu à reprendre. Maîtresse de sa fureur comme de sa douleur, la grande soprano les projette avec autant de passion que de désespoir et en irradie ses partenaires. Avant de prier pour le bourreau qu’elle vient d’assassiner, toujours aussi belle, les richesses de son timbre et de son jeu mises au service d’un drame grâce à elle bouleversant.

    Nous voici maintenant sur la plate-forme du Château Saint-Ange à l’aube d’une exécution sommaire. Blessés et mourants de la guerre gisent ici et là. Face à la mort, Cavadarossi humanise un dernier chant, rêveur et poétique, le débarrassant de tout effet et n’en gardant que l’aisance.

    Autour de lui, ambiance théoriquement sinistre. Arrive Martina Serafin et le malheur prend vie. Soumis à une amante de plus en plus passionnée, Marco Berti fait oublier sa gaucherie avant de laisser Tosca seule face à son cadavre. Morto ! Morto !

    Le désespoir de la Tosca, victime de son illusion, atteint ses admirateurs subjugués. Suicide et fin d’une soirée où la consécration d’une jeune cantatrice compense le vieillissement du spectacle.




    Opéra Bastille, Paris
    Le 23/10/2012
    Claude HELLEU

    Reprise de Tosca de Puccini dans la mise en scène de Werner Schroeter, sous la direction de Paolo Carignani à l’Opéra de Paris.
    Giacomo Puccini (1858-1924)
    Tosca, melodramma en trois actes (1900)
    Livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica d’après la pièce de Victorien Sardou

    Maîtrise des Hauts-de-Seine/Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris
    Chœur et Orchestre et de l’Opéra national de Paris
    direction : Paolo Carignani
    mise en scène : Werner Schroeter
    décors et costumes : Alberte Barsacq
    éclairages : André Diot
    chef du chœur : Patrick Marie Aubert

    Avec :
    Martina Serafin (Floria Tosca), Marco Berti (Mario Cavaradossi), Sergey Murzaev (Scarpia), Nicolas Testé (Cesare Angelotti), Luciano di Pasquale (Il Sagestano), Simeon Espaer (Spoletta), Michal Partyka (Sciarrone), Christian Tréguier (Un Carceriere).

     


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