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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Septième Symphonie de Mahler par les Berliner Philharmoniker sous la direction de Sir Simon Rattle au festival de Salzbourg 2016.
Salzbourg 2016 (7) :
La machine infernale
Cinq ans jour pour jour après une prestation remarquée, Rattle remet la Septième de Mahler sur le métier avec ses Berliner à Salzbourg, dans une approche qui laisse transparaître un changement de cap vis-à -vis de la formation dont il est le patron depuis 2002, et pour deux années encore. Une exécution passionnante de bout en bout, et un orchestre absolument transcendant.
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Chaque été, le détour salzbourgeois des Berliner Philharmoniker sonne l’heure de la rentrée et la fin toute proche d’un festival toujours riche en prestations d’orchestres invités. En 2011 déjà , pour le centenaire de la mort de Mahler, Sir Simon et la plus prestigieuse des formations symphoniques s’étaient distingués dans la Septième Symphonie, la plus ardue et déroutante, la plus moderne probablement et la plus problématique quant à la signification de son Finale.
Loin de simplement rééditer une approche qui nous avait enthousiasmé, le chef britannique laisse transparaître la fin prochaine de son mandat de seize années à la tête des Berliner par une manière non plus de plier le son de l’orchestre à sa conception, mais de penser d’abord à produire un grand concert comme le ferait un chef invité. Plutôt que de jouer aux effets de loupe arbitraires et à un amincissement forcené, Rattle s’adapte ici à la personnalité propre de l’orchestre, comme un Boulez savait si bien le faire.
Ces Berliner qu’il a tant cherché à dégraisser, le maestro frisotté se coule dans leur tradition d’un tapis de cordes massif et charnu, aux attaques profondes et à la longueur d’archet issue d’un autre temps, sans rogner pour autant sur ses prérogatives purement musicales (le rubato parfait des deux Nachtmusik). Nommé depuis peu au London Symphony, formation moins typée, plus polyvalente, le sujet de Her Majesty paraît désormais moins cambré sur ses tics, plus porté sur le dialogue.
Et si leur précédente Septième était déjà une magnifique expérience sonore, on sent ce soir davantage d’engagement physique, sans doute aussi moins de finesse dans le détail (Schattenhaft) dans cette lecture plus symphonique, moins analytique. Signe révélateur, les interventions naguère ciselées et mises en avant de la guitare et de la mandoline se fondent plus au milieu des timbres, et les modes de jeu de la timbale se cantonnent à des baguettes souples, dans une conception où le geste global prime sur le détail.
Et quel jeu d’ensemble chez ces Berliner exceptionnels de présence, de massivité ne mettant jamais en péril la dynamique ! Un jeu de cordes aussi puissamment articulé, des archets aussi engagés de tout le corps (l’Allegro risoluto du Langsam initial), une telle ampleur dans les crescendi, des coups de cymbale aussi éclatants, un tel mélange de brillant et d’assise laissent pantois. Il n’y a qu’à voir la manière dont se démènent des contrebasses colossales, électrisantes dans le Finale, pour comprendre que l’on est face à une machine infernale, qui se surpasse ce soir dans ce Mahler dense et noir.
Pour mieux illustrer l’opposition lumière-ténèbres, Rattle avait fait précéder la Septième, sans entracte mais avec un court changement de plateau, d’une lecture scintillante, jamais agressive, de la version originale pour quinze instruments d’Éclat de Boulez, d’une pureté de diamant, exaltant la filiation du maître français, versant lumineux, avec les noirceurs de la Seconde École de Vienne, par le biais des sonorités mahlériennes prisées par Webern (mandoline, guitare), et la présence émouvante de l’une des filles du regretté Karlheinz Stockhausen, Majella, à la partie de piano.
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GroĂźes Festspielhaus, Salzburg Le 28/08/2016 Yannick MILLON |
| Septième Symphonie de Mahler par les Berliner Philharmoniker sous la direction de Sir Simon Rattle au festival de Salzbourg 2016. | Pierre Boulez (1925-2016)
Éclat, pour quinze instrumentistes
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 7 en mi mineur
Berliner Philharmoniker
direction : Sir Simon Rattle | |
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