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CRITIQUES DE CONCERTS |
08 février 2025 |
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Concert Haydn du Quatuor Hagen à l’Auditorium du Louvre, Paris.
Double perfection
Lukas, Clemens, Veronika Hagen, frères et sœur unis pour le meilleur de leurs archets avec Rainer Schmidt, répondent toujours avec le même bonheur à l’attente d’un public enthousiaste. À l’Auditorium du Louvre, c’est à trois quatuors de Haydn qu’ils se sont consacrés avec une même perfection.
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La beauté du son saisit l’écoute. Ce violoncelle solo, suivi de l’alto solo, auquel s’unit le second violon, puis le premier violon… sur les quatre instruments faits par Antonio Stradivarius, le quatuor Paganini, prêtés par la Nippon Music Foundation, le Quatuor Hagen entre en scène avec le Quatuor à cordes en sol majeur op. 76 n° 1 de Haydn.
Conquête immédiate de l’espace. Sous la tenue des archets, la clarté des phrasés, le classicisme de cette musique impose d’emblée sa richesse. Chants et contrechants, registres graves et aigus se mêlent, s’opposent et se répondent. Questions, suspense, changements d’humeur, l’expressivité des réparties, la calme autorité des échanges enchante tout naturellement. Le premier de la dernière série de six quatuors composée par Haydn à l’apogée de sa créativité nous emmène tout naturellement dans son univers.
Où nous évoluerons avec le troisième et le cinquième quatuors de ce magnifique opus 76. Si les quatre archets atteignent une perfection fusionnelle, notamment dans les profondeurs des mouvements lents, peu à peu se précisent les présences. Les cordes graves prolongent le mystère de couleurs magnifiques, violoncelle telle une voix humaine particulièrement accordée à celle de l’alto. Celle du premier violon, plus resserrée sur ses accents, n’a pas la même ampleur. Les personnalités ne s’en accordent pas moins pour pénétrer les épisodes de cette musique pure et les élever.
Ainsi subjugue le climat Poco adagio cantabile du Quatuor n° 3, dit « l’Empereur », parce que hymne impérial autrichien inspiré à Haydn en 1797 pour l’anniversaire de François II. Rien n’échappe de la subtilité d’harmonies changeantes autour d’un thème immuable. Un sentiment de grandeur en monte, sereinement. Entre le crescendo des rythmes pointés du mouvement précédent et la vitalité du Finale, l’adhésion des interprètes aux variantes et variations expressives du quatuor est parfaite.
Sans risque, aussi. On peut regretter un grain de folie ici ou là , un fortissimo plus dramatique. Le romantisme en germe pourrait se montrer parfois moins sage. Cet horizon révélé toujours superbe, nous en jouissons dans un bonheur sans surprise. Qu’importe à l’écoute de l’op. 76 n° 5. Décision et enjouement alternent leur sobre énergie dans l’irrésistible Allegretto pour nous ravir dans ses climats mouvants. Avant que l’engagement fusionnel des Hagen rejoigne l’intensité de cet autre mouvement lent, fascinant, qu’est le célèbre Largo cantabile e mesto et nous offre un moment d’une rare ampleur portée au comble de son émotion. Il fallait la vitalité du Finale pour nous remonter de ses profondeurs, des élans galvanisés bien venus à l’enthousiasme contagieux.
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Auditorium du Louvre, Paris Le 19/10/2016 Claude HELLEU |
 | Concert Haydn du Quatuor Hagen à l’Auditorium du Louvre, Paris. | Joseph Haydn (1732-1809)
Quatuor à cordes en sol majeur opus 76 n° 1 Hob.III.75
Quatuor à cordes en do majeur opus 76 n° 3 Hob.III.77
Quatuor à cordes en ré majeur opus 76 n° 5 Hob.III.79
Hagen Quartett
Lukas Hagen, violon I
Rainer Schmidt, violon II
Veronika Hagen, alto
Clemens Hagen, violoncelle |  |
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