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CRITIQUES DE CONCERTS 13 octobre 2024

Reprise de Manon Lescaut de Puccini dans la mise en scène de Gilbert Deflo, sous la direction de Donald Runnicles, à la Deutsche Oper de Berlin.

Manon bouleversée
© Bettina Stöß

Après une douloureuse minute de silence pour les victimes des attentats de Paris, Donald Runnicles et son Orchester der Deutschen Oper Berlin livrent une Manon Lescaut dynamique au premier acte puis de plus en plus vibrante à mesure du drame. Les deux rôles principaux portent la soirée dans une mise en scène fade de Gilbert Deflo.
 

Deutsche Oper, Berlin
Le 14/11/2015
Vincent GUILLEMIN
 



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  • Le traumatisme du vendredi soir ne peut empĂŞcher de vivre, et c’est le cĹ“ur lourd qu’on prend un avion le samedi pour Berlin, en montrant son passeport Ă  la douane, puisque les frontières sont techniquement fermĂ©es. Dans ces conditions, le jugement sur une Manon Lescaut est forcĂ©ment biaisĂ©, surtout lorsqu’une fois dans la salle on souhaite oublier pour deux heures le reste du monde, et que le rideau s’ouvre sur le chef Donald Runnicles et tous les artistes annonçant une minute de silence pour Paris.

    Rideau fermé, la musique démarre, la vie reprend, l’amour aussi. L’orchestre n’est pas encore prêt, et il commence trop fort, trop dynamique. Comme la partition, il gagne en finesse dès l’entrée du II, puis le prélude du III devient larmoyant, clarinette et flûte faisant pleurer à chaque phrase.

    Le IV déchire, même si l’on est surpris par l’absence de silence et le legato pendant ces vingt dernières minutes. Les soli du violoncelle et du violon y sont très touchants, et c’est accroché au siège que l’on se plonge au Havre puis en Louisiane dans toute la seconde partie, peut-être aussi pour oublier, ou penser à autre chose qu’à l’horreur du moment.

    D’un classicisme assumé, la mise en scène de Gilbert Deflo était déjà vieille à sa création en 2004. Elle n’a pas même pas la poussière pour excuse et montre une continuité dans une lumière blanche, trop blafarde au dernier acte pour vraiment nous emporter dans le chagrin. La seule réussite est le III, où sans lui ressembler physiquement, un pont suspendu nous fait immédiatement penser au Pont des soupirs de Venise.

    Cette idée est vérifiée ensuite lorsqu’arrive une pirogue pour emporter les prostituées vers le Nouveau Monde. La scène fonctionne également dans sa dramaturgie grâce à ces dames arrivant chacune avec leurs problèmes et leur personnalité, tandis que le peuple de l’autre côté du fleuve leur lance des huées.

    Pour porter le drame, il faut se tourner vers les chanteurs, à commencer par la Manon de Sondra Radvanovsky. Sa puissance dans tous les airs et aux duos ainsi que ses aigus superbes de vaillance et de couleur en font une grande chanteuse du rôle, dont on pourra tout juste regretter une absence de pathos, à l’instar d’une Sutherland ou d’une Sills avant elle. Sa Manon est à l’opposé d’une Opolais aujourd’hui : elle a toutes les notes, mais si l’on ne s’y abandonne pas, on passe à côté de l’émotion.

    Le Des Grieux de Stefano La Colla lui répond brillamment, plus à l’aise qu’elle dans le trio du II, couvert à l’occasion, très émouvant dans le dernier duo. Pour compléter la distribution, Dalibor Jenis tient un excellent Sergent Lescaut, un peu cabot dans le style mais au timbre en parfaite adéquation avec les deux autres protagonistes. Un peu court d’aigu, Gideon Poppe (Edmondo) est supérieur à un Stephen Bronk (Géronte) absent, tandis qu’on apprécie le Sergent autoritaire de Derek Welton et le Maître de Ballet enjoué de Burkhard Ulrich. Le chœur est en place, mais comme souvent pour l’opéra italien en Allemagne, il manque de soleil.

    Malheureusement, il n’aura pas manqué de soleil qu’au chœur pour profiter complètement de cette soirée, mais malgré les séparations et la mort, il reste toujours l’amour et la vie.




    Deutsche Oper, Berlin
    Le 14/11/2015
    Vincent GUILLEMIN

    Reprise de Manon Lescaut de Puccini dans la mise en scène de Gilbert Deflo, sous la direction de Donald Runnicles, à la Deutsche Oper de Berlin.
    Giacomo Puccini (1858-1924)
    Manon Lescaut, drame lyrique en quatre actes,
    Livret d’après le roman de l’Abbé Prévost

    Chor der Deutschen Oper Berlin
    Orchester der Deutschen Oper Berlin
    direction : Donald Runnicles
    mise en scène : Gilbert Deflo
    décors, costumes : William Orlandi
    preparation des chœurs : William Spaulding

    Avec :
    Sondra Radvanovsky (Manon Lescault), Dalibor Jenis (Sergent Lescaut), Stefano La Colla (Des Grieux), Stephen Bronk (Géronte), Gideon Poppe (Edmondo), Burkhard Ulrich (Maître de Ballet), Derek Welton (Sergent).

     


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