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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 décembre 2024 |
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RĂ©cital Mission de la mezzo-soprano Cecilia Bartoli Ă la salle Pleyel, Paris.
Mission accomplie !
C’est sans vrai enthousiasme qu’on allait au récital parisien de Cecilia Bartoli. Certes, la diva ressuscitait un compositeur méconnu, Agostino Steffani, mais, n’avait-elle pas mieux à faire que la promotion d’un disque paru trois mois avant ? La mezzo transfigure ce concert avec abattage, charme et fougue.
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Depuis vingt-cinq ans, Cecilia Bartoli brûle les planches. Avec des œuvres célèbres. Mais la diva italienne ne saurait s’en contenter. L’un des traits de son caractère est la curiosité ; elle adore fouiner les bibliothèques à la recherche de concepts, de partitions méconnues ou peu jouées qu’elle réhabilite.
En 2011, elle avait ainsi rendu hommage à la Malibran. Cette fois, elle fait découvrir Agostino Steffani (1654-1728), compositeur baroque italien de l’époque de Frescobaldi qui fut également diplomate, chargé par le Saint-Siège de missions mystérieuses auprès des cours allemandes. Sa vie rocambolesque est racontée par la romancière Donna Leon dans le livre les Joyaux du paradis qui vient de sortir chez Calmann-Lévy.
Ce n’est pas ce qui a retenu la sagacité de la diva, mais plutôt le savoir-faire de Steffani, notamment dans les duos vocaux d’une ravissante sensibilité et d’une belle émotivité. Avec la complicité du chef et claveciniste Diego Fasolis à la tête des Barocchisti, elle en a enregistré les plus belles pages : c’est le disque Mission (Decca) dont elle fait la promo dans le monde entier.
Ce soir, elle consacre son récital parisien de l’année au même Steffani qui, sans elle, n’aurait sans doute jamais connu la célébrité aujourd’hui. Le mérite-t-il ? La diva déploie son art le plus subtil pour défendre sa musique qu’elle met en scène. Le kammerorchesterbasel sous la direction de Diego Fasolis occupe le centre du plateau. À gauche, un canapé, une table basse, un bouquet de fleurs. Pendant les pièces orchestrales, la Bartoli vient s’y reposer.
Avant le début du concert, on l’avait annoncée souffrante. On a connu des malades moins vaillants. Dans sa longue robe de taffetas bleue moirée de vert, toujours aussi épanouie mais légèrement amincie, elle fait son entrée en jouant du tambourin. Pendant deux heures et demie, elle tourbillonne.
Savourant les applaudissements avec une mine rayonnante et roulant des yeux de satisfaction, elle chante d’abord d’une petite voix, puis se fait câline, plaintive, émouvante, heureuse. Quand, en fin de soirée, elle donne en bis des airs de Haendel, sa voix a retrouvé son ampleur et sa profondeur aux graves magnifiques.
On s’aperçoit alors qu’à côté des airs fameux de Teseo et de Rinaldo, son Steffani n’est qu’un petit maître qui a eu la chance de la rencontrer. Elle le sait, elle le sent. Et, comme pour donner plus de poids à son coup de foudre, elle fait intervenir Philippe Jarousky. Le public se déchaîne quand apparaît le contre-ténor qui participe également au disque Mission.
Parmi l’assistance très huppée de ce concert figurait le chef Jean-Christophe Spinosi. Il sera dans quelques semaines au Theater an der Wien avec la Bartoli pour une production du Comte Ory de Rossini, en attendant deux autres opéras qu’ils peaufinent ensemble pour 2013-2014.
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Salle Pleyel, Paris Le 13/11/2012 Nicole DUAULT |
| Récital Mission de la mezzo-soprano Cecilia Bartoli à la salle Pleyel, Paris. | Mission, airs d’opéra d’Agostino Steffani
Cecilia Bartoli, mezzo-soprano
kammerorchesterbasel
direction : Diego Fasolis | |
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