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CRITIQUES DE CONCERTS |
16 octobre 2024 |
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Suite du cycle Brahms-Szymanowski du London Symphony Orchestra sous la direction de Valery Gergiev Ă la salle Pleyel, Paris.
Splendeurs symphoniques
Le cycle Brahms-Szymanowski assuré par le London Symphony Orchestra et Valery Gergiev touche à sa fin. Cet avant-dernier concert réunissait la très lyrique Troisième Symphonie et les Variations sur un thème de Haydn de Brahms et la curieuse Symphonie Chant de la nuit de Szymanowski. Une grande fête émotionnelle et sonore.
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Pour toute une génération de cinéphiles ou simplement d’amateurs de cinéma, la Troisième Symphonie de Brahms reste celle d’Aimez-vous Brahms ?, merveilleux mélo où le jeune Antony Perkins et la moins jeune Ingrid Bergman vivaient une histoire d’amour aussi brûlante que sans issue.
Alors, on s’attend à retrouver l’émotion facile que les images ajoutent à la musique. Est-ce pour cela que l’on reste un peu – juste un peu – sur sa faim avec la lecture que donne Gergiev de ces pages ? Certes, le LSO est toujours aussi divinement beau de son et l’Allegro final connaît des moments de passion quasiment désespérée qui touchent en profondeur.
C’est le très beau Brahms que l’on attend de ces interprètes d’exception qui donnent alors l’impression d’utiliser pleinement tout ce que cette écriture musicale savante mais généreuse contient de possibilités expressives. On ne retrouvera d’ailleurs pas les mêmes élans ni la même imagination dans une interprétation assez tranquille des Variations sur un thème de Haydn qui sont déjà en elles-mêmes une œuvre où le souci de la forme prime sur les battements du cœur.
La Troisième Symphonie de Szymanovski est en revanche totalement envoûtante. Elle n’a d’ailleurs de symphonie que le nom, puisqu’elle ne comporte qu’un seul mouvement, il est vrai structuré en trois parties assez distinctes, et nécessite un grand chœur mixte et un soliste, ténor ou soprano, aux interventions très ponctuelles et peu gratifiantes pour l’interprète aux prises avec d’importantes masses sonores.
Szymanowski y célèbre les beautés de la nuit et tout ce que leur contemplation peut apporter à l’âme, en s’inspirant d’un texte du poète persan Rûmî. L’écriture est d’une richesse extrême, avec encore une utilisation grisante de l’harmonie. Il se dégage une vraie magie de cette musique, tant dans ses moments les plus amples que dans d’autres, plus intimes, plus intérieurs.
Gergiev peut y libérer toute la générosité de sa nature, brassant cette imposante masse instrumentale et vocale de façon magistrale, mettant en valeur toutes ces belles oppositions de timbre qui restent d’une clarté absolue. On songe à l’art d’un Ravel ou d’un Stravinski pour parvenir à allier tant de sons souvent puissants sans qu’ils se détruisent mutuellement, avec un incroyable sens des couleurs.
Au ténor Toby Spence revenait le difficile honneur de défendre la partie soliste, tâche ingrate qu’il accomplit avec bravoure, car on sait que rien n’est plus difficile pour un chanteur que ces longues pauses de silence en attendant d’intervenir pour quelques phrases seulement.
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Salle Pleyel, Paris Le 15/12/2012 GĂ©rard MANNONI |
| Suite du cycle Brahms-Szymanowski du London Symphony Orchestra sous la direction de Valery Gergiev Ă la salle Pleyel, Paris. | Johannes Brahms (1833-1897)
Symphonie n° 3 en fa majeur op. 90
Variations sur un thème de Haydn op. 56a
Karol Szymanowski (1882-1937)
Symphonie n° 3 op. 27, « Chant de la nuit »
Toby Spence, ténor
London Symphony Chorus
London Symphony Orchestra
direction : Valery Gergiev | |
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