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CRITIQUES DE CONCERTS |
04 octobre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris sous la direction de Sir Andrew Davis, avec la participation du pianiste David Fray à l’Opéra Bastille, Paris.
À pianiste appliqué, chef électrisé
Étrange, le dernier concert symphonique de la saison de l’Opéra de Paris avec trois œuvres disparates, sans aucune relation stylistique entre elles, dignes d’un affichage à la Prévert. La salle bondée fait au chef britannique, peu souvent à Paris, Sir Andrew Davis, un véritable triomphe, après le Mozart plutôt appliqué de David Fray.
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Quel lien entre Un Sourire d’Olivier Messiaen, le Concerto pour piano n° 20 de Mozart et la Symphonie l’Inextinguible de Carl Nielsen ? Aucun. C’est bien ce que l’on peut reprocher à ce genre de concert à l’Opéra Bastille où un public populaire afflue et souhaiterait sans doute une certaine cohérence entre les œuvres.
L’Orchestre de l’Opéra est magnifique, qu’il soit dans la fosse ou sur scène. On le répète si souvent qu’il ne faudrait pas que ces éloges lui montent à la tête. Chaque concert est une remise en question totale. Le voilà donc après un Ring de Wagner qui a surpassé toutes les attentes sous la férule de Philippe Jordan.
Le sublime Un Sourire d’Oliver Messiaen fait penser à celui, énigmatique, de l’ange de Reims. C’est une musique qui coule naturellement dans les veines des musiciens de l’Opéra, tant ils ont joué Messiaen. Ils sont sensibles, économes et intenses dans cette partition créée pour le bicentenaire de la mort de Mozart.
Mais, curieusement, l’orchestre, dans son envolée pleine de gazouillis d’oiseaux, n’était peut-être pas prêt à un recentrage sur Mozart. Tout est trop fort, trop précipité, trop rapide ou curieusement trop lent. Aucune symbiose entre les musiciens, le chef et le soliste. Sans doute était-ce peu répété, peu ajusté ? Le pianiste David Fray s’en trouve fragilisé musicalement et physiquement.
Se repliant sur lui-même comme un escargot rentre dans sa coquille, il ne laisse qu’apercevoir sa fibre mozartienne. Même ce moment de grâce que constitue la Romance centrale n’émeut guère. Le désarroi du soliste semble aussi palpable que le charme de ses notes romantiques avant l’heure. Comme on aimerait le réentendre dans une confrontation plus seyante ! Le Bach qu’il donne en bis confirme sa maîtrise, son engagement et la séduction de son jeu éblouissant.
Certes, la nouvelle conque de la Bastille absorbe et divulgue le son avec subtilité. C’était donc un jeu pour le chef britannique Andrew Davis de se confronter avec un tel orchestre, dans cette configuration et avec cette partition magnifique si méconnue des auditeurs français, la Symphonie n° 4 du compositeur danois Carl Nielsen.
Écrite en 1914, créée en 1916, elle porte le titre bizarre d’« Inextinguible », mot que les dictionnaires définissent comme « qui ne peut s’arrêter, qu’on ne peut apaiser ». C’est un flot sonore, une énergie vitale qui déferlent dans une tension qui se poursuit dans les quatre mouvements enchaînés sans interruption.
L’Adagio annonce les grandes symphonies de Chostakovitch : quelques instants de paix, d’évocation de la nature ou de mystère spirituel donnent encore plus de force à la jubilation et à la fluidité qui submergent les spectateurs. L’orchestre est magnifiquement travaillé par le chef britannique, directeur de l’Opéra de Chicago. Sans doute y-a-t-il mis plus d’impulsion et d’enthousiasme que dans le concerto de Mozart.
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Opéra Bastille, Paris Le 27/06/2013 Nicole DUAULT |
| Concert de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris sous la direction de Sir Andrew Davis, avec la participation du pianiste David Fray à l’Opéra Bastille, Paris. | Olivier Messiaen (1908-1992)
Un Sourire
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour piano n° 20 en ré mineur
David Fray, piano
Carl Nielsen (1865-1931)
Symphonie n°4 op. 29 « L’Inextinguible »
Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : Sir Andrew Davis | |
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