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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 octobre 2024 |
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Récital de Luis Fernando Pérez dans la série l’Âme du piano à la salle Gaveau, Paris.
Granados en vedette
Le pianiste espagnol Luis Fernando Pérez, dont les passages en France semblent devenir réguliers, a mis en valeur les Goyescas de Granados, monument pianistique en marge du répertoire courant. Une interprétation grandiose, plus convaincante que celle des pages de Chopin et Debussy jouées en première partie de ce récital à la salle Gaveau.
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De Piano aux Jacobins et de la Roque d’Anthéron à la salle Gaveau, en passant par l’Auditorium du Louvre et la publication des Goyescas chez Mirare, Luis Fernando Pérez s’est finalement affirmé en France aussi comme une personnalité majeure du monde pianistique actuel. Mais a-t-il eu raison de faire précéder sa magistrale interprétation desdites Goyescas salle Gaveau par une première partie consacrée à Chopin et Debussy ?
La Première Ballade de Chopin et l’Isle joyeuse de Debussy furent certes jouées avec éclat, les contrastes et les emportements de la ballade parfois marqués d’un rubato exagérés ne gâtant pas une vision globale puissante et les couleurs rutilantes et même ruisselantes de l’Isle joyeuse bénéficiant d’un toucher très habile. Les trois nocturnes s’intercalant entre ces pages eurent malheureusement plus de mal à s’affirmer, le pianiste restant dans une sorte de no man’s land émotionnel sans parvenir à créer un climat bien défini.
Nous étions quand même un peu sur notre faim lorsque Pérez, pour débuter la deuxième partie de la soirée consacrée aux Goyescas, en fit une présentation détaillée dans un excellent français, révélant n’en doutons pas à une bonne partie de l’auditoire les secrets de ces pages complexes, d’une extrême difficulté d’exécution non seulement pour leur technique mais aussi pour la richesse de leur contenu anecdotique puisque, inspirée par l’univers fort des peintures de Goya, la suite pour piano créée en 1911 devint en 1915 un opéra.
Des sept pièces qui la composent, certaines ont acquis une célébrité individuelle comme la Jeune fille et le rossignol, la première chantant pour le second qui lui répond, symbole de l’amour total, ou l’Amour et la mort, qui inspira en 1955 un ballet à Ana Ricarda pour la compagnie du Marquis de Cuevas. Les Goyescas sont des pages puissantes, très hautes en couleur, très riches en sentiments extrêmes, sensuelles, illustrant souvent de façon figurative ce qu’elles expriment, comme le chant du rossignol où la mort et ses mystères. C’est un univers contrasté entre ombres et lumières, comme celui de Goya.
Luis Fernando Perez a su en rendre les multiples aspects dans toute leur variété et toute leur profondeur. Des sonorités amples, un toucher passant avec dextérité de la puissance à la légèreté, une technique somptueuse dominant les immenses difficultés de l’écriture de Granados. Une heure de grande musique généreuse, de très beau piano à la fois sensible et intelligent, par un interprète de premier plan ici bien chez lui, mais que l’on sait également impressionnant dans d’autres répertoires.
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Salle Gaveau, Paris Le 14/03/2016 GĂ©rard MANNONI |
| Récital de Luis Fernando Pérez dans la série l’Âme du piano à la salle Gaveau, Paris. | Frédéric Chopin (1810-1849)
Nocturne en ut# mineur op. posthume
Ballade n° 1 en sol mineur op. 23
Nocturne en ut# mineur op. 27 n° 1
Nocturne en réb majeur op. 27 n° 2
Claude Debussy (1862-1918)
L’Isle joyeuse
Enrique Granados (1867-1916)
Goyescas
Luis Fernando PĂ©rez, piano | |
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