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CRITIQUES DE CONCERTS 19 avril 2024

Concert de l’Orchestre philharmonique russe sous la direction de Kazuki Yamada, avec la participation du violoncelliste Alexandre Kniazev à la Bourse du travail de Lyon.

Plongée dans l'âme russe

L'Auditorium de Lyon lance sa série d'invitations aux orchestres internationaux en consacrant une première manifestation à la musique et aux artistes russes. Un concert d'exception révélant un très bel orchestre moscovite et un effarant Alexandre Kniazev sous la férule du seul non slave de cette soirée, Kazuki Yamada.
 

Bourse du travail, Lyon
Le 27/09/2013
Benjamin GRENARD
 



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  • Lors d'une saison symphonique, si beaucoup de prestations témoignent de grandes qualités, il ne demeure souvent que quelques concerts grandioses qui marquent durablement. L'Auditorium de Lyon commence ainsi à la perfection sa saison d'orchestres invités avec une soirée remarquable, d'une rare intensité dans le voyage intérieur.

    Dès les premières notes, on s'attend à une soirée exceptionnelle : projetée par une impulsion extraordinaire avec des cordes ébouriffantes, l'ouverture de Rouslan et Ludmila assoit d'emblée la pertinence de Kazuki Yamada. Le chef nippon cultive un Glinka d'esprit latin, virtuose, porté par une grande fraîcheur théâtrale et des violoncelles très lyriques.

    Certes, le grain des cordes de l'Orchestre de Moscou se matérialise avec une certaine épaisseur nous éloignant nettement des rivages lumineux de la Méditerranée. Une manière finalement assez habile d'inscrire Glinka tout autant dans sa spécificité russe que dans la lignée de la musique européenne.

    Mais c'est surtout dans le Concerto pour violoncelle n° 1 de Chostakovitch que l’on plonge littéralement dans l'intensité de l'expérience intérieure. Alexandre Kniazev, enraciné dans la matière, irradie par sa présence hors norme, animale, phénoménale. L'équilibre entre soliste et orchestre s'accommode parfaitement de la salle de la Bourse du travail, avec un violoncelle surpuissant, d'un archet très à la corde, rudoyant la matière pour puiser jusque dans le minéral le plus profond de l'instrument.

    L'œuvre de Chostakovitch en ressort torturée à l'extrême, voyageant dans des régions quasi psychotiques. Cette musique parfois décriée apparaît alors dans toute sa moderne crudité, grâce à l'engagement total de Kniazev, aussi psychique que corporel, jusque dans des soubresauts vocaux lui échappant lorsqu’il va forer dans la matière instrumentale. L'excellente baguette de Yamada apparaîtrait presque prudente en comparaison.

    Dans le fond, seul un interprète russe peut sans doute s'aventurer dans des contrées aussi périlleuses et tutoyer le démon sans perdre tout à fait son âme et briser le fil fragile qui le relie à la raison. Étonnante expérience artistique nous prouvant que subsiste la présence de l'esprit dans des univers aussi inhospitaliers.

    La deuxième partie apporte la réponse salutaire nécessaire : les Russes aussi ont droit à leur rédemption, celle du cœur, capable de laver toute la noirceur de ces maudites questions de la vie dostoïevskiennes. Une carte que Yamada joue clairement à fond en livrant une lecture toujours passionnante et sensible de la Deuxième Symphonie de Rachmaninov.

    Respectant toujours l'esprit et l'étincelle nécessaires au développement des affects, il emporte l'adhésion sans jamais tomber dans le côté salonnard dans lequel se laissent entraîner beaucoup d'interprètes. Dosant savamment l'orchestre par masses, gérant le discours par vagues successives, le chef japonais inscrit bien Rachmaninov dans la tradition tchaïkovskienne, en laissant de côté tout pathos excessif.

    L'occasion d'apprécier les qualités d'un orchestre de haut niveau, surtout chez les cordes, et notamment la cohésion et la virtuosité d'un ensemble capable d'une interprétation constamment vivante. On regrettera cependant des cuivres un peu pointus, froids, au son droits sans réelle charpente. Des cuivres russes, certes, mais sans les qualités dramatiques habituelles d'un son chauffé à blanc. Une vétille au regard de la qualité exceptionnelle du concert.




    Bourse du travail, Lyon
    Le 27/09/2013
    Benjamin GRENARD

    Concert de l’Orchestre philharmonique russe sous la direction de Kazuki Yamada, avec la participation du violoncelliste Alexandre Kniazev à la Bourse du travail de Lyon.
    Mikhaïl Glinka (1804-1857)
    Rouslan et Ludmila, ouverture
    Dimitri Chostakovitch (1906-1975)
    Concerto pour violoncelle et orchestre n° 1 en mib majeur op. 107
    Alexandre Kniazev, violoncelle
    Sergueï Rachmaninov (1873-1943)
    Symphonie n° 2 en mi mineur op. 27
    Orchestre de la Ville de Moscou-Philharmonique Russe
    direction : Kazuki Yamada

     


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