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CRITIQUES DE CONCERTS |
12 octobre 2024 |
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Nouvelle production du Tour d’écrou de Britten dans une mise en scène de Jan Essinger et sous la direction de Constantin Trinks à l’Opéra de Zurich.
Britten aseptisé
Déception pour cette nouvelle production de The Turn of the Screw de Britten à l’Opernhaus de Zürich du fait d’une scénographie aseptisée et systématique. Layla Claire en Gouvernante fait tout ce qu’elle peut mais son manque de charisme est un cruel handicap pour ce rôle. Pavol Breslik confirme par contre en Peter Quint tout le bien que l’on pense de lui.
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Cette nouvelle production du Tour d’écrou due à Willy Decker mais achevée par Jan Essinger (le premier ayant dû abandonner pour raisons de santé) fait furieusement penser à la production de Luc Bondy créée au festival d’Aix-en-Provence en 2001 : même univers glacé, presque aseptisé, même dénuement d’un intérieur très chic.
Mais là où Bondy faisait se mouvoir les parois de manière inquiétante, Essinger fait simplement tourner le plateau en continu. Ce dispositif systématique devient lassant malgré les changements de vitesse et d’accessoires et malgré les apparitions surprenantes que cela permet. Surtout, une telle scénographie montre tout dès le début et ne laisse rien dans l’ombre, ce qui peut paraître un contresens pour un tel ouvrage où l’inconnu et l’étrange ont une place prépondérante.
La direction d’acteurs renferme par contre de belles idées, les apparitions des spectres de Quint et Miss Jessel sont parfois fort réussies mais suscitent des réactions diverses chez la Gouvernante qui semble tantôt les voir, tantôt les ignorer, ce qui provoque un certain flou dans l’approche dramaturgique.
Cela n’en occulte pas pour autant la force de quelques scènes, notamment le Malo, Malo de Miles où la figure de Quint a une présence menaçante, le début du II lorsque Miss Jessel est multipliée par huit ou encore la scène finale, même si l’on n’atteint pas la force de la production de Bondy. On en finirait par croire que ce travail parfois lisse, voire froid, manque un peu de personnalité.
Et l’on en viendrait presque à penser la même chose de la partie musicale concernant certains chanteurs, à commencer par la Gouvernante de Layla Claire. Cette jeune soprano, malgré un bel investissement, une voix saine et solide, paraît quelque peu transparente et n’arrive pas à complètement habiter le rôle.
Même si elle s’affirme davantage dans la scène finale, l’incarnation et la progression psychologique sont trop superficielles pour pleinement convaincre. Il en va hélas de même avec les deux enfants qui, là encore, malgré une certaine aisance scénique et des voix bien conduites, semblent plus traverser l’action que la vivre réellement : trop uniformément sages ou droits et pas assez étranges ou vénéneux quand il le faudrait.
À un autre niveau se situent les partenaires, à commencer par le remarquable Pavol Breslik qui campe un fort séduisant Quint. S’il manque un brin d’idiomatisme, il captive par sa prestance, sa présence et un très beau timbre, atout non négligeable pour ce rôle. Il forme un couple très crédible avec la Miss Jessel de Giselle Allen tandis qu’Hedwig Fassbender en Mrs Grose est très à l’aise dans une tessiture qui ne ménage pourtant pas le haut du registre.
Il faut enfin louer la superbe direction de Constantin Trinks, nuancée et fine, à la tête d’un Philharmonia de Zurich très soigneux, avec surtout de magnifiques bois dont il faut particulièrement distinguer Clément Noël au hautbois, qui nous gratifie par ailleurs de splendides solos de cor anglais.
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