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CRITIQUES DE CONCERTS 23 avril 2024

Reprise d’Elektra de Richard Strauss dans la mise en scène d’August Everding, sous la direction de Kent Nagano à l’Opéra de Hambourg.

Elektra en lambeaux

Donnée dans la mise en scène créée en 1973 in loco puis à Paris l’année suivante sous Rolf Liebermann, l’Elektra de la Staatsoper de Hambourg ferait presque regretter une version de concert. C’est donc vers la distribution et surtout vers le nouveau directeur musical Kent Nagano que toute la concentration se tourne, captée par une lecture fluide et dégraissée.
 

Staatsoper, Hamburg
Le 10/10/2015
Vincent GUILLEMIN
 



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    August Everding étant décédé en 1999, concédons-lui le fait qu’il n’ait pu retoucher la dramaturgie, ni enlever cette chaîne d’esclaves montant en haut du temple flambeaux à la main, ni retravailler le jeu entre les apparitions à la fenêtre du premier étage du palais et celle par la porte centrale en bas, ou sur les côtés. Cette production ne prouve donc qu’une chose : bien loin d’être idéale, elle donnait à voir ce qu’attendait un public à une époque donnée, en s’inspirant de l’art de cette période, comme aujourd’hui les metteurs en scène s’inspirent du cinéma et de la série télé.

    Bien plus passionnante est la direction de Kent Nagano, directeur de la Staatsoper Hamburg depuis le début de cette saison. Il trouve le temps pour ce drame alors qu’il donnait hier les Troyens de Berlioz, et dirigera demain matin la Symphonie fantastique. Très lent, le motif d’Agamemnon qui ouvre Elektra laisse entendre un propos non axé sur un excès de nervosité ou de pression. Le geste toujours souple et sans rupture (la main droite continuant systématiquement la battue même lorsque la gauche s’arrête brutalement) transmet un lyrisme de la première à la dernière note de cette partition créée en 1909.

    Nagano protège sa distribution par un volume contenu et prend le temps de construire un climat sous-tendu dans une progression continue, lâchant ses climax lorsque les chanteurs se taisent et que l’orchestre peut enfin se déchaîner. L’entrée en scène de Clytemnestre ou sa mort sont de grands moments, tout comme la fin, très précise et tranchante, presque plus basée sur le contrepoint du tuba que sur les accords massifs des cordes et des cuivres.

    De la distribution, on regrette que Ricarda Merbeth (Chrysothémis) ne s’investisse pas autant qu’en juin dernier dans Hélène d’Égypte du même compositeur et que sa prestation ne reste qu’à un excellent niveau de répertoire. Elle prend même le risque d’interrompre trop tôt son ultime « Orest ! », laissant un vide de quelques secondes. Mihoko Fujimura pâtit au départ de son placement au premier étage, et convainc plus dans les graves profonds que dans un aigu plus fragile. Wilhelm Schwinghammer n’a pas encore la maturité et le charisme d’un René Pape, mais son Oreste est magnifique de gravité, et le fait de tuer en duo Égisthe (Robert Künzli, un peu court à l’aigu) en le faisant passer de son couteau à celui de son Ombre (Stanislav Sergeev) fonctionne à merveille.

    Quant à Elektra, elle surprend grâce à une Linda Watson vétérante du rôle et maintenant très concurrencée par Evelyn Herlitzius, Christine Goerke ou Iréne Theorin. La chanteuse n’élève plus autant la voix que sous Thielemann en 2008 et élargit donc moins le vibrato qu’on a pu lui reprocher. Tout juste regrettera-t-on quelques aigus tirés, mais son timbre plus noir que celui d’une Nina Stemme convient parfaitement au rôle, et sa diction permet de profiter de chaque mot d’Hofmannsthal. La magnifique héroïne mérite toujours sa place sur les plus grandes scènes ; ce soir dans une production qui a vu passer avant elle Astrid Varnay ou Birgit Nilsson.




    Staatsoper, Hamburg
    Le 10/10/2015
    Vincent GUILLEMIN


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