altamusica
 
       aide
















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




CRITIQUES DE CONCERTS 19 avril 2024

Deuxième concert du cycle Mozart-Bruckner par la Staatskapelle Berlin sous la direction de Daniel Barenboïm à la Philharmonie de Paris.

Les fantĂ´mes de Bruckner
© A. du Parc

Pour ce deuxième soir aux côtés de Daniel Barenboïm à la Philharmonie, l’orchestre a eu le temps de se reposer et gagne en netteté. Moins fébrile que la veille, le chef-pianiste gère plus sagement l’ultime concerto de Mozart, avant de faire exploser l’ensemble de la Staatskapelle Berlin dans une Cinquième de Bruckner sans mystique ni subtilité.
 

Philharmonie, Paris
Le 03/09/2016
Vincent GUILLEMIN
 



Les 3 dernières critiques de concert

  • Messiaen en antichambre

  • MĂ©dĂ©e au music-hall

  • Vies de hĂ©ros

    [ Tous les concerts ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)




  • Le dernier concerto pour piano de Mozart permet comme au premier concert d’entendre une Staatskapelle Berlin en formation rĂ©duite, proposant avec un parfait classicisme de superbes sonoritĂ©s aux bois et aux cordes. Daniel BarenboĂŻm semble plus apaisĂ© et son touchĂ© s’en ressent. Les cadences des deux mouvements rapides sont cette fois parfaitement exĂ©cutĂ©es, mĂŞme si la première n’est pas de la plus belle composition et fait regretter l’absence d’une version autographe de la part du gĂ©nie de Salzbourg.

    Si le jeu a perdu en fébrilité ce qu’il a gagné en netteté, c’est au détriment de la vitalité, car bien que tout le concerto soit parfaitement exécuté, une sensation d’ennui gagne le Larghetto et s’accentue dans l’Allegro conclusif, où les cors précis et les bois clairs – la flûte – ne suffisent jamais à développer toute la dynamique de cette pétillante partition.

    Au retour d’entracte, la Staatskapelle réapparait à cent musiciens pour s’attaquer à la plus complexe des partitions de Bruckner, une Cinquième Symphonie découverte pour la première fois en live à Paris en 1969 avec Eugen Jochum, puis portée cette dernière décennie par Herbert Blomstedt, Claudio Abbado ou Paavo Järvi.

    Barenboïm y prend le parti de la densité plutôt que de la légèreté, au risque de tomber dans deux pièges. Adhérant à l’idée des apôtres de Franz Schalk, il double les timbales et tous les cuivres, passant de quatre à huit cors, de trois à six trombones et trompettes, et d’un à deux tubas. Cela ne doit servir qu’au dernier mouvement, afin de donner une ampleur et une élévation au choral conclusif, mais les huit cors sont utilisés dès l’Adagio et les six trompettes à l’occasion des deux mouvements suivants.

    À ces ajouts de cuivres, le chef choisit également de massifier les bois : flûtes, clarinettes, hautbois et bassons passent donc à quatre, tandis que les cordes restent dans un effectif quasi normal, où l’équilibre des seize premiers violons ne penche jamais à leur avantage lorsque les vents jouent en groupe.

    La force de l’ensemble ne se ressent donc pas qu’au Finale, mais dès l’Adagio introductif ; à mesure que la symphonie avance, le volume sonore se renforce pour ne plus jamais baisser à partir du Scherzo. Cette pression orchestrale ne propose aucun chemin de préparation des trois premiers mouvements vers l’explosion terminale, remettant en cause le message que cherche à faire passer le chef, qui déstructure au passage l’harmonie du dernier mouvement par la mise en avant de certaines parties secondaires.

    À ce premier problème s’ajoute une passion pour le Bruckner de Furtwängler. Car comme Thielemann, Barenboïm est fasciné par son aîné, et c’est lorsqu’il tente de le copier qu’il devient le moins intéressant. Pour preuve, les premiers pizz introductifs cèdent vite la place à un accelerando soudain à l’entrée de la fanfare, avant un silence très allongé quelques instants plus tard, juste avant l’énoncé du premier thème, exactement comme chez le grand maître allemand.

    À défaut d’entendre Dieu, on n’entend donc ce soir plus que des fantômes, malgré un orchestre berlinois déployant à chaque phrase une beauté de timbres à se damner, tout particulièrement chez la flûte déjà remarquée, ou avec le premier cor, absolument parfaits de bout en bout.




    Philharmonie, Paris
    Le 03/09/2016
    Vincent GUILLEMIN

    Deuxième concert du cycle Mozart-Bruckner par la Staatskapelle Berlin sous la direction de Daniel Barenboïm à la Philharmonie de Paris.
    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Concerto pour piano n° 27 en sib majeur KV 595
    Anton Bruckner (1824-1896)
    Symphonie n° 5 en sib majeur
    Staatskapelle Berlin
    piano & direction : Daniel BarenboĂŻm

     


      A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com