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CRITIQUES DE CONCERTS 19 mars 2024

Concerts des Berliner Philharmoniker sous la direction de Sir Simon Rattle, avec la participation de la pianiste Mitsuko Uchida, de la soprano Barbara Hannigan et du violoncelliste Miklós Perényi à la salle Pleyel, Paris.

Ambassadeurs de prestige
© Sheila Rock / Emi

Les concerts que viennent donner les Berliner et Rattle à Paris s’inscrivent dans les célébrations du cinquantenaire du Traité de l’Élysée, pacte de rapprochement franco-allemand (1963). La plus prestigieuse phalange européenne s’est d’abord produite deux soirs à la salle Pleyel avant d’endosser des atours chambristes à la Cité de la musique.
 

Salle Pleyel, Paris
Le 27/02/2013
Olivier BRUNEL
 



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  • PlacĂ©e dans le feu de l’actualitĂ© politique, la venue Ă  Paris des Berliner Philharmoniker, qui est toujours un Ă©vĂ©nement majeur de la saison symphonique, suit de peu l’annonce par leur chef Sir Simon Rattle du prolongement de son mandat jusqu’en 2018, date Ă  laquelle il a dĂ©clarĂ© qu’il cĂ©derait la place Ă  un autre chef.

    Les spĂ©culations vont bon train avant cette succession difficile et convoitĂ©e. La qualitĂ© si controversĂ©e du chef britannique, qui est l’ouverture de l’orchestre Ă  des musiques plus diverses et modernes, Ă©clate dans les programmes de ces deux soirĂ©es. Hommage de taille Ă  notre plus grand compositeur vivant, Henri Dutilleux, et au Polonais Witold Lutosławski, confrontĂ©s aux compositeurs germaniques classiques Beethoven et Schumann.

    Dutilleux d’abord, avec un hommage appuyé comme même la France ne lui en réserve pas souvent. Pouvoir entendre Métaboles et Correspondances dans de telles conditions en l’espace de vingt-quatre heures relève du miracle. Créé par les Berlinois en 2003 avec Dawn Upshaw sous la direction de Rattle et complétée l’année suivante pour sa création française par le National et Kurt Masur, Correspondances est très rarement donné et vient seulement d’être enregistré.

    C’est aussi dans l’œuvre de Dutilleux une exception, seul grand cycle vocal qui convoque sous forme de lettres chantées des écrits de Rilke, Mukherjee, Soljenitsyne et Van Gogh. Hélas, la soprano Barbara Hannigan n’aura pas laissé aux auditeurs goûter la saveur de ces textes avec une projection assez faible et surtout une prononciation déplorable. C’est pourtant elle qui en a assuré la création française et qui vient de l’enregistrer avec Salonen. L’orchestre seul rend justice à cette partition rutilante où se fait sentir plus d’une fois l’influence de Debussy avec de miraculeuses interventions des solistes.

    Métaboles, qui ornait le second concert, a été créée par les Américains, l’Orchestre de Cleveland sous la direction de George Szell en 1964. C’est l’une des œuvres orchestrales majeures de Dutilleux. Cinq mouvements s’y enchaînent privilégiant chacun une famille instrumentale, plutôt concerto pour orchestre que symphonie selon l’auteur.

    La composition procède de façon très élaborée par transformations de cellules mélodiques, rythmiques ou harmoniques jusqu’à se transformer en une autre cellule qui est celle dont procède la pièce suivante. L’interprétation magistrale des Berliner rend pleinement justice à ce magnifique tissu orchestral d’un grand quart d’heure.

    Deux concertos, un par concert. Passons rapidement sur le Troisième Concerto pour piano de Beethoven, dont le choix ne fait pas preuve d’originalité, par la pianiste Mitsuko Uchida, qui était déjà la soliste lors de la précédente tournée des Berlinois à Paris il y a juste trois ans, et qui n’est pas ce soir au niveau artistique d’un orchestre de cette classe, avec un jeu constamment précieux et surtout une sonorité minuscule, arachnéenne, indigne de la magnifique démonstration d’orchestre qui se joue autour d’elle.

    En revanche, le lendemain, on pouvait savourer le plus rare et extraordinaire Concerto pour violoncelle de Witold Lutosławski dont on cĂ©lèbre le centenaire de la naissance, crĂ©Ă© en 1971 par (et dĂ©diĂ© Ă ) Mistslav Rostropovitch qui en fut le grand dĂ©fenseur, comme de tant d’œuvres dont il fut le crĂ©ateur.

    C’est le Hongrois Miklós Perényi qui a repris le flambeau et qui, avec une personnalité moins extravertie, un abord plus intellectuel mais tout autant de brio technique, fait briller cette longue pièce dont l’Introduction, immense solo, et le Finale sont des joyaux de la musique concertante du XXe siècle.

    La musique romantique était le troisième volet de ces deux concerts avec deux symphonies de Schumann. Le mérite de Rattle est dans ces deux œuvres, mais surtout dans la plus touffue Deuxième Symphonie, de donner un confort de clarté avec un équilibre poussé à l’extrême des plans instrumentaux qui est une des spécialités de la phalange.

    De même, dans la Symphonie Rhénane, on reste béat devant une telle démonstration d’orchestre, devant l’absolue perfection des vents parfois au détriment de l’émotion d’ensemble. Mais ne nous plaignons pas que la mariée soit trop belle, car on n’a pas chez nos orchestres nationaux, hormis celui de l’Opéra de Paris notamment quand Jordan est à sa tête, autant de bonheur à écouter les œuvres du répertoire allemand.

    Arme à double tranchant, le festival symphonique permanent que nous offre la salle Pleyel tout au long de ses saisons est aussi l’occasion de comparaisons parfois assez cruelles.




    Salle Pleyel, Paris
    Le 27/02/2013
    Olivier BRUNEL

    Concerts des Berliner Philharmoniker sous la direction de Sir Simon Rattle, avec la participation de la pianiste Mitsuko Uchida, de la soprano Barbara Hannigan et du violoncelliste Miklós Perényi à la salle Pleyel, Paris.
    26 février :
    Ludwig van Beethoven (1770-1827)
    Concerto pour piano n° 3 en ut mineur op. 37
    Mitsuko Uchida, piano
    Henri Dutilleux (*1916)
    Correspondances pour soprano et orchestre
    Barbara Hannigan, soprano
    Robert Schumann (1810-1856)
    Symphonie n° 3 en mib majeur op. 97 « RhĂ©nane Â»
    27 février :
    Henri Dutilleux
    MĂ©taboles
    Witold Lutosławski (1913-1994)
    Concerto pour violoncelle
    Miklós Perényi, violoncelle
    Robert Schumann
    Symphonie n° 2 en ut majeur op. 61
    Berliner Philharmoniker
    direction : Sir Simon Rattle

     


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