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CRITIQUES DE CONCERTS 27 avril 2024

Concert des Berliner Philharmoniker sous la direction de Daniele Gatti Ă  la Philharmonie de Berlin.

Vents et marées
© Pablo Faccinetto

Maintenant invité chaque saison par les Berliner Philharmoniker, Daniele Gatti propose pour ce concert de septembre un programme éclectique avec des œuvres d’Honegger, Dutilleux et Debussy. Métaboles et la Mer intéressent par les propositions et la maîtrise du chef italien, mais le choc provient avant tout de la première pièce, une Symphonie Liturgique extrêmement forte.
 

Philharmonie, Berlin
Le 24/09/2016
Vincent GUILLEMIN
 



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  • Totalement consacrĂ© Ă  des ouvrages symphoniques, le concert dĂ©bute par l’exĂ©cution de la difficile Symphonie Liturgique d’Arthur Honegger, crĂ©Ă©e en 1946 Ă  ZĂĽrich par Charles Munch et jouĂ©e dès l’annĂ©e suivante par les Berliner Philharmoniker sous la direction de Sergiu Celibidache. La Troisième du compositeur bĂ©nĂ©ficia d’un regain d’intĂ©rĂŞt grâce Ă  l’enregistrement d’Herbert von Karajan en 1969, et s’il fallait une rĂ©fĂ©rence pour Ă©voquer le choc des premiers accords ce soir Ă  la Philharmonie de Berlin sous la direction de Daniele Gatti, on pense forcĂ©ment Ă  celle-ci, ainsi qu’à la tension permanente d’Evgeni Mravinski et de son orchestre russe.

    Dès l’introduction du Dies irae, la pression est telle que l’on ressent immédiatement la puissance émotionnelle de cette partition écrite au sortir de la guerre. Les premiers violons concentrés par la gestique très nette du chef italien supportent sans jamais saturer la charge exercée, tout comme les explosions des cuivres n’arriveront pas non plus à saturation dans Dona nobis pacem malgré leur force et le volume sonore imposé sans concession par Gatti. Les cordes graves, contrebasses en tête, contribuent également à maintenir l’atmosphère de gravité demandée.

    Au centre, De Profondis clamavi apporte le calme des grands adagios de Chostakovich après les déflagrations des parties encadrantes. La première flûte de Mathieu Dufour et le piccolo se découvrent alors et participent à magnifier le lyrisme de ces pages, tenu de superbe manière par le chef tout au long du mouvement. On retrouve cette même sérénité dans les tout derniers instants de la symphonie, laissant planer les solos du piccolo encore, du violoncelle et du premier violon Daniel Stabrawa, puis l’auditeur après les dernières notes.

    Les Métaboles de Dutilleux jouées ensuite avaient été données par Gatti fin août dans la tournée de rentrée du Concertgebouw d’Amsterdam. Son approche n’a pas changé, mais le foisonnement identifié à Salzbourg parmi les couleurs d’un orchestre clair sonne durci et plus analytique avec la formation allemande. Les Berliner étant capables de comprendre la moindre demande d’un chef et de la rendre avec la plus infime précision, ils créent aussi le risque d’emmener ses idées trop loin, piège dans lequel tombe encore leur directeur Simon Rattle, pourtant présent depuis maintenant quinze ans à leur tête.

    Enfin, la Mer de Claude Debussy dégage sous l’influence de l’Italien ses relents les plus modernes, dans la continuité des propositions de Boulez. Le lyrisme du triptyque n’apparaît qu’après la lente construction sonore des premières minutes ; il faut passer l’aube et attendre midi et le passage Très rythmé pour ressentir la puissance des effluves marins du premier tableau. Jeu de vague laisse ressortir ensuite tous les wagnérismes de la partition, notamment aux magnifiques bois et harpes de la coda.

    Dialogue du vent et de mer trouve là encore des sonorités beaucoup plus ancrées dans le XXe siècle que dans l’imaginaire légèreté à laquelle doit s’accrocher la musique française. Du plus bel orchestre au monde ressortent alors le cornet à pistons, tenu par le français Guillaume Jehl (un ancien du National), et le groupe de cors, en plus du hautbois remarquable depuis le début du concert. Le premier crescendo de cette partie et l’impressionnant tumulte final montre encore une fois la maîtrise d’orchestre sans faille du chef milanais, qui a définitivement pris une autre dimension ces dernières années.




    Philharmonie, Berlin
    Le 24/09/2016
    Vincent GUILLEMIN

    Concert des Berliner Philharmoniker sous la direction de Daniele Gatti Ă  la Philharmonie de Berlin.
    Arthur Honegger (1892-1955)
    Symphonie n° 3 « Liturgique Â» H.186
    Henri Dutilleux (1916-2013)
    MĂ©taboles
    Claude Debussy (1862-1918)
    La Mer, trois esquisses symphoniques pour orchestre
    Berliner Philharmoniker
    direction : Daniele Gatti

     


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