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CRITIQUES DE CONCERTS |
14 octobre 2024 |
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Récital du ténor Bryan Hymel dans la série des Grandes Voix au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Une voix de héros
Le ténor américain Bryan Hymel, connu pour avoir remplacé Jonas Kaufmann dans des rôles lourds, pour avoir aussi alterné avec lui à l’Opéra national de Paris dans la Damnation de Faust, et attendu maintenant dans la Traviata, a prouvé dans ce récital des Grandes Voix, son aisance dans la vaillance plus que dans le charme.
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Une première partie toute italienne et la deuxième toute française, Bryan Hymel annonce d’emblée sa vocation à parcourir un répertoire largement ouvert. Il a aussi le mérite de nous rappeler certaines pages d’opéra français, bien oubliées, faute, certainement, de voix comme la sienne.
C’est un très beau chanteur, aux moyens d’une facilité qui impressionne sur toute la tessiture, par la puissance naturelle d’une voix dont le timbre, sans être positivement beau, est d’une richesse qui s’impose toujours aux côtés de l’orchestre. Aucune trace de fatigue non plus, après un programme chargé et partagé à plusieurs reprise avec la ravissante soprano grecque Irina Kyriakidou, jolie voix musicale fort bien menée.
Questa e quella de Rigoletto, Recondita armonia de Tosca, air de Rodolfo, suivi par celui de Mimi chanté par Irina Kyriakidou et duo final du I de la Bohème, tout cela est chanté avec aisance, facilité, sans vraiment séduire, mais quand arrive Mamma, quel vino e generoso de Cavalleria rusticana, on se rend compte que le ténor entre enfin dans le répertoire qui est vraiment le sien. Grande voix qui se déploie avec Turiddu dans toute son ampleur et sa richesse, et à laquelle manquait dans les airs précédents, le charme d’une ligne plus subtile, plus malléable, malgré l’éclat impressionnant des aigus et une générosité d’émission enviable.
Cette impression est largement confirmée par les airs français de la seconde moitié du concert. D’emblée, Ah, lève toi soleil du Roméo et Juliette de Gounod, puis Esprit, gardien de ces lieux vénérés du très rare Sigurd de Reyer et Ne pouvant réprimer les élans de la foi de Jean dans Hérodiade de Massenet, montrent que l’on a avec Hymel celui qui pourrait remettre à l’honneur bien des pages disparues de notre répertoire.
Sigurd et Jean en particulier, sont impressionnant de vaillance, d’impact, sans nuire à la musicalité, même, si une fois encore, le timbre n’est pas exceptionnel par nature. Mais c’est un chant qui n’est pas si fréquent aujourd’hui dans le monde de l’Opéra., d’autant que la diction française est excellente.
Don José est l’un des rôles qui ont fait la célébrité d’Hymel de par le monde. Tout s’achève donc par le duo du I de Carmen avec Micaela et par La fleur que tu m’avais jetée, qui déchaîne une nouvelle fois l’enthousiasme du public, non sans raisons. Mimi, puis Micaela, Irina Kyriakydou, n’est pas écrasée par pareil partenaire grâce à la clarté d’une voix très bien projetée et qui ne cherche jamais inutilement à le surpasser en puissance.
Notons aussi que le PKF-Prague Philharmonia, en charge non seulement de l’accompagnement mais des nombreux extraits orchestraux italiens et français du programme qui ponctuent la soirée, est lui aussi toujours intelligemment musical dans tous les styles et présent avec de belles couleurs, sous la baguette de Paolo Bressan.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 17/02/2016 Gérard MANNONI |
| Récital du ténor Bryan Hymel dans la série des Grandes Voix au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Verdi, Puccini, Mascagni, Gounod, Saint-Saëns, Massenet, Reyer, Bizet
Bryan Hymel, ténor
Irina Kyriakidou, soprano
PKF-Prague Philharmonia
direction : Paolo Bressan | |
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