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CRITIQUES DE CONCERTS 27 juillet 2024

Sixième Symphonie de Mahler par l’Orchestre philharmonique de Rotterdam sous la direction de Yannick Nézet-Séguin au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.

Jusqu’aux limites extrêmes
© Marco Borggreve

Successeur de Valery Gergiev à la direction de l’Orchestre Philharmonique de Rotterdam depuis 2008, le jeune chef québécois Yannick Nézet-Seguin l’a emmené jusqu’aux limites extrêmes de la Sixième Symphonie de Mahler lors d’un concert dont l’inspiration visionnaire n’a cessé d’habiter passion grandiose et concision lapidaire.
 

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 19/09/2014
Claude HELLEU
 



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  • Marche conquĂ©rante, plĂ©nitude des sonoritĂ©s de l’Orchestre philharmonique de Rotterdam nous engagent immĂ©diatement dans l’immense Sixième Symphonie de Mahler. Climat saisissant. Rafales des vents, grondements des cordes, batteries inquiĂ©tantes soulèvent l’écoute. Le rythme monte, implacable.

    Attentif à chaque pupitre, à chaque soliste d’un orchestre dont la clarté souligne l’éloquence, Yannick Nézet-Séguin l’entraîne avec une concision lapidaire dans les rébellions mais aussi les émerveillements, tous grandioses, d’un parcours haletant. Quand une accalmie pastorale s’y glisse, sa rêverie n’est pas moins expressive que les provocations qui la précèdent et lui succèdent.

    Rage, indignation, colère, souffrance le disputent à l’imminence de la catastrophe existentielle, les voix instrumentales le clament, le crient, s’indignent, chacune et toutes fusionnelles. Pénétrant les excès de la partition sans jamais les déborder, habité des luttes furieuses qu’il exaspère et maîtrise tout autant, sensible à l’émoi qui les traverse, le jeune chef québécois les fouille et les transcende en visionnaire de leurs intentions.

    Exaltation d’une densité sidérante. Elle tend peut-être un peu trop les sarcasmes du Scherzo au détriment de son ironie. Mais sous leur amertume persiste l’angoisse ravageuse dont nous repose le réalisme d’un moment champêtre d’une grande noblesse, où le tintement des cloches de troupeau souligne la pureté de l’air.

    Avant qu’un Finale apocalyptique porte à leurs limites extrêmes les résonnances abruptes, les combats terrifiants, les défis titanesques, chocs et étreintes paroxystiques, les soulèvements volcaniques, les jubilations grinçantes, les tornades désespérées d’un témoignage dont l’intensité serait presque insupportable si elle n’était aussi bouleversante.

    Les couleurs des cordes à celles des bois mêlés prennent une amplitude supraterrestre. Le corps possédé des extases comme des fulgurances qu’il partage avec les musiciens, le public, Mahler ressuscité, Yannick Nézet-Séguin se révèle un démiurge de cet univers mahlérien où nous nous découvrons, happés, éblouis, suffoqués.

    Tragédie d’un au-delà omniprésent. La massue assénée sur la percussion à deux reprises en un coup magistral n’est qu’un simple élément de la puissance atteinte par des cuivres fatals, des bois indignés, des cordes envoûtées. Les thèmes se disloquent, les trombones sur de sourdes timbales, les cordes graves, les bassons, la clarinette basse noircissent l’atmosphère. Silence. Suspense. Grosse caisse et sobre pizzicato de cordes. Fin.

    Si elle signifie la descente au tombeau du héros de cette Sixième Symphonie évoqué par Mahler, ce point final à son histoire nous garde encore un vrai moment sur les sommets atteints un certain soir inoubliable.




    Théâtre des Champs-Élysées, Paris
    Le 19/09/2014
    Claude HELLEU

    Sixième Symphonie de Mahler par l’Orchestre philharmonique de Rotterdam sous la direction de Yannick Nézet-Séguin au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
    Gustav Mahler (1860-1911)
    Symphonie n° 6 en la mineur « Tragique Â»
    Orchestre Philharmonique de Rotterdam
    direction : Yannick NĂ©zet-SĂ©guin

     


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