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CRITIQUES DE CONCERTS 07 octobre 2024

I was looking at the Ceiling and then I saw the Sky de John Adams au Théâtre du Châtelet, Paris.

Exotisme stylistique
© Marie-NoĂ«lle Robert

Un an après avoir présenté une nouvelle production de l’opéra Nixon in China, le Châtelet réitère avec I was looking at the Ceiling and then I saw the Sky, songplay dont la création française avait eu lieu à Bobigny en 1995. Réalisation scénique efficace d’une grande clarté et magnifique interprétation musicale qui ont eu un succès public bien mérité.
 

Théatre du Châtelet, Paris
Le 14/06/2013
Olivier BRUNEL
 



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  • Le Théâtre Musical de Paris-Théâtre du Châtelet affiche une fidĂ©litĂ© exemplaire Ă  certains compositeurs contemporains amĂ©ricains. John Adams est de ceux-ci. Après la crĂ©ation mondiale d'El Niño en 2000, puis la reprise de Nixon in China la saison dernière et en attendant la saison prochaine The Flowering Tree, il vient de remporter un franc triomphe avec I Was Looking at the Ceiling and Then I Saw the Sky (Je regardais le plafond et soudain j'ai vu le ciel, selon une phrase prononcĂ©e par une victime du tremblement de terre de Northridge en 1994 qui est le cadre de l’action de ce songplay), dix-huit ans après la première parisienne de 1995 mise en scène par Peter Sellars Ă  la MC93 de Bobigny qui n’avait pas fait l’unanimitĂ©.

    La réalisation scénique de Giorgio Barberio Corsetti et Massimo Troncanetti y est pour beaucoup, qui simplifie, clarifie le livret de la poétesse et militante d’origine jamaïcaine June Anderson à qui Sellars avait à sa création accordé trop de poids politique et chargé de messages trop téléphonés.

    L’action, qui convoque sept personnages incarnant la diversité raciale, démographique et politique californienne plus qu’étatsunienne, de la fin du siècle dernier, n’est pas exempte de clichés qui peuvent parfois faire sourire, mais sont traités avec beaucoup de tact autant dans les lyrics que dans la musique.

    Il n’est pas innocent qu’Adams Ă  propos de son Ĺ“uvre se rĂ©fère Ă  « une histoire d’amour polyphonique dans le style des comĂ©dies de Shakespeare Â». Le message est clair, Adams ayant toujours revendiquĂ© un statut de compositeur tĂ©moin des phĂ©nomènes historiques de son temps, et n’invite pas Ă  la surcharge.

    L’utilisation d’une scénographie simple, assez mobile du point de vue des structures pour ne pas engendrer la monotonie et fortement rehaussée par l’utilisation virtuose de l’image, autant la vidéo que le dessin et même le graffiti, assure à cette nouvelle production un fort impact et tous les chanteurs acteurs (distribution entièrement américaine) incarnent leurs rôles avec une conviction exemplaire.

    La musique de ce songplay, en fait une succession de numĂ©ros chantĂ©s sans dialogues parlĂ©s, s’approche au plus près du style musical, influence que John Adams ne renie pas, son enfance ayant Ă©tĂ© bercĂ©e par Roger et Hammerstein, Gershwin et Bernstein, mais il serait trop simple d’essayer de faire entrer aussi simplement ce compositeur dans une seule case. On est lĂ , selon l’expression de GĂ©rard CondĂ© dans les notes du programme, face Ă  « une sorte d’exotisme stylistique Â» et l’atypie du compositeur est certainement sa qualification principale.

    L’orchestre se compose de huit musiciens – clarinettes, piano et synthétiseurs, guitare, contrebasse et percussions – donc très proche d’une formation de pop music, et la partition laisse une certaine part à l’improvisation. On est, sauf parfois dans la seconde partie, assez éloigné du style purement musical, et les sous-titres de certains morceaux : rock à la Supertramp, improvisation aléatoire à la Witold Lutoslawski dans le style rock (pour le tremblement de terre), duo polymétrique raffiné, marqué par l’influence latine, en disent long sur cette grande diversité stylistique.

    Alexander Briger, qui dirigeait aussi la reprise de Nixon in China l’an dernier mène magistralement cet ensemble de musiciens ainsi que les parties chorales. Il serait impossible de louer davantage un chanteur qu’un autre tant la distribution de ces représentations est homogène avec des chanteurs, tous américains, parfaitement typés physiquement pour leurs rôles, autant excellents chanteurs que comédiens et tous engagés à fond dans cette extraordinaire et singulière aventure socio-musicale.




    Théatre du Châtelet, Paris
    Le 14/06/2013
    Olivier BRUNEL

    I was looking at the Ceiling and then I saw the Sky de John Adams au Théâtre du Châtelet, Paris.
    I was looking at the Ceiling and then I saw the Sky
    Songplay en deux actes (1995)
    musique : John Adams (né en 1947)
    livret et lyrics : June Jordan
    mise en scène & scénographie: Giorgio Barberio Corsetti et Massimo Troncanetti
    costumes : Francesco Esposito
    Ă©clairages : Marco Giusti
    conception et réalisation sonore : Mark Grey
    vidéo : Igor Renzetti
    animation des images : Lorenzo Bruno
    Chœur et Orchestre du Châtelet
    direction musicale : Alexandre Briger

    Avec :
    Carlton Ford (Dewain), Hlengiwe Mkhwanazi (Consuelo), Joel O'Cangha (David), Janinah Burnett (Leila), John Brancy (Mike), Jonathan Tan (Rick), Wallis Giunta (Tiffany).

     


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