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CRITIQUES DE CONCERTS 18 avril 2024

Nouvelle production d’I Due Foscari de Verdi dans une mise en scène d’Alvis Hermanis et sous la direction de Michele Mariotti au Teatro alla Scala, Milan.

Les deux ténors
© Teatro alla Scala

Dans la continuité de son ouverture de saison, la Scala continue sa mise en avant des œuvres de jeunesse de Verdi avec I Due Foscari. Plácido Domingo laisse toujours rêveur face à un Francesco Meli plus fatigué qu’en décembre, sous la direction pleine de tradition italienne de Michele Mariotti, dans une mise en scène d’un total classicisme d’Alvis Hermanis.
 

Teatro alla Scala, Milano
Le 12/03/2016
Vincent GUILLEMIN
 



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  • ComposĂ© pour Rome en 1844 et apparu dès l’annĂ©e suivante Ă  Milan, I Due Foscari reste considĂ©rĂ© comme un opĂ©ra expĂ©rimental dans lequel Verdi teste de nouvelles formes qui l’amèneront vers Macbeth dès 1847. Disparue de la Scala en 1858, l’œuvre n’y retourne que cent vingt ans plus tard sous la direction de Riccardo Chailly ; elle y est depuis proposĂ©e en moyenne tous les huit ans.

    Malgré une partition discutable par rapport aux futurs chefs-d’œuvre de Verdi, le livret de Francesco Maria Piave d’après Lord Byron permet une justesse d’action dans la confrontation de trois hommes et trouve à nouveau son intérêt aujourd’hui pour les programmateurs ; on a vu dernièrement plusieurs propositions, comme à Londres en 2014, où déjà Domingo répondait à Meli. Sur la scène scaligère, le baryton espagnol a gagné en grave et fascine toujours par sa technique verdienne et sa présence scénique, masquant un âge où beaucoup de ténors sont déjà loin des planches. Il triomphe encore une fois dans le rôle assez peu éprouvant du Doge vénitien, avant de parcourir le monde dès avril pour reprendre celui du Doge génois dans Simon Boccanegra.

    Habitué à répondre à Domingo tant en Foscari qu’en Manrico, Francesco Meli demeure le ténor verdien le plus complet actuellement, même si un léger voile semble montrer une fatigue passagère au I, bien contrebalancée par l’aria au début du suivant. Troisième rôle principal et certainement le plus éprouvant de l’ouvrage, Milan découvre cette saison Anna Pirozzi en Lucrezia, soprano triomphante dans Norma ou Lady Macbeth depuis quelques années à Bologne et Naples.

    Après Linda Roark-Strummer en 1988, Dimitra Theodossiou en 2003 et Manon Feubel en 2009, espérons que la carrière d’Anna Pirozzi sera plus dynamique que celle de ses devancières et que cette prestation en demi-teinte ne sera pas sa dernière sur la plus grande scène d’Italie. Aux bravos très chaleureux de cette cinquième représentation, elle affiche un soulagement qui semble conforter l’idée qu’elle a débuté stressée, et l’on sait qu’elle a fortement été huée à la première. Le souffle contrôlé et la mezza-voce intéressent, mais un léger trémolo altère systématiquement la ligne de chant dans les piani, et le timbre n’est pas toujours beau dans l’aigu. La pleine voix semble plus facile et la chanteuse se démarque lors des ensembles, où elle dépasse jusqu’à l’orchestre.

    Le reste de la distribution fait surtout ressortir la gravité chaleureuse du Loredano d’Andrea Concetti et l’apparition bien timbrée de la soprano Chiara Isotton dans le rôle de Pisana. Le ténor Eduardo Milletti (Barbarigo) est un peu court dans le haut-médium, tandis qu’Azer Rza-Zade (Fante) et Till von Orlowsky (Un serviteur) tienne leurs courts rôles avec justesse. Impérieux, le chœur de la Scala débute un peu faiblement et ne trouve totalement vie qu’au dernier acte.

    Toujours aussi subtil et aussi coloré dans les bois, l’Orchestre du Teatro alla Scala est magnifié par le célèbre solo de clarinette et le jeu de la première flûte. La direction de Michele Mariotti montre la continuité d’un style purement italien qui manque encore parfois de finesse et de personnalité, mais stimule les portés des cordes et dynamise la partition en accélérant les fins de phrases.

    Enfin, la mise en scène d’Alvis Hermanis aurait plu aux hueurs parisiens de la Damnation de Faust, tant elle n’apporte rien de nouveau par son classicisme bien trop consensuel, simple mise en image de gravures et tableaux vĂ©nitiens appliquĂ©s sur un dĂ©cor de toiles grâce aux vidĂ©os d’Ineta Sipunova, dans une dramaturgie simple mais efficace d’Olivier Lexa, et des costumes de Kristīne Jurjāne liĂ©s Ă  l’époque de l’action (1457).

    On pourra douter de son apport par rapport à la précédente de 2009 ou à celle de Convent Garden de 2014, même si ce travail de patine est plus agréable à l’œil. De toute façon, personne aujourd’hui dans la salle n’était là pour le metteur en scène, mais plutôt pour entendre encore Plácido Domingo dans cet écrin où il triomphe depuis plus de quarante ans.




    Teatro alla Scala, Milano
    Le 12/03/2016
    Vincent GUILLEMIN

    Nouvelle production d’I Due Foscari de Verdi dans une mise en scène d’Alvis Hermanis et sous la direction de Michele Mariotti au Teatro alla Scala, Milan.
    Giuseppe Verdi (1813-1883)
    I Due Foscari, tragédie lyrique en trois actes
    Livret de Francesco Maria Piave

    Coro al Teatro alla Scala
    Orchestra del Teatro alla Scala
    direction : Michele Mariotti
    mise en scène & décors : Alvis Hermanis
    costumes : Kristīne Jurjāne
    Ă©clairages : Gleb Filshtinsky
    chorégraphie : Alla Sigalova
    vidéos : Ineta Sipunova

    Avec :
    Plácido Domingo (Francesco Foscari), Francesco Meli (Jacopo Foscari), Anna Pirozzi (Lucrezia Contarini), Andrea Concetti (Jacopo Loredano), Edoardo Milletti (Barbarigo), Chiara Isotton (Pisana), Azer Rza-Zade (Foot soldier), Till Von Orlowsky (Servant).

     


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