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CRITIQUES DE CONCERTS |
07 octobre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Paavo Järvi, avec la participation du pianiste Yefim Bronfman à la salle Pleyel, Paris.
Fortissimo !
Ouverture de Glinka, Premier Concerto de Tchaïkovski, Cinquième Symphonie de Prokofiev : trois aspects de la musique russe nous étaient proposés par un Orchestre de Paris qu’on a connu plus en forme sous la direction de son directeur Paavo Järvi. Un concert claironnant où la participation de Yefim Bronfman fut d’une indiscutable exemplarité.
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L’ouverture de l’opéra de Glinka, Russlan et Ludmilla, permet à l’Orchestre de Paris d’attaquer ce concert avec un bel entrain. Hélas, la précision n’est pas toujours au rendez-vous de ses accents militaires. Cette allure martiale demeure sans états d’âme durant les six minutes de l’œuvre.
Calmement, profondément, Yefim Bronfman plaque les accords de la vaste introduction du Concerto pour piano n° 1 de Tchaïkovski. Enchaîne sa première cadence avec la même tranquille assurance. Maître d’une œuvre qu’il possède visiblement dans ses moindres détails, le soliste joue superbement de sa virtuosité comme de sa puissance.
Bien campé sur ses tempi, il en proclame le lyrisme avec une impeccable détermination dont l’expressivité, capable d’emportements mais aussi d’apaisement, s’engage sans jamais nous surprendre ou nous décevoir. C’est à la deuxième cadence que Brofman fusionne urgence et rêverie. La sonorité se diapre dans les aigus. Mais demeuré sans couleurs, l’Orchestre de Paris n’en a cure.
Son dialogue avec le soliste se poursuit aussi prosaïquement dans l’Andantino simplice, cependant que staccati d’accords légers parfaits, Prestissimo éblouissant au piano, subtilité des crescendi déroulent joliment leur éloquence mélodieuse. N’y manque qu’une certaine féérie.
Le dernier mouvement brille de tous ses feux. Toujours fidèle aux intentions de la partition, la sonorité des traits perlés maintenant radieuse, l’élégance des rythmes dansants admirable, le pianiste mène cet Allegro con fuoco à son apothéose. Ne manque ici qu’une certaine exaltation.
La Cinquième Symphonie de Prokofiev déclenche à l’orchestre la même démonstration de force que l’ouverture de Glinka. Certes, composée à Moscou en 1944, « telle l’expression de la grandeur de l’esprit humain », elle proclame sa combattivité dès l’Andante liminaire. Mais si engagée soit-elle, mérite-t-elle de tels cataclysmes ?
Les élans épiques virent au déchaînement teutonique. Fortissimo, les pupitres se confondent, tous au premier plan. Sous la direction de son chef permanent, on a connu l’Orchestre de Paris en meilleure forme que ce soir. Avec quelques décalages et des pupitres impersonnels, l’agitation brouille la célèbre et grandiose bataille symphonique.
Retour à la précision avec la toccata de l’Allegro marcato. Malgré une sorte de raideur, son rythme brillamment impitoyable s’impose. Hélas, hautbois, clarinette et cors ont mieux chanté. Lourdement funèbre, l’Adagio souffre à nouveau du manque d’homogénéité de l’orchestre entre quelques moments fusionnels.
Le lyrisme s’épanouit enfin dans une gravité recueillie en reprise aux clameurs implacables des trombones, bonheur sans réserve d’une austérité bienvenue.
Festif, le dernier mouvement retrouve une frénésie impérative et bruyamment théâtrale. Sans se préoccuper de détails, une joie populaire triomphe, cuivres en tête, fortissimo !
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Salle Pleyel, Paris Le 23/10/2013 Claude HELLEU |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Paavo Järvi, avec la participation du pianiste Yefim Bronfman à la salle Pleyel, Paris. | Mikhaïl Glinka (1804-1857)
Russlan et Ludmilla, ouverture
Piotr Iliitch TchaĂŻkovski (1840-1893)
Concerto pour piano n° 1 en sib mineur, op. 23
Yefim Bronfman, piano
Serge Prokofiev (1891-1953)
Symphonie n° 5 en sib majeur, op. 100
Orchestre de Paris
direction : Paavo Järvi | |
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