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CRITIQUES DE CONCERTS |
05 octobre 2024 |
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Reprise de la Petite Renarde rusĂ©e de Janáček dans la mise en scène d’AndrĂ© Engel et sous la direction de Tomáš Hanus Ă l’OpĂ©ra de Lyon.
Fine-oreille et les tournesols
La Petite Renarde selon André Engel retrouve son berceau de l’Opéra de Lyon après avoir fait escale dans la capitale au Théâtre des Champs-Élysées et à l’Opéra Bastille. Un retour au bercail qui confirme l’émerveillement d’un spectacle écolo qui n’aura perdu en chemin que les deux tournesols emblématiques de son tomber de rideau.
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Nous ne reviendrons pas outre mesure sur les qualités de la mise en scène de la Petite Renarde rusée d’André Engel, abondamment commentée dans ces colonnes lors de ses détours parisiens, d’abord à l’Opéra Bastille en 2008, puis à l’occasion de sa sortie DVD.
Contentons-nous de redire notre attachement à un spectacle simple mais constamment évocateur et à l’écoute de la musique, aux créatures anthropomorphes poétiques, à l’imagerie tellement parlante de la nature contrecarrée par l’homme, un vilain chemin de fer et des caténaires venant entraver le règne animal.
Les costumes des insectes, la caractĂ©risation de chaque espèce, amusante autant qu’émouvante par sa justesse, ce grand cerf tout droit venu de Princesse MononokĂ©, et cet aspect cyclique si fort dans l’œuvre de Janáček, au grĂ© des saisons et du temps qui passe, accouchent d’un petit bijou de mise en scène, rendu au plateau Ă dimension humaine de l’OpĂ©ra Nouvel.
Mais pourquoi diable, dans ces conditions idéales, avoir abandonné les deux tournesols qui refleurissaient au milieu des rails, symbole de l’éternel renouveau de la nature, au moment où le petit escargot reprend sa lente marche d’équilibriste ? Problème technique, volonté délibérée ? Toujours est-il que sans ce moment magique, le spectacle y perd sa plus belle image.
On se consolera avec la direction idoine de Tomáš Hanus, aiguisée juste le nécessaire, suscitant à l’occasion une verdeur des timbres parfaitement en situation, ne sombrant jamais dans le grand symphonisme, magnifique mais un peu hors-sujet, de Dennis Russell Davies à Paris.
Le jeune Tchèque sait en outre gérer ses gradations au cordeau, d’un Andante liminaire presque indolent au capharnaüm bruitiste de la basse-cour, d’un prélude du III d’abord sans poigne à des frottements très crus sur le Tempo I trente-huit mesures plus loin. Et toujours avec refus de la facilité – un duo d’amour au tempo affûté, tournant le dos au grand rubato lyrique conventionnel.
Très belle distribution des rôles principaux en outre, avec la Renarde claire, acidulée à point d’Ilse Eerens, le Renard de belle vigueur d’une Angélique Noldus dépassant d’une bonne tête sa femelle, et le Garde-chasse débonnaire et timbré dans le masque de Vladimir Samsonov, grand-père bienveillant plutôt que vindicatif.
Un conseil enfin pour les possesseurs du DVD qui rechigneraient à aller voir le spectacle en salle, croyant en connaître tous les secrets : parmi les mille subtilités visuelles à admirer en scène, le génial rideau de scène de Nicky Rieti pendant les changements de décor, constellé de saynètes de l’opéra façon BD, complètement zappé dans la captation de Don Kent, vaut à lui seul le prix du billet.
Du reste, Robert Carsen a du pain sur la planche pour faire aussi bien la semaine prochaine à l’Opéra du Rhin…
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Opéra national, Lyon Le 29/01/2013 Yannick MILLON |
| Reprise de la Petite Renarde rusĂ©e de Janáček dans la mise en scène d’AndrĂ© Engel et sous la direction de Tomáš Hanus Ă l’OpĂ©ra de Lyon. | Leoš Janáček (1854-1928)
PřĂhody lišky Bystroušky, opĂ©ra en trois actes (1924)
Livret du compositeur d’après le roman de Rudolf TěsnohlĂdek
Studio de l’Opéra de Lyon
Maîtrise, Chœur et Orchestre de l’Opéra de Lyon
direction : Tomáš Hanus
mise en scène : André Engel
décors : Nicky Rieti
costumes : Elisabeth Neumuller
éclairages : André Diot
préparation des chœurs : Alan Woodbridge
Avec :
Vladimir Samsonov (le Garde forestier), Jeannette Fischer (sa femme / la Chouette), Wynne Evans (le Maître d’école), Károly Szemerédy (Harašta), Piotr Micinski (le Curé / le Blaireau), Brian Bruce (Pásek), Alexandra Guérinot (sa femme), Ilse Eerens (la Renarde), Angélique Noldus (le Renard), Rémy Mathieu (le Moustique), Dorothea Spilger (Lapák), Célia Roussel-Barber (le Pivert), Pascale Obrecht (Le Geai / le Coq), Sharona Applebaum (Chocholka). | |
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