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CRITIQUES DE CONCERTS 19 avril 2024

Casse-Noisette de Tchaïkovski par l’Orchestre de Paris sous la direction de Jonathan Darlington à la Philharmonie de Paris.

Ballet sans danseurs

S’il est régulièrement joué par les plus grands ballets et au concert dans sa suite pour orchestre, l’intégralité de Casse-Noisette est rarement donnée en version exclusivement concertante. C’est pourtant l’occasion d’y découvrir la force symphonique de cette musique, sans autre distraction visuelle que le chef et l’orchestre.
 

Philharmonie, Paris
Le 27/11/2015
Vincent GUILLEMIN
 



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    Particulièrement célèbre, cette musique est vite considérée comme un divertissement bourgeois, là où elle cache en réalité bien plus. D’abord par la période de composition (1891), seulement deux ans avant la mort du maître russe, déjà empli des émotions qu’il délivrera dans la Cinquième et la terrible Sixième Symphonie. Ensuite par la demande de couplage de l’œuvre avec Iolanta, dernier opéra du compositeur, loin d’être aussi radieux d’apparence. Enfin par l’histoire, un conte beaucoup moins primaire qu’il n’y paraît.

    Derrière un Noël d’enfant, un enchantement de personnages inanimés, puis un rêve de prince charmant s’achève un rêve par un retour au salon, seul en pleine nuit, où se cache en réalité un condensé des sujets fétiches de Tchaïkovski. Successivement la joie, la déception, l’angoisse, et au final la nostalgie et l’incertitude, mais avec toujours ce bonheur d’avoir vécu.

    Neeme Järvi annoncé souffrant, il est remplacé par Jonathan Darlington, arrivé à temps pour préparer lui-même l’orchestre. Avec une précision rythmique et une gestique limpide, parfois dansante selon les thèmes abordés, le chef entraîne un orchestre clair aux couleurs luxueuses, notamment dans sa petite harmonie (première clarinette et piccolo en tête), ses magnifiques harpes et les soli du premier violoncelle.

    L’Ouverture et les premiers morceaux sont joués avec légèreté, mais déjà l’Entrée de Drosselmeyer cache un certain risque, qu’on découvre aux cordes graves puis aux percussions à la Scène de Gross-Vater. Le Départ des invités puis la Nuit sont traités dans une approche de poème symphonique, Jonathan Darlington prenant le temps de construire une atmosphère obscure qui n’est pas sans rappeler celles d’un Richard Strauss ou d’un Sibelius quelques années plus tard, lorsqu’ils traiteront le coucher du soleil.

    Les percussions s’en donnent à cœur joie et à minuit, le coucou prend toute la place sur la scène sonore d’une Philharmonie totalement conquise, d’où ressortent tout juste les accords magiques du piccolo. Puis l’enchantement débute, particulièrement bien appuyé par les enfants dans la Valse des flocons, superbement préparés par Lionel Sow et très en phase avec un chef qui doit pour l’occasion reporter son attention des cordes vers le chœur. Cette deuxième scène finit un peu trop en force, et au retour d’entracte, le II démarre lui aussi avec des cordes trop massives dans le Palais de Confiturenbourg et pendant la danse de Clara et du Prince.

    Il faut attendre le premier divertimento (Danse espagnole) pour retrouver plus de virtuosité, puis un déroulé de thèmes plus magiques les uns que les autres. La Valse finale prouve une dernière fois que le chef anglais a compris tout l’enjeu de cette partition, car à l’inverse de tant de ses confrères qui repartent ici à toute vitesse dans le thème d’ouverture, lui reprend une dernière fois son temps, celui de Tchaïkovski, celui d’avoir vibré, d’avoir aimé, d’avoir tremblé mais d’avoir vécu.




    Philharmonie, Paris
    Le 27/11/2015
    Vincent GUILLEMIN

    Casse-Noisette de Tchaïkovski par l’Orchestre de Paris sous la direction de Jonathan Darlington à la Philharmonie de Paris.
    Piotr Illitch TchaĂŻkovski (1840-1893)
    Casse-Noisette, ballet en deux actes op. 71
    Chœur d’enfants de l’Orchestre de Paris
    préparation des chœurs : Lionel Sow
    Orchestre de Paris
    direction : Jonathan Darlington

     


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