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CRITIQUES DE CONCERTS 19 avril 2024

Concert de l’Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction de Semyon Bychkov au festival de Salzbourg 2015.

Salzbourg 2015 (7) :
Bychkov prend de la hauteur

© Marco Borrelli

Ultime programme symphonique cet été à Salzbourg pour les Wiener Philharmoniker, qui continuent à célébrer les partitions qu’ils ont données en création, ce matin la Troisième Symphonie de Brahms, avant la rarissime Deuxième Symphonie de Franz Schmidt, défendues toutes deux par un Semyon Bychkov qu’on a rarement connu aussi souverain.
 

GroĂźes Festspielhaus, Salzburg
Le 30/08/2015
Yannick MILLON
 



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  • Poursuivant son exploration, reconduite l’étĂ© prochain, des partitions emblĂ©matiques de son histoire, soit qu’il en ait Ă©tĂ© le crĂ©ateur, soit qu’il ait jouĂ© un rĂ´le dans leur diffusion, le Philharmonique de Vienne referme son Ă©dition symphonique de Salzbourg 2015 avec une matinĂ©e d’orchestre oĂą Semyon Bychkov apparaĂ®t sous son meilleur jour.

    Véritable rareté, l’orchestre avait inclus la Deuxième Symphonie de Franz Schmidt à sa programmation thématique. La vie du compositeur, né à Pressbourg (l’actuelle Bratislava) en 1874, fut en effet étroitement liée à l’histoire de l’orchestre. Installé dans la capitale impériale à quatorze ans, défenseur de la ligne Wagner-Bruckner, Schmidt sera pendant une quinzaine d’années violoncelliste à l’Orchestre de l’Opéra impérial et au Philharmonique de Vienne, à l’époque où Mahler, qui le tenait en piètre estime, présidait à leurs destinées.

    Commencée en 1911, sa Deuxième Symphonie fut créée le 3 décembre 1913 par l’Orchestre du Konzertverein. Dès la saison suivante, devant le succès obtenu, les Wiener Philharmoniker inscrivent l’œuvre à leur répertoire. Sans comparaison avec l’éblouissante réussite de l’oratorio le Livre aux sept sceaux, la partition brasse allègrement les styles, évoquant surtout l’orchestre luxuriant d’un Richard Strauss, dont elle partage également une passion pour les modulations sophistiquées.

    Bychkov met un point d’honneur à refuser l’opulence tape-à-l’œil, clarifiant les lignes, tonifiant le langage harmonique, accordant la prééminence au rythme, aux changements soudains de climat dans cette partition à la croisée des chemins. Et s’il parvient à dominer le premier mouvement, avalant fanfares de cuivres et coups de gong, s’il donne ses lettres de noblesse au mouvement à variations central, y distillant un nuancier d’atmosphères sonores, il échoue à sauver du pompiérisme un Finale bavard et indigeste, n’en finissant pas de finir.

    Ce matin, c’est donc surtout dans la première partie que le maestro russe, qu’on a si souvent connu raide dans une fosse d’orchestre, a pris de la hauteur dans une Troisième Symphonie de Brahms d’une simplicité, d’une beauté formelle et d’un classicisme mélancolique à tirer des larmes. Contredisant un programme de salle s’efforçant de démontrer en quoi la partition est l’Héroïque de Brahms, Bychkov aplanit les conflits et refuse le romantisme brûlant, parfois torrentiel, que défendaient en leur temps un Wilhelm Furtwängler, un Hermann Abendrot.

    Avec une gestique d’une parfaite sobriété, sans indications parasites, décomposant a minima pour garantir la stabilité du tempo, il exalte la dimension mélodique, suggère le legato des cordes et la douceur bonhomme de la pâte sonore, faisant confiance à des musiciens chantant dans leur arbre généalogique, les Wiener ayant créé la symphonie le 2 décembre 1883 sous la baguette de Hans Richter.

    Loin de tout narcissisme, la musique coule sans fracas, dans des couleurs automnales uniques (trombones ambrés, cor merveilleux de nostalgie, chantant avec le même soutien qu’une voix humaine) et des tempi qui avancent, notamment dans l’Andante, sculpté à mains nues, comme pour déranger le moins possible ce moment de grâce – la conclusion, d’une tendresse lumineuse où plane la tenue immaculée de la première flûte.

    Plus actif dans un Finale où il reprendra la baguette, après un Poco allegretto au désespoir apaisé, presque souriant, Bychkov mène à son terme, avec des micro-suspensions extrêmement bien senties, une exécution souveraine, prouvant qu’avec les années, il a fini par prendre de la hauteur, ne donnant par le geste que le strict nécessaire, signe d’une maturité s’imposant avec évidence – le Nimrod d’Elgar sublime d’intériorité, de délicatesse donné en bis.




    GroĂźes Festspielhaus, Salzburg
    Le 30/08/2015
    Yannick MILLON

    Concert de l’Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction de Semyon Bychkov au festival de Salzbourg 2015.
    Johannes Brahms (1833-1897)
    Symphonie n° 3 en fa majeur op. 90
    Franz Schmidt (1874-1939)
    Symphonie n° 2 en mib majeur
    Wiener Philharmoniker
    direction : Semyon Bychkov

     


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