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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 octobre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Thomas Engelbrock avec la participation du pianiste Radu Lupu à la salle Pleyel, Paris.
Grand chef et grand pianiste
Belle soirée aux couleurs variées pour ce concert où s’illustre Radu Lupu dans un répertoire où on ne l’attendait pas forcément. Thomas Hengelbrock est en revanche a priori chez lui avec Schumann, bien sûr, mais aussi Szymanowski et Bartók, si différents mais absolument contemporains et significatifs de la génération née au XIXe siècle mais très implantée dans le XXe.
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Longtemps négligé par les programmateurs de nos concerts, Szymanowski est nettement de nouveau en grâce, jusqu’à être presque omniprésent. Personne ne s’en plaindra, vu la grande diversité de sa musique et les splendeurs de ses orchestrations. Même dans une pièce brève comme cette Ouverture de concert composée à 23 ans, il s’affirme par son dynamisme coloré, l’imagination de son écriture aux idées foisonnantes, la maîtrise d’une très importante masse orchestrale.
On y sent toute l’ardeur d’un créateur certes respectueux des idées reçues des maîtres mais déjà lancé dans un élan porteur des innovations du siècle qui s’ouvre. Très belle direction de Hengelbrock, sachant contenir ce qui pourrait parfois être un peu tonitruant pour que toutes les finesses sonores du propos restent au premier plan.
Radu Lupu voyage sur un assez large répertoire, mais sans être spécialisé, il faut reconnaître qu’il nous a d’habitude plutôt entraînés sur les pas des romantiques allemands que sur ceux de Bartók. Sous la baguette inspirée et attentive de Hengelbrock, il prouve que les élans du troisième mouvement du Troisième Concerto ne lui sont pas étrangers, même si c’est le deuxième mouvement, tout d’intériorité et de poésie aux teintes subtiles, qui restera dans nos mémoires comme un moment totalement privilégié.
La qualité de toucher de Radu Lupu, d’une intensité toujours idéale, sa façon de dessiner un phrasé, de définir les bons accents sans ostentation, qualités qui rendent ses interprétations de Schubert notamment si bouleversantes, sont ici d’une totale évidence.
Avec la Deuxième Symphonie de Schumann et un Orchestre de Paris enthousiaste et motivé au plus haut point, Thomas Hengelbrock fait la belle démonstration de lecture romantique attendue, avec élégance, vérité et beaucoup de discernement dans ses choix de dynamique, notamment dans le difficile troisième mouvement dont l’humeur nostalgique teintée d’angoisse est mal aisée à traduire.
Très beau pupitre de cuivres en particulier, l’harmonie ayant été déjà glorieusement mise à contribution en début de concert avec l’ouverture de Szymanowski. Il y a des moments où la partition de Schumann semble partir dans des directions opposées, voire contradictoires, osciller entre joie de vivre et pessimisme, révolte et résignation.
Tout l’art du chef consiste à donner une direction globale à tout cela, une sorte d’unité au-dessus des divergences, sans pour autant nuire au foisonnement d’idées harmoniques qui traduit chacune de ces humeurs. Il lui a fallu pour cela s’appuyer sur une analyse très affinée des contrastes de timbres, avec justement cette importance des cuivres face au quatuor.
L’Orchestre lui-même a tenu à applaudir ce chef dont le renom n’a jamais paru moins usurpé.
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Salle Pleyel, Paris Le 11/04/2013 GĂ©rard MANNONI |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Thomas Engelbrock avec la participation du pianiste Radu Lupu à la salle Pleyel, Paris. | Karol Szymanowski (1882-1937)
Ouverture de concert op. 12
BĂ©la BartĂłk (1881-1945)
Concerto pour piano et orchestre n° 3, BB 127 (SZ.119)
Radu Lupu, piano
Robert Schumann (1810-1856)
Symphonie n° 2 en ut majeur op. 61
Orchestre de Paris
direction : Thomas Hengelbrock | |
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