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CRITIQUES DE CONCERTS 19 mars 2024

Concert de l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam sous la direction d’Andris Nelsons, avec la participation de la violoniste Anne-Sophie Mutter à la Philharmonie de Paris.

Une leçon d’orchestre
© Marco Borggreve

Pour sa deuxième apparition à la Philharmonie en l’espace de trois semaines, l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam donne à nouveau une leçon dans un programme mené de main de maître par Andris Nelsons. Seul l’archet hautement contestable d’Anne-Sophie Mutter aurait de quoi brouiller une soirée d’orchestre sur les sommets.
 

Philharmonie, Paris
Le 10/03/2015
Yannick MILLON
 



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  • Depuis la disparition de son mentor Herbert von Karajan il y a vingt-cinq ans, la violoniste Anne-Sophie Mutter n’a jamais retrouvĂ© un maestro aussi capable de la cadrer, de contrer avec autant d’habiletĂ© sa tendance naturelle Ă  la dispersion. Car ce soir encore Ă  la Philharmonie, violon et direction auront rarement Ă©tĂ© sur la mĂŞme longueur d’onde dans un Concerto pour violon de Sibelius dont on retiendra quelques instantanĂ©s au sein d’une interprĂ©tation dĂ©cousue, sans architecture solide ni vĂ©ritable Ă©lan global.

    La violoniste, qui sait encore à l’occasion faire rugir une corde de sol pleine et charnue, s’y perd par trop dans une série de points d’arrêt brisant la continuité du discours et forçant Andris Nelsons à d’incroyables contorsions pour faire tenir debout une partie d’orchestre où il sait pourtant mettre en valeur le moindre élément rythmique, le moindre timbre original (les cors bouchés), la moindre cellule génératrice de vie.

    Entamant sa première phrase avec un son censément nordique mais qui n’est que grêle, Mutter ne trouve jamais la coulée naturelle de cette partition dont elle force tous les aspects, tant le lyrisme tendre que les grandes envolées, tant les suspensions aux limites du silence que l’énergie rythmique (une fin de premier mouvement en course de vitesse), jusqu’à y perdre plus d’une fois sa justesse (le hors piste détonnant au milieu du Finale).

    De plus, Nelsons, gestique toujours aussi singulière, attitude relâchée au pupitre, fesses écrasées contre la barre de son podium à laquelle il agrippe à plusieurs occasions sa main gauche, jambes écartées et torsions en tous genres des auriculaires aux coudes, donne souvent l’impression d’avoir du mal à suivre sa soliste, alors que l’orchestre lui mange littéralement dans la main.

    Cette dévotion des musiciens néerlandais suivant le chef letton dans la moindre embuscade se retrouve dans une Dixième Symphonie de Chostakovitch admirablement domptée, leçon de direction autant que de tenue orchestrale, même si l’on reste in fine beaucoup plus impressionné par sa rigueur intellectuelle et ses admirables sonorités que par le sentiment de se confronter à une expérience humaine jusqu’au-boutiste.

    Ce Chostakovitch-là tient nettement plus des lectures occidentales façon impeccable horlogerie musicale que des authentiques saignées sonores laissant tétanisé par leur acuité psychologique. On pense souvent à Haitink devant cet art de développer la ligne, avec un tempo global plus soutenu dans le long Moderato initial, mais aussi à Karajan dans le deuxième mouvement, court Allegro censé portraiturer le dictateur Staline tout juste disparu en cette année 1953.

    On y retrouve le tempo qui ne presse jamais, les cordes burinées, admirablement accrocheuses, d’un magnifique poids, et l’art de ne jamais sombrer dans le too much dans la nuance, même si l’on sent ici que les musiciens ont parfaitement intégré les données acoustiques de la Philharmonie dans une dernière fusée de tout l’orchestre à la résonance parfaite.

    Après un Allegretto intermédiaire où s’illustre comme il y a trois semaines le cor solo impérial du jeune Félix Dervaux, jouant ici d’une filiation mahlérienne évidente, Nelsons avait réservé sa plus belle science aux rapides variations atmosphériques du Finale, donnant à entendre des bois solos de toute beauté (le basson de Ronald Karten, le piccolo de Vincent Cortvrint) et un épisode terminal superbement enlevé, incontestable de métier et d’intelligence dramatique.




    Philharmonie, Paris
    Le 10/03/2015
    Yannick MILLON

    Concert de l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam sous la direction d’Andris Nelsons, avec la participation de la violoniste Anne-Sophie Mutter à la Philharmonie de Paris.
    Jean Sibelius (1865-1957)
    Concerto pour violon en ré mineur op. 47
    Anne-Sophie Mutter, violon
    Dmitri Chostakovitch (1906-1975)
    Symphonie n° 10 en mi mineur op. 93
    Concertgebouw Orchestra Amsterdam
    direction : Andris Nelsons

     


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