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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 octobre 2024 |
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Zubin Mehta dirige l’Orchestre de Paris à la Philharmonie dans un programme Brahms avec le pianiste Rudolf Buchbinder en soliste.
La simplicité d’un maître
L’une des plus grandes figures de la direction d’orchestre, Zubin Metha, est venue célébrer Brahms à la tête d’un Orchestre de Paris très brillant. Une leçon de direction équilibrée, d’une fascinante exactitude stylistique. L’excellent Rudolf Buchbinder remplaçait Daniel Barenboïm souffrant pour le Premier Concerto pour piano.
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Zubin Mehta reste, même si l’expression est galvaudée, l’un des ultimes représentants d’une génération de chefs qui a fait rêver toute une génération. À bientôt quatre-vingts ans, le chef indien est plus que jamais l’une de ces figures que l’on qualifie volontiers de charismatiques, car il a su élargir sa notoriété au-delà du simple monde musicale par des actions assez fracassantes comme ce concert de 1999 réunissant pour la Symphonie Résurrection de Mahler près du camp de Buchenwald l’Orchestre de l’Opéra de Bavière et le Philharmonique d’Israël. Un personnage d’une stature impressionnante, longuement applaudi, d’ailleurs, dès son entrée dans la vaste arène de la Philharmonie de Paris.
Remplaçant Daniel Barenboïm initialement annoncé mais souffrant, Rudolf Buchbinder, lui aussi grande personnalité du monde musical et pianistique en particulier, aborde le Premier Concerto de Brahms en pleine conscience, semble-t-il bien, que s’il s’agit là d’une grande page romantique, c’est aussi l’œuvre d’un jeune compositeur de vingt et un ans. Avec beaucoup d’habileté artistique et une grande clairvoyance, il va allier générosité d’expression et élans émotionnels à une parfaite maîtrise de l‘expression qui ne s’envole jamais vers des excès de contrastes dans les couleurs ni dans la dynamique.
Tout est clair, bien pesé, convaincant, avec un toucher d’une fermeté riche et jamais brutale, tout est idéalement cadré, avec une volonté de ne pas laisser partir l’émotion hors de contrôle. Cela donne une leçon de rigueur à tous qui se laissent souvent emporter par ces pages extrêmement populaires et donc souvent jouées. Du coup, Mehta se cantonnerait presqu’à un rôle de parfait accompagnateur, cherchant plus un consensus avec le soliste qu’une lecture vraiment à lui du concerto, toutes proportions gardée, bien sûr.
Le grand Mehta, c’est avec la Première Symphonie qu’on le retrouve pleinement. Suivi par un Orchestre de Paris d’une qualité magnifique, il bâtit l’œuvre avec une science qui fascine, mais aussi avec une manière de faire naître l’émotion par l’élan général qu’il sait donner à un thème et à son développement. C’est de la musique qui avance toujours, soudain traversée par les magnifiques interventions de tel ou tel pupitre mis en exergue, comme celles de la petite harmonie d’une vraie splendeur de son et d’une expressivité qui touche.
C’est un Brahms profondément germanique mais avec une lumière très particulière, celle d’un siècle qui n’en est plus à ses premiers états d’âme, qui a déjà beaucoup vécu, mais qui est quand même en marche vers des modes d’expression encore en plus riches, encore plus amples. Une grande impression de vie, de mouvement, dans des structures limpides, trouvant leur équilibre par de savants contrastes de tous ordres qui se fondent en une vivante homogénéité.
Une grande leçon d’analyse et de direction pour un orchestre de toute beauté.
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Philharmonie, Paris Le 11/12/2015 Gérard MANNONI |
| Zubin Mehta dirige l’Orchestre de Paris à la Philharmonie dans un programme Brahms avec le pianiste Rudolf Buchbinder en soliste. | Johannes Brahms (1833-1897)
Concerto pour pano n° 1 en ré mineur op. 15
Rudolf Buchbinder, piano
Symphonie n° 1 en ut mineur op. 68
Orchestre de Paris
direction : Zubin Mehta | |
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