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CRITIQUES DE CONCERTS |
13 octobre 2024 |
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Reprise de Lohengrin de Wagner dans la mise en scène de Kasper Holten, sous la direction de Donald Runnicles à la Deutsche Oper de Berlin.
Lohengrin dans les Ă©toiles
Créée en 2012 avec Klaus Florian Vogt dans le rôle-titre, la production du Danois Kasper Holten du Lohengrin de Wagner à la Deutsche Oper de Berlin s’envole en 2015 grâce à une distribution renforcée par l’Elsa d’Anja Harteros, l’Ortrud de Waltraud Meier, le Roi Heinrich de Günther Groissböck, et un orchestre des grands soirs.
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La mise en scène de Kasper Holten n’avait pas particulièrement convaincu à sa création en 2012, ne convenant ni aux défenseurs d’un Wagner réflexif, ni à ceux d’un Wagner plus classique. Pas de cygne ici, mais un Lohengrin apparaissant portant ses ailes, qu’il posera ensuite sur lui pour ressembler à un ange.
Un théâtre de champ de bataille dévasté en ouverture, puis de belles images parfois, notamment dans le brouillard du I lors du combat entre Lohengrin et Telramund. Pour le reste, la scénographie de Steffen Aarfing est souvent identifiée par la toile de fond, soit directement en lien avec le livret, comme celle d’une église au moment des noces, soit en rapport au cosmos, avec l’étoile annonciatrice au I ou une photo de galaxie au début de l’acte médian.
La dramaturgie de Claudia Gotta manque d’intelligence dans les rapports humains et travaille surtout le personnage d’Elsa, à son apparition prisonnière et les yeux bandés, puis ôtant son ruban pour vérifier que Lohengrin apparaît bien en sauveur et non en rêve. Les scènes sont mises en valeur par les belles lumières de Jesper Kongshaug, dont les effets accompagnent superbement les effusions de l’orchestre et une distribution d’anthologie.
Lohengrin sur les plus grandes scènes du monde, Klaus Florian Vogt se surpasse à Berlin dans une gestion du souffle et du phrasé absolument impeccable. Rarement un artiste aura tenu aussi parfaitement chaque instant, tant par la splendeur du chant que par le rendu émotionnel ; l’audience se retrouve tellement accrochée à ses lèvres pendant In fernem Land qu’on n’entend plus aucun autre bruit dans la salle.
L’Elsa d’Anja Harteros évolue au cours de l’opéra : d’abord maniaque dans la prononciation et réservée sur l’ampleur sonore, elle exulte au III en laissant passer le fond avant la forme. Günther Groissböck complète ce trio de tête et magnifie Heinrich avec une fabuleuse stabilité dans les graves, posés et expressifs. Le couple Telramund mêle un John Lundgren noir et vaillant dont le seul défaut est le manque de clarté des consonnes, et une Ortrud portée haut à l’aigu par la fascinante Waltraud Meier. Le Heerrufer de Bastian Everink s’adapte au niveau de la soirée, tout comme les chœurs et les rôles secondaires, efficaces tant par la diction que par l’intelligence.
La direction d’orchestre porte ce festival vocal avec énergie et une balance plateau-fosse plus adaptée qu’il y a trois ans, même si elle tend encore à trop monter en volume sonore lors des climax. Sans faire preuve d’un excès de personnalité dans le discours, Donald Runnicles insuffle une formidable vigueur à son Orchester der Deutsche Oper Berlin, alternant finesse et dynamique, comme lors du très réussi prélude au III. On comprend que le public soit encore présent plus de vingt minutes après le tomber de rideau, et n’en finisse plus d’applaudir.
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Deutsche Oper, Berlin Le 19/04/2015 Vincent GUILLEMIN |
| Reprise de Lohengrin de Wagner dans la mise en scène de Kasper Holten, sous la direction de Donald Runnicles à la Deutsche Oper de Berlin. | Richard Wagner (1813-1883)
Lohengrin, opéra romantique en trois actes (1850)
Livret du compositeur
Chor und Extra-Chor der Deutschen Oper Berlin
Orchester der Deutschen Oper Berlin
direction : Donald Runnicles
mise en scène : Kasper Holten
décors et costumes : Steffen Aarfing
Ă©clairages : Jesper Kongshaug
préparation des chœurs : William Spaulding
Avec :
Klaus Florian Vogt (Lohengrin), Anja Harteros (Elsa), Günther Groissböck (Heinrich der Vogler), John Lundgren (Friedrich von Telramund), Waltraud Meier (Ortrud), Bastiaan Everink (Heerrufer des Königs), Paul Kaufmann, Alvaro Zambaro, Noel Bouley & Thomas Lehman (Brabantischer Edler). | |
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