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CRITIQUES DE CONCERTS |
07 septembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction d’Herbert Blomstedt, avec la participation de la violoniste Isabelle Faust, du violoncelliste Jean-Guihen Queyras et du pianiste Martin Helmchen à la Philharmonie de Paris.
Un héraut brucknérien
Quinze jours à peine après la Neuvième de Bruckner donnée par Bernard Haitink et l’Orchestre national, c’est au tour de l’Orchestre de Paris de placer l’œuvre au programme d’un concert à la Philharmonie, dirigé par Herbert Blomstedt, brucknérien tout aussi émérite. En première partie, un Triple Concerto de Beethoven sans vaillance et aux solistes guère en phase.
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Si le Triple Concerto n’est pas connu pour être la meilleure œuvre de Beethoven, certains partis pris artistiques peuvent encore renforcer cette idée, à commencer par le choix d’un orchestre en formation Mozart utilisé par Herbert Blomstedt. Car si alléger le propos semble quasi obligatoire ces dernières années pour les ouvrages écrits avant 1850, cela ne permet pas toujours d’en faire ressortir chaque trait d’une partition, et ni les attaques légères ni la fluidité demandées par le chef ne parviennent à développer le souffle épique du concerto, particulièrement au Rondo, dont vaillance et accents sont absents.
Les solistes ne semblent pas non plus en phase entre eux : Isabelle Faust est moins ascétique que le pianiste, mais n’a pas la chaleur du violoncelliste, malheureusement vite dérangé par de nombreux accrocs, surtout dans le Largo. C’est donc au bis qu’on trouve le plus de cohésion, lorsque les trois artistes interprètent un mouvement lent de trio de Beethoven.
La Symphonie n° 9 de Bruckner réserve plus de surprises, à commencer par ce son chaud aux cordes devenu rare aujourd’hui, qui rappelle la superbe Cinquième du même compositeur jouée en 2010 par le chef suédois, lors de son retour après plus de vingt ans d’absence au pupitre de l’orchestre parisien. Le choix d’un tempo rapide ne limite pas pour autant l’émotivité, et permet un deuxième mouvement très dynamique, au staccato marqué. L’Adagio final, dernier mouvement achevé par la main du maître, développe à loisir les polyphonies et touche au sublime dans les dernières minutes, à partir du solo de flûte lançant le dernier accord de mi majeur.
Dommage que l’orchestre ne soit pas toujours à son meilleur, moins précis que le National le 23 février à la Maison de la Radio, surtout dans une petite harmonie qui nous a habitué à mieux. Plus nets, les cuivres s’en sortent avec les honneurs, et les cors brillent dans l’Adagio lorsqu’ils doivent troquer leurs instruments contre des tubas wagnériens. Les premiers violons et surtout les violoncelles auraient pu améliorer certaines attaques, mais portent globalement haut la prestation, nous faisant seulement regretter qu’un deuxième soir n’ait pas été prévu, où la plupart des défauts se seraient certainement atténués.
Malgré tout, l’interprétation passionnante de cette inachevée nous aura encore une fois montré le bon niveau des concerts de la capitale, et la nécessité d’avoir construit une philharmonie aux conditions acoustiques bien supérieures à la salle Pleyel, qui mérite encore des optimisations pour atteindre les références internationales.
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Philharmonie, Paris Le 11/03/2015 Vincent GUILLEMIN |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction d’Herbert Blomstedt, avec la participation de la violoniste Isabelle Faust, du violoncelliste Jean-Guihen Queyras et du pianiste Martin Helmchen à la Philharmonie de Paris. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Triple Concerto pour violon, violoncelle et piano en ut majeur op. 56
Isabelle Faust, violon
Jean-Guihen Queyras, violoncelle
Martin Helmchen, piano
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie n° 9 en ré mineur
Édition Nowak (1951)
Orchestre de Paris
direction : Herbert Blomstedt | |
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