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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Concert du Secession Orchestra sous la direction de Clément Mao-Takacs, avec la participation de la mezzo Marion Lebègue à la Fondation Singer-Polignac, Paris.
Les timbres réinventés
En résidence depuis 2014 à la fondation Singer-Polignac, le Secession Orchestra et son directeur musical Clément Mao-Takacs proposent une saison de concerts alternatifs à ceux des grandes salles parisiennes, où des œuvres de tous compositeurs sont arrangées ou réorchestrées intelligemment pour la formation de chambre.
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Le thème du concert, la Nature est un temple, tiré d’un poème de Baudelaire, permet au chef de la soirée d’organiser un programme où se suivent sans problème Debussy, Bartók, Mahler ou Wagner. Le Prélude à l’après-midi d’un faune ouvre la danse, tellement bien arrangé qu’on à peine à croire qu’il n’y a que quinze musiciens sur scène et que cette pièce a été composée pour un ensemble beaucoup plus fourni. La flûte d’abord légèrement tremblante laisse ensuite la place aux superbes interventions de la clarinette.
Puis des pièces courtes de Sibelius et Bartók donnent un caractère rural au salon pourtant bourgeois de la rue de l’avenue Georges Mandel, lieu dans lequel a été crée l’Amour sorcier de De Falla, dont sera joué en dernière partie et en bis un extrait, la Danse rituelle du feu. Pour le côté floral, on trouvera Blumine, ce mouvement médian supprimé par Mahler de la Symphonie Titan. Ici les parfums, les couleurs et les sons se répondent sans cacher déjà l’approche de Mao-Takacs, celle d’un Mahler intellectuel et jamais naïf, à l’opposé de la proposition d’un Mikko Franck récemment à Paris.
Plus que dans l’art aguerri de l’arrangement, c’est dans l’orchestration que le jeune Français se démarque, d’abord avec les pièces n° 3 & 4 des Sechs kleine Stücke op. 19 de Schönberg, et surtout avec l’Isle joyeuse de Debussy, qui malgré un léger effet cacophonique à la fin montre la capacité du chef à transcrire parfaitement l’univers du Debussy pianiste vers celui du symphoniste. Caplet n’a pas fait mieux il y a un siècle avec les Children’s Corner.
Urlicht, tiré de la Symphonie Résurrection de Mahler, bénéficie de la magnifique voix de mezzo de Marion Lebègue, bientôt sur la scène marseillaise dans Anna Bolena. La diction est impeccable et la voix parfaitement pure, douce comme celle du hautbois, impressionnant pendant toute cette partie et plus encore ensuite lors de l’Enchantement du Vendredi saint de Parsifal.
On sent là l’excellence des musiciens du Secession Orchestra, qui doivent tenir pendant plus d’une heure non seulement les soli mais aussi toutes les parties, puisqu’ils sont souvent un par pupitre ; mais aussi la limite de l’arrangement dans une œuvre qui pour trouver l’éther mérite certainement plus de cordes. Un détail dans une soirée de grande qualité, avec un orchestre et un chef qu’il faudra réécouter rapidement !
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Fondation Singer-Polignac, Paris Le 13/10/2016 Vincent GUILLEMIN |
| Concert du Secession Orchestra sous la direction de Clément Mao-Takacs, avec la participation de la mezzo Marion Lebègue à la Fondation Singer-Polignac, Paris. | Debussy, Sibelius, Bartók, Mahler, Schönberg, Dett, Wagner et De Falla arrangées ou orchestrées pour orchestre de chambre par Clément Mao-Takacs
Marion Lebègue, mezzo-soprano
Secession Orchestra
direction : Clément Mao-Takacs | |
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