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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Macbeth de Verdi dans une mise en scène d’Olivier Py et sous la direction d’Erik Nielsen au Theater de Bâle.
Alchimie verdienne
Avec leur vocabulaire scénique habituel, Olivier Py et Pierre-André Weitz réussissent au Théâtre Bâle un Macbeth de Verdi percutant et extrêmement virtuose en menant une distribution impeccable vers des sommets, le tout soutenu par la baguette tendue et dramatique du nouveau directeur maison Erik Nielsen. Une grande soirée.
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S’il peut être lassant de retrouver les mêmes éléments de décor d’une production à l’autre d’Olivier Py et Pierre-André Weitz (noir dominant, structures métalliques mobiles, arbres blancs, baignoire, néons, plateau tournant), il faut bien avouer que quand une telle esthétique colle au sujet, la réussite peut être totale. Nous n’en sommes pas loin avec ce remarquable Macbeth proposé par le Theater de Bâle qui accueille pour la première fois un Olivier Py très inspiré par cette histoire morbide autour du pouvoir.
On retrouve donc sur la vaste scène bâloise les structures métalliques à trois niveaux se déplaçant et se déformant au fur et à mesure des tours de plateau, offrant une scénographie extrêmement impressionnante, notamment pour la scène du banquet, ce qui colle parfaitement à la raison de Macbeth qui s’égare.
Il en sera de même pour la scène des apparitions avec les sorcières où des arbres blancs figurent une inquiétante forêt – mais pourquoi diable ne pas les avoir réutilisés à la fin de l’ouvrage où c’est une forêt vivante qui cerne Macbeth ? La force des images est souvent saisissante et accompagne merveilleusement la musique, l’une des qualités majeures de Py, toujours à l’écoute de la partition et servant ses chanteurs.
Si certains ajouts sont très bien vus (Macbeth devenant dictateur, dont la statue finit par être renversée par la foule) et très forts (la femme et les enfants morts de Macduff se relevant et étreignant leur mari/père), d’autres encombrent inutilement l’action (le meurtre de Duncan dans sa baignoire, le cadavre de celui-ci errant dans les tableaux suivants) comme si le metteur en scène ne faisait pas suffisamment confiance à la dramaturgie de l’ouvrage.
Pourtant, celle-ci est remarquablement servie par une distribution impeccable et de superbes chœurs, tous tenus fermement par la baguette très dramatique d’Erik Nielsen, le nouveau directeur musical de la maison (ce qui laisse augurer de fort belles soirées) à la tête d’un très bel orchestre où l’on remarque de nouveau un excellent timbalier aussi percutant que fin et musical.
Distribution impeccable, notamment du couple maudit. Elle, Katia Pellegrino, stupéfiante Lady Macbeth, ne faisant qu’une bouchée du rôle et dont la prouesse est d’être aussi à l’aise dans les parties belcantistes (vocalises très nettes) que dans les moments plus dramatiques où sa voix puissante et son énergie stupéfient. Lui, Vladislav Sulimsky, arrive à s’imposer sans peine en Macbeth grâce à une authentique voix de baryton Verdi et une incarnation intense. Les autres rôles masculins ne sont pas en reste, tant le Banco de Callum Thorpe, au timbre somptueux, que le Macduff de Demos Flemotomos, insufflant beaucoup d’émotion dans son aria.
Grande soirée donc avec une superbe production en parfaite adéquation avec le sujet. On ne peut que féliciter le Théâtre de Bâle d’avoir réussi une si merveilleuse alchimie !
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Theater, Basel Le 05/06/2016 Pierre-Emmanuel LEPHAY |
| Nouvelle production de Macbeth de Verdi dans une mise en scène d’Olivier Py et sous la direction d’Erik Nielsen au Theater de Bâle. | Giuseppe Verdi (1813-1901)
Macbeth, opéra en quatre actes
Livret de Francesco Maria Piave d’après Shakespeare
Chor des Theater Basel
Sinfonieorchester Basel
direction : Erik Nielsen
mise en scène : Olivier Py
décors et costumes : Pierre-André Weitz
Ă©clairages : Bertrand Killy
préparation des chœurs : Henryk Polus
Avec :
Vladislav Sulimsky (Macbeth), Katia Pellegrino (Lady Macbeth), Callum Thorpe (Banco), Demos Flemotomos (Macduff), Agata Wilewska (la Comtesse, camériste de Lady Macbeth), Markus Nykänen (Malcolm), Andrew Murphy (le médecin), Vivian Zetta (le serviteur de Macbeth). | |
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