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CRITIQUES DE CONCERTS 27 avril 2024

Récital du pianiste Boris Berezovsky au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.

Impassibilité somptueuse

Que son jeu choisisse la douceur ou domine les prouesses des œuvres qu’il confronte, Boris Berezovsky demeure immobile, bras et mains irradiés d’une rare puissance, le visage impénétrable. Son choix de musique française, après le slave Rachmaninov, a offert un programme de toute beauté, auquel n’a manqué qu’une touche de magie pour le transcender.
 

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 17/03/2014
Claude HELLEU
 



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  • Il s’assoit au piano et rentre aussitôt dans la virtuosité de l’Étude-tableau op. 39 n° 1. La main gauche remarquablement présente oppose ses octaves aux arpèges brisés de la main droite, d’emblée on admire. Rythmes impératifs, traits vertigineux, douceur et même nonchalance s’enchaînent avec la même précision, le juste dosage, sous les doigts d’un Boris Berezovsky aussi impassible quand la puissance naturelle irradie le jeu ou lorsqu’il nuance ses couleurs.

    Les sommets et la profondeur de l’op. 39 n° 7 comblent l’oreille, la figure immuablement répétée dans la sérénité de l’op. 39 n° 2 ravissent l’écoute, on ne saurait désirer que l’apparition d’un peu plus d’émotion sous les évocations. Le pianiste russe, un des plus grands à l’heure actuelle, honore pleinement les six Études-Tableaux de Rachmaninov choisies et présentées dans un ordre particulièrement intéressant, mais l’interprète semble ce soir quelque peu absent de la présentation superbe et fidèle qu’il en donne.

    Fougue de la Sonate n° 2 de Rachmaninov, où les martèlements d’accords élastiques, sobrement, magnifiquement péremptoires, n‘introduisent pas l’élément dramatique qu’on peut en attendre, alors que la technique spectaculaire se fait oublier dans l’évidence de ses défis. Et les variations du deuxième mouvement se développent au mieux d’une évolution qui pourrait se révéler plus romantique. Finale impressionnant.

    Avec la même retenue apparente, Boris Berezovsky lui donne une ampleur sonore somptueuse. Prend-elle le pas sur le lyrisme de la partition ? C’est un peu, ce soir, comme si toute cette richesse d’écriture allait de soi pour un homme qui la connaît et la maîtrise au point de ne plus avoir tant besoin de s’y investir ces jours où l’état de grâce n’est pas au rendez-vous. – Ou est-ce l’auditeur qui ne l’atteint pas ?

    S’attaquer aux subtilités de la musique française est un défi d’une autre nature que Berezovsky relève après l’entracte. La sonorité toujours pleine, l’attaque jamais dure, la caresse des touches attentive aux résonnances demeurent maîtresses des continuités mystérieuses, des souplesses de rythmes, du moindre frémissement tonal, de l’alchimie harmonique, percutent les staccatos décidés, les danses endiablées, enfièvrent les rafales de vent, les brusqueries des Préludes extraits du Premier livre de Debussy.

    Contrastes et éclairages de toute beauté affirmés dans ces pages le sont peut-être au détriment de leur indéfinissable suggestivité ? Qui retrouve sa magie dans Gaspard de la nuit. Ondine qui frôle de ces gouttes d’eau les losanges sonores de ta fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune séduit, se fâche, se moque et s’évanouit. C’est la plainte du pendu sur cette fameuse note obsédante, ici lancinante, sib immuable au cœur de l’atmosphère angoissée de ce Gibet.

    C’est enfin Scarbo qui apparaît, se cache et ressurgit et là… prouesses diaboliques, délires de rythmes, de dissonances, audaces en tous genres se percutent sous son inspiration. Trublion, gnome, démon, il a raison du détachement de son interprète et règne sur Boris Berezovski pour le meilleur du monde fantastique qu’ils recréent dans une poursuite palpitante.




    Théâtre des Champs-Élysées, Paris
    Le 17/03/2014
    Claude HELLEU

    Récital du pianiste Boris Berezovsky au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
    Sergei Rachmaninov (1873-1943)
    Études-Tableaux op. 39 n°1 ; op. 33 n°4, 5 et 2 ; op. 39 n°7 et 5
    Sonate n° 2
    Claude Debussy (1862-1918)
    Préludes extraits du Premier Livre
    Maurice Ravel (1875-1937)
    Gaspard de la nuit
    Boris Berezovsky, piano

     


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