altamusica
 
       aide
















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




CRITIQUES DE CONCERTS 29 mars 2024

Nouvelle production de Carmen de Bizet dans une mise en scène de Louis Désiré et sous la direction de Mikko Franck aux Chorégies d’Orange 2015.

Orange 2015 (1) :
Poker menteur

© Philippe Gromelle

Affiche prometteuse et mistral capricieux au programme de cette Carmen au Théâtre antique d'Orange. Don José de luxe, Jonas Kaufmann l'emporte sans coup férir sur un plateau moyen et une mise en scène assez besogneuse de Louis Désiré. Deux cartes majeures face au vent : Mikko Franck et le Philharmonique de Radio France.
 

Théâtre antique, Orange
Le 08/07/2015
David VERDIER
 



Les 3 dernières critiques de concert

  • Inspirations romantiques

  • Verdi sentimental

  • Perfection selon saint Jean

    [ Tous les concerts ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)




  • On le redoutait et il n'a pas manquĂ© Ă  se rĂ©putation : ce fichu mistral a bien failli emporter les partitions des musiciens et les espoirs que l'on pouvait lĂ©gitimement placer dans cette affiche orangeoise. Jouant habilement de la pince Ă  linge et de l'art de la tourne anticipĂ©e, Mikko Franck et ses troupes ont su faire oublier ce dĂ©sagrĂ©ment.

    Cette agitation exogène bouscule assez facétieusement la très confortable mise en scène de Louis Désiré, dont le principal mérite est d'avoir cherché à éloigner l’encombrante Espagne de carte postale qui pèse sur cette musique de Bizet. Pas de carte postale mais d'immenses cartes à jouer, jonchant pour seul décor la scène du Théâtre antique. Dès l'ouverture, on est fixé sur la lisibilité du symbole avec ce Don José perdu dans ses pensées en cherchant à lire dans son avenir. Nulle surprise donc, dans cette métaphore filée qui ira jusqu'à placer le meurtre de Carmen sur une dame de carreau et un as de pique.

    Que cherchaient les nombreux spectateurs qui ont sifflé cet honnête travail besogneux ? On frémit à l'idée de voir débarquer une pluie de mantilles et d'habits de lumière. Pour le reste, la scénographie souligne cette danse de l'amour et de la mort sur des nuances plutôt en blanc et noir. La Carmen de Kate Aldrich semble échappée d'un pensionnat rempli d'oies blanches tandis que le Don José de Jonas Kaufmann abandonne son habit d'officier pour une tenue de clubber décontracté. Difficile de percevoir ce corps-à-corps fatal qui fait monter en tension des scènes de séduction et d'affrontement. La jalousie mortifère se fait ici quasi banale, tout au plus convention de théâtre.

    L'intérêt se concentre sur ce que le ténor allemand sait offrir à un public venu l'écouter dans cet antique écrin. Difficile de prendre en défaut la capacité de Jonas Kaufmann à moduler un timbre entre sfumato et éclat, pour en tirer une émotion poignante. Pour un peu, on en oublierait presque ces vers de mirliton qui servent de livret au drame de Mérimée. Quand vient le célèbre La fleur que tu m'avais jetée, les 8300 spectateurs retiennent leur souffle pour mieux exulter leur joie sitôt éteint l'ultime réb apaisant.

    En comparaison, la Micaëla d'Inva Mula n'aura jamais semblée scéniquement aussi peu crédible. La soprano albanaise ne fait pas oublier la naïveté d'un rôle dont elle ne possède malheureusement ni la diction ni la justesse. Kate Aldrich n'est pas une Carmen incendiaire et fatale. Elle a le mérite de ne pas chercher à l'imposer par des artifices hors propos. Sa prestation ne démérite pas mais pleine à s'imposer face à un tel Don José.

    L'Escamillo de Kyle Ketelsen tire brillamment sa banderille du jeu et rejoint le brelan d'as masculins de cette soirée : Armando Noguera (Moralès), Florian Laconi (Le Remendado) et Olivier Grand (Le Dancaïre). La Frasquita piquante et espiègle d'Hélène Guilmette est également à placer au nombre des bonnes surprises de cette soirée. Déception en revanche pour des chœurs trop disparates pour pouvoir s'imposer avec l'impact et la précision qu'exige la redoutable machine vocale inventée pour eux par Georges Bizet.

    Mikko Franck fait ses débuts dans une production lyrique à la tête de « son » orchestre Philharmonique de Radio France. Sans jamais chercher à mettre en danger les musiciens par des effets intempestifs, il assure le succès de la soirée – ce qui est un moindre mal.




    Théâtre antique, Orange
    Le 08/07/2015
    David VERDIER

    Nouvelle production de Carmen de Bizet dans une mise en scène de Louis Désiré et sous la direction de Mikko Franck aux Chorégies d’Orange 2015.
    Georges Bizet (1838-1875)
    Carmen, opéra en trois actes (1875)
    Livret de Henri Meilhac & Ludovic Halévy d'après la nouvelle de Prosper Mérimée

    Chœurs des Opéras d’Angers-Nantes, du Grand Avignon et de Nice
    Maîtrise des Bouches-du-Rhône
    Orchestre philharmonique de Radio France
    direction : Mikko Franck
    mise en scène, décors et costumes : Louis Désiré
    Ă©clairages : Patrick MĂ©eĂĽs

    Avec :
    Kate Aldrich (Carmen), Jonas Kaufmann (Don José), Kyle Ketelsen (Escamillo), Inva Mula (Micaëla), Jean Teitgen (Zuniga), Marie Karall (Mercedes), Hélène Guilmette (Frasquita), Olivier Grand (Le Dancaïre), Florian Laconi (Remendado), Armando Noguera (Moralès).

     


      A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com