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CRITIQUES DE CONCERTS |
15 septembre 2024 |
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Reprise de Ciboulette de Reynaldo Hahn dans la mise en scène de Michel Fau sous la direction de Laurence Equilbey à l’Opéra Comique, Paris.
Burlesque Ciboulette
Une quête du bonheur délicieusement absurde triomphe avec Ciboulette, la première partition légère qu’écrivit Reynaldo Hahn. L’opérette remise à l’honneur dans les Années folles au Théâtre des Variétés garde toute sa saveur à l’Opéra Comique. Sur des répliques désuètes et drôles, la mise en scène de Michel Fau en caricature à plaisir les évocations débridées.
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Ceux qui ont vu Ciboulette en février 2013 en gardent un souvenir ravi. Pétulance et drôlerie caractérisent l’ascension farfelue d’une vendeuse à la sauvette, mascotte des Halles de la capitale, vers la gloire d’une cantatrice espagnole à l’Opéra Comique ! Populaire et jamais vulgaire, la loufoquerie des répliques agencées par Robert de Flers et Francis de Croisset fait mouche.
Sur la musique enjouée de Reynaldo Hahn, l’opérette remise à l’honneur au Théâtre des Variétés en 1923 caricature avec bonheur une époque riche en couleurs, la fin du XIXe siècle. En robes à paniers extravagantes, uniformes rococo, blouses ou tenues excentriques en tous genres, cocottes et noctambules égrillards, maraîchers et richards participent au destin de Ciboulette. Rencontres miraculeuses et situations invraisemblables se multiplient et s’embrouillent dans une bonne humeur teintée d’un zest d’émotion. Un spectacle festif à la merci de ses interprètes.
Pourquoi la même réussite n’est-elle pas au rendez-vous de la reprise qui nous en est proposée ? La mise en scène de Michel Fau enchaîne les gags sans provoquer autant d’adhésion, celui de son interprétation capiteuse de la Comtesse de Castafiore étant indiscutablement un des plus jubilatoires. Le talent du comédien et aussi du chanteur le met en tête de la nombreuse distribution !
Celle-ci reste à un niveau honnête, chacun et chacune à sa place. Mélody Louledjian en est la charmante héroïne. Mince, jolie, vive, spontanée, son jeu séduit plus que sa petite voix, juste et droite, dont seuls les aigus bien timbrés projettent quelques mots alors compréhensibles. Les autres se perdent.
Autour d’elle, amoureux proche ou fuyant, le ténor Julien Behr campe un riche Antonin de Mourmelon aussi ahuri que grotesquement épris. Entre eux, Tassis Christoyannis impose un Duparquet sentimental et subtil en imaginatives conspirations. Sa présence vocale et humaine étaye le déroulé de l’intrigue abracadabrante et unifie ses successions de scènes. Le baryton est indiscutablement le pilier de l’action.
Est-ce Laurence Equilbey la responsable du rythme moins enlevé qu’à la création de cette production, pourtant déjà sous sa direction ? À la tête de l’Orchestre de chambre de Paris, sa direction alourdit la partition, susceptible de plus d’élégance et de légèreté, couvre souvent le chœur accentus. Les rôles que celui-ci endosse, tour à tour compagnie de hussards, badauds, femmes du demi-monde, villageois, public de l’opéra, convainquent plus ou moins. Ses phrases se perdent, un à peu près bon enfant règne tant dans les péripéties vocales que physiques. Mieux vaut ne pas comparer les levers de jambes collectifs de nos compatriotes à ceux réglés au cordeau dans les comédies musicales américaines.
Les numéros musicaux plus ou moins réussis et compréhensibles, mais heureusement surtitrés, n’en gardent pas moins leur fraîcheur ou leur portée burlesque. On rit souvent, on sourit de temps en temps aux moments de poésie. Et si le public n’a pas répondu le soir de la première à l’invitation qui lui était faite, partition jointe au programme, de se joindre au fameux Refrain du muguet ou à la Valse de Ciboulette, il a manifesté un enthousiasme au-delà de ces réserves sans gravité.
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Opéra Comique - Salle Favart, Paris Le 27/04/2015 Claude HELLEU |
| Reprise de Ciboulette de Reynaldo Hahn dans la mise en scène de Michel Fau sous la direction de Laurence Equilbey à l’Opéra Comique, Paris. | Reynaldo Hahn (1875-1947)
Ciboulette, opérette en trois actes
accentus
Orchestre de chambre de Paris
direction : Laurence Equilbey
mise en scène : Michel Fau
décors : Bernard Fau & Citronelle Dufay
costumes : David Belugou
éclairages : Joël Fabing
Avec :
Mélody Louledjian (Ciboulette), Tassis Christoyannis (Duparquet), Julien Behr (Antonin), Olivia Doray (Zénobie), Ronan Debois (Roger), Caroline Chassany (Françoise), Jean-Claude Sarragosse (Monsieur Grenu), Guillemette Laurens (Madame Grenu), Patrick Kabongo Mubenga (Victor), Jean-Yves Ravoux (Le Patron, Le Maire), Safir Behloul (Grisard), Thibault de Damas (Le Lieutenant), Andréa Ferréol (Madame Pingret), Michel Fau (la comtesse de Castiglione), Jérôme Deschamps (le Directeur d’Opéra). | |
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