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CRITIQUES DE CONCERTS 28 mars 2024

Reprise de Werther de Massenet dans la mise en scène de Benoît Jacquot et sous la direction de Giacomo Sagripanti à l’Opéra de Paris.

Entre l'Allemagne et l'Italie
© Emilie Brouchon

Alors qu’en 2009, l’OpĂ©ra de Paris avait dĂ» emprunter une production Ă  Munich pour faire entendre Rolando VillazĂłn dans Werther, la capitale profite depuis 2010 du classicisme de celle de BenoĂ®t Jacquot pour dĂ©couvrir de nouvelles impressions. AxĂ©e sur le duo Beczała-Garanča, l’attention bascule aussi rĂ©gulièrement vers le chef Giacomo Sagripanti.
 

Opéra Bastille, Paris
Le 26/01/2016
Vincent GUILLEMIN
 



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  • En janvier 2014, GĂ©rard Mannoni Ă©crivait qu’il Ă©tait superflu de comparer Roberto Alagna Ă  Jonas Kaufmann quatre ans plus tĂ´t, tant les deux avaient leurs qualitĂ©s propres. Deux annĂ©es plus tard, cette remarque est encore plus vraie pour cette seconde reprise du Werther de BenoĂ®t Jacquot Ă  l’OpĂ©ra Bastille, car en plus d’un cast totalement renouvelĂ©, le chef Alain Lombard prĂ©vu pour succĂ©der Ă  Michel Plasson est lui aussi remplacĂ©, au profit d’un jeune Italien. Et si Giacomo Sagripanti a entendu son aĂ®nĂ© français les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, il n’en a rien gardĂ©.

    À l’inverse de l’éclat et des multiples couleurs de Plasson, il attaque dès l’ouverture l’opéra de Massenet en regard des ouvrages français post-wagnériens composés à la même époque – le Roi Arthus de Chausson ou la Symphonie en ré mineur de Franck – et nous rappelle au passage qu’en pleine composition, à l’été 1886, Massenet était à Bayreuth pour Parsifal. L’orchestre gagne donc en noirceur et en concentration ce qu’il perd en clarté ; il laisse de côté les moments faibles des actes I et II et manque de vibration à la mort du héros, mais devient profondément impactant face à la solitude du suicidaire au III, puis dans la transition symphonique entre les deux derniers actes, ainsi que dans la transposition de l’accord de Tristan au IV.

    Ce que la fosse perd en lumière pour se tourner vers les froides plaines de Goethe, le chant le transpose avec un Werther nettement plus solaire que Jonas Kaufmann, malheureusement sans le mĂŞme niveau de français. Sans ĂŞtre toujours aidĂ© par le volume de l’orchestre, Piotr Beczała est sincère scĂ©niquement et vocalement, et s’il ne semble pas comprendre tout ce qu’il dit Ă  son arrivĂ©e, le tĂ©nor polonais est touchant dans l’air de la lettre et jusqu’à sa mort. Elina Garanča aurait tout pour elle Ă©galement s’il ne lui manquait aussi la diction. Le timbre superbe est assistĂ© d’une puissance qui dĂ©passe toutes les autres masses sonores, et sa simple prĂ©sence irradie immĂ©diatement le plateau.

    Le reste de la distribution a le français pour lui. Le Bailli de Paul Gay est joyeux, Stéphane Degout et Elena Tsallagova chantent encore au I leur Pelléas et Mélisande respectifs de février dernier sur la même scène, pour gagner en lyrisme et en naturel ensuite. Pauline Texier intervient trop peu pour que l’on profite assez de cette si jolie voix, et les deux compères Schmidt (Rodolphe Briand) et Johann (Lionel Lhote) donnent envie de les accompagner à boire dans leur Semper Vivat.

    Pour le reste, nous savons déjà tout de cette production, où tout semble fait pour la caméra, des décors plats mais superbes de Charles Edwards rappelant au III les intérieurs des peintures germaniques du XVIIe siècle à cette chambre et ce lit déjà vu sur toutes les scènes du monde depuis la création viennoise de l’œuvre en 1892. Mais après tout, nous n’étions pas là pour réfléchir, mais bien pour vibrer.




    Opéra Bastille, Paris
    Le 26/01/2016
    Vincent GUILLEMIN

    Reprise de Werther de Massenet dans la mise en scène de Benoît Jacquot et sous la direction de Giacomo Sagripanti à l’Opéra de Paris.
    Jules Massenet (1842-1912)
    Werther, drame lyrique en quatre actes et cinq tableaux
    Livret d’Édouard Blau, Paul Milliet et Georges Hartmann, d’après Goethe

    Chœurs et Orchestre de l’Opéra national de Paris
    direction : Giacomo Sagripanti
    mise en scène : Benoît Jacquot
    décors : Charles Edwards
    costumes : Christian Gasc
    éclairages : André Diot

    Avec :
    Piotr Beczała (Werther), StĂ©phane Degout (Albert), Paul Gay (Le Bailli), Rodolphe Briand (Schmidt), Lionel Lhote (Johann), Elina Garanča (Charlotte), Elena Tsallagova (Sophie), Piotr Kumon (BrĂĽhlmann), Pauline Texier (Kätchen).

     


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