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CRITIQUES DE CONCERTS 24 avril 2024

Nouvelle production d’Elektra de Strauss dans une mise en scène d’Uwe Eric Laufenberg et sous la direction de Mikko Franck à l’Opéra de Vienne.

Elektra Isolata

Lorsque l’une des plus grandes sopranos wagnériennes prend le rôle-titre dans une nouvelle production d’un opéra de Richard Strauss, et qu’elle choisit de surcroît l’Opéra de Vienne, l’événement est d’importance. Mais presque seule contre tous dans le livret d’Hofmannsthal, Elektra l’est aussi ce soir sur la première scène autrichienne.
 

Staatsoper, Wien
Le 07/04/2015
Vincent GUILLEMIN
 



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  • Après les triomphes d’Evelyn Herlitzius et Christine Goerke sur les plus grandes scènes, cette dĂ©cennie aux grandes Elektra ajoute Ă  la fĂŞte l’actuelle BrĂĽnnhilde de rĂ©fĂ©rence, Nina Stemme, prenant le rĂ´le-titre Ă  Vienne après avoir Ă©cumĂ© celui de SalomĂ© dans le monde la saison passĂ©e. Elle y assure une prestation de très haut niveau grâce Ă  son opulence sonore et son Ă©tendue vocale, malgrĂ© un premier monologue fini dans la douleur. Splendide dans la scène de la reconnaissance d’Oreste oĂą la partie mĂ©dium lui donne une confortable assise, elle l’est aussi par ses aigus et sa stabilitĂ© dans la scène finale.

    Pour accompagner la Suédoise, les hommes sont un atout de poids grâce à l’Oreste grave de Falk Struckmann et à son Précepteur Wolfgang Bankl, non prévu au départ et venu du Rosenkavalier de la veille pour tenir impeccablement ce rôle secondaire ; puis avec l’Égisthe de caractère de Norbert Ernst, chanteur de la troupe depuis 2010. L’ensemble viennois possède également de nombreux atouts pour fournir les rôles des servantes, dont la troisième, souffrante ce soir, est remplacée pour l’occasion par la remarquable Melanie Diener, Chrysothemis sur d’autres scènes.

    Clytemnestre présente une Anna Larsson en difficulté, tant par un souffle limité en fin de phrase que par une tessiture assez inadaptée dans le haut du spectre. Gun-Brit Barkmin s’en sort mieux en Chrysothémis alors qu’elle remplace Anne Schwannewilms, indisponible dès la première. Son timbre n’est pas le plus joli qu’on connaisse et la prononciation pèche quelquefois, mais le rôle est intelligemment chanté et l’actrice possède une vraie présence scénique, malgré une dramaturgie quasi inexistante.

    Car si le pan vocal est plus qu’honorable, difficile de se rattacher à la mise en scène d’Uwe Eric Laufenberg et à cet univers de cave où charbon et douches se côtoient. Au départ, de jeunes filles nues et ensanglantés attendent avec peur que les servantes les nettoient au jet, avant de s’échapper pour les laisser à leurs jeux mystérieux. Un double ascenseur à cour permet de monter et descendre, sans qu’on comprenne vraiment vers quoi il mène. Y seront posés vers la fin les animaux morts décrits dans le livret, ainsi que des mannequins et un tas de bébés inanimés et pleins de sang.

    À un autre moment, les lettres de sang Tötet (mort) apparaîtront façon REDRUM du Shining de Stanley Kubrick, auquel on pense aussi lorsque l’héroïne attrape une hache dans l’idée de tuer sa mère. Cette création dans les décors de Rolf Glittenberg et les éclairages d’Andreas Grüter tente d’installer un climat, sans refléter à aucun moment un parti pris littéraire ou une véritable conception scénique, pas plus que les costumes de Marianne Glittenberg, mêlant une Elektra en costume noir à une Chrysothémis en robe blanche de jeune fille à marier, n’expliquent la psychologie des personnages.

    Pourtant, le plus problématique demeure au sein même du matériau musical de Strauss, dans la partition d’orchestre. La couleur si particulière et les timbres encore chargés d’histoire de l’Orchester der Wiener Staatsoper montre un ensemble parfaitement à son aise dans un ouvrage qu’il jouait encore à Salzbourg en 2010 sous la baguette de Daniele Gatti et à Vienne en 2012 avec Simone Young. Dirigé par Mikko Franck, il prend une teinte moderne et analytique très particulière, s’écartant définitivement des idées violentes et noires du compositeur et du librettiste, pour ne garder que le côté lumineux et expansif, au risque d’un total hors-sujet à de nombreuses reprises.

    Hué par une partie du public aux saluts après une scène finale maniérée et particulièrement inadaptée dans ses effets de lenteur, le chef devra se rattraper dans Salomé l’an prochain s’il veut convaincre à nouveau le public viennois, tandis que Nina Stemme portera son triomphe au Met dans la production de Patrice Chéreau et à Berlin dans celle de Kirsten Harms.




    Staatsoper, Wien
    Le 07/04/2015
    Vincent GUILLEMIN

    Nouvelle production d’Elektra de Strauss dans une mise en scène d’Uwe Eric Laufenberg et sous la direction de Mikko Franck à l’Opéra de Vienne.
    Richard Strauss (1864-1949)
    Elektra, tragédie en un acte (1909)
    Livret de Hugo von Hofmannsthal

    Chor und Orchester der Wiener Staatsoper
    direction : Mikko Franck
    mise en scène : Uwe Eric Laufenberg
    décors : Rolf Glittenberg
    costumes : Marianne Glittenberg
    lumières : Andreas Grüter

    Avec :
    Anna Larsson (Klytämnestra), Nina Stemme (Elektra), Gun-Brit Barkmin (Chrysothemis), Norbert Ernst (Aegist), Falk Struckmann (Orest), Wolfgang Bankl (Der Pfleger des Orest), Simina Ivan (Die Vertraute), Aura Twarowska (Die Schleppträgerin).

     


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